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Jobs act Italie

La loi Travail n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle fait partie d’une offensive générale des classes dirigeantes européennes contre l’ensemble des conquêtes sociales du mouvement ouvrier. A ce titre, le « Jobs Act » italien est souvent cité en exemple par les politiciens bourgeois. Cette loi précarisant le marché du travail italien fut adoptée en mars 2015 par le gouvernement de Matteo Renzi, malgré un grand mouvement de lutte. Quelles leçons le mouvement ouvrier français peut-il en tirer ?

Propagande

Lorsqu’ils abordent ce sujet, en France, les grands médias reprennent simplement la propagande de Renzi. En détruisant les « protections archaïques » des salariés, le Jobs Act aurait libéré l’optimisme des patrons, qui auraient davantage embauché. D’où une baisse du chômage. Par ailleurs, le recrutement en CDI serait devenu la norme, moyennant une exonération fiscale pour les patrons et, surtout, un nouveau contrat à « garanties croissantes ». Plus le salarié accumule de l’expérience dans la même entreprise, moins il risque de se faire licencier. « Merci patron ! »

Dans les faits, les « garanties croissantes » sont une fable, car le Jobs Act a légalisé la liberté quasi totale de licencier. Renzi a supprimé l’article 18 du Statut des Travailleurs, qui les protégeait contre les licenciements abusifs. L’obligation de réintégrer le salarié en cas de « licenciement pour discrimination » est désormais remplacée par une faible indemnisation fixée à l’avance (ce qui rappelle les mesures de la loi Travail sur les indemnités prud’homales). Et dans le même temps, les contrats précaires se développent massivement, Renzi ayant annulé « l’obligation de justification » pour leur non-renouvellement.

Un « modèle de réussite » – pour qui ?

Le « miracle » du Jobs Act n’existe que dans les discours de la bourgeoisie. Depuis janvier 2016, la création d’emplois est presque nulle. Selon les chiffres officiels, il y a eu 106 697 nouveaux CDI en janvier 2016, soit 39,5 % de moins qu’en janvier 2015. C’est lié au fait que le Jobs Act prévoyait une exonération totale des impôts pendant une période limitée. Or cette période est terminée. Cette exonération est désormais limitée à 40 % – et ce pendant deux ans.

Derrière la propagande se cachent les habituels cadeaux fiscaux pour les capitalistes, qui viennent s’ajouter aux privatisations de ce qui reste de l’industrie d’Etat et de la poste italienne. C’est un transfert direct des ressources publiques dans les poches de parasites richissimes. En 2015, la croissance des investissements est restée bloquée à 0,2 % du PIB. Le capitalisme italien connaît la même crise de surproduction que partout ailleurs. La dette publique italienne, qui continue d’augmenter, est à 130 % du PIB. C’est une véritable bombe à retardement.

Renzi et Hollande sont d’accord sur la « solution » : les gouvernements doivent offrir à leurs maîtres capitalistes une formidable arme de chantage à l’emploi, pour faire accepter bas salaires et mauvaises conditions de travail. Le véritable objectif des Jobs Act et autres « lois Travail » est donc de soumettre complètement les travailleurs au pouvoir absolu du patron dans l’entreprise, où tout est subordonné aux besoins de la production et des profits, y compris la vie personnelle de l’employé. Cela passe notamment par la mise au pas des syndicats et par la seule négociation individuelle avec l’employeur. La répression syndicale explose en Italie comme en France.

Quelle réponse ?

En 2014, de grandes mobilisations de 24 heures ont été organisées contre le Jobs Act par la CGIL, principale confédération syndicale du pays. Mais une fois sa capacité de mobilisation démontrée, la direction de la CGIL a cherché à « revenir à la table des négociations ». Or Renzi et les capitalistes ne voulaient rien « négocier » de sérieux. Ils voulaient le Jobs Act – et ils l’ont eu. Comme l’expliquaient nos camarades italiens de Rivoluzione à l’époque, seule une stratégie de mobilisation croissante, vers une grève générale et reconductible, si nécessaire, aurait permis de repousser cette contre-réforme. Mais les dirigeants de la CGIL s’y refusaient de toutes leurs forces. En France, nous sommes confrontés à la même problématique. Tirons les leçons de l’expérience italienne !

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