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La propagande anti-musulmane se poursuit inlassablement, en France, souvent au nom de la « défense de la laïcité ». L’hystérie médiatique est certes moindre qu’au lendemain des attentats de 2015. Mais les politiciens de droite et autres commentateurs médiatiques continuent d’exploiter les faits divers ou les événements internationaux pour poser le « problème de la laïcité et de l’islam ». Dernières pistes étudiées par le gouvernement : interdire le port du voile aux étudiantes et aux mères qui accompagnent leurs enfants en sortie scolaire. Les « valeurs républicaines » seraient ici menacées : vite, une loi !

Racisme

Le lien automatique établi entre l’islam, le « communautarisme » et l’immigration souligne qu’il s’agit bien d’une campagne raciste visant à formater « l’opinion publique ». Le but est évident : diviser – en l’occurrence, les travailleurs – pour mieux régner.

Ce racisme se pare volontiers de couleurs progressistes, comme lorsqu’il se réclame de la défense des droits des femmes. Les féministes bourgeoises exploitent bruyamment des agressions sexuelles pour pointer du doigt « la culture misogyne musulmane » qui serait importée par les immigrés ou leurs descendants – oubliant au passage que les violences sexuelles relèvent en grande partie de la sphère domestique, toutes « cultures » confondues.

Quant aux « défenseurs de la laïcité » bourgeois, ils étalent sans complexe leur flagrante hypocrisie. Par exemple, le nouveau dirigeant des Républicains, Laurent Wauquiez, s’est fait le chantre à la fois d’une « laïcité intransigeante » et de la tradition chrétienne des crèches de Noël dans les écoles publiques.

Cette laïcité à géométrie variable convient à un certain électorat petit-bourgeois que la crise angoisse. Mais le mouvement ouvrier doit s’affranchir de toute concession à la classe dirigeante, sur ce sujet. A gauche, les défenseurs d’une « laïcité plus stricte » et s’attaquant à « toutes les religions » jouent un rôle négatif. Leur athéisme militant est abstrait. Dans le contexte d’une campagne raciste permanente contre les musulmans, cela revient à aider la classe dirigeante à détourner l’attention des conséquences dramatiques de sa politique d’austérité sur les plans économique et social.

Un combat progressiste ?

Historiquement, le combat laïc a été porté en France par la bourgeoisie progressiste, depuis l’époque des Lumières et la Révolution française de 1789. Il s’agissait d’une lutte radicale de cette classe, alors ascendante, pour s’affranchir du pouvoir économique – et donc politique et culturel – de l’Eglise catholique. Celle-ci était un pilier de l’Ancien Régime. Même après la perte de ses propriétés foncières pendant la Révolution, l’Eglise est restée un puissant bastion de la réaction. La célèbre loi de séparation des Eglises et de l’Etat, en 1905, a constitué l’aboutissement de cette lutte historique, qui a relégué l’Eglise catholique à un rôle politique secondaire en France.

Initialement, les marxistes ont apporté un soutien critique à cette lutte, tant qu’elle avait un caractère progressiste. Mais en 1905, la bourgeoisie avait déjà eu le temps de passer elle-même dans le camp de la réaction, dans le monde entier. En France, les années 1900 sont celles du développement des luttes et des organisations du mouvement ouvrier. La bourgeoisie au pouvoir, sous la IIIe République, s’est alors efforcée de détourner l’attention des questions sociales – et d’obtenir le ralliement du mouvement ouvrier à son mot d’ordre : « le cléricalisme, voilà l’ennemi ! ». C’était une forme comme une autre « d’unité nationale », qu’il fallait rejeter.

De nombreux travailleurs sont croyants, en France, et l’exploitation capitaliste, la misère et l’oppression alimentent ce phénomène. Comme l’expliquait Lénine en 1905 : « Il serait absurde de croire que, dans une société fondée sur l’oppression sans bornes et l’abrutissement des masses ouvrières, les préjugés religieux puissent être dissipés par la seule propagande ». L’appel à un combat commun avec leur exploiteur ne risque pas davantage de les attirer. « L’ennemi » véritable reste le même : c’est la bourgeoisie, cléricale ou non.

Contre toute division !

Le marxisme est une explication matérialiste – et donc, athée – du monde. Et nous nous battons pour une véritable laïcité, qui dans les faits n’existe pas complètement, en France, comme le montre le financement public d’écoles privées catholiques. Mais en 1905 comme aujourd’hui, le rôle des révolutionnaires est avant tout d’éclairer les motivations de la classe dirigeante et de dénoncer l’instrumentalisation de la laïcité à des fins de division de notre classe.

Les organisations du mouvement ouvrier doivent rejeter l’unité nationale promue par la bourgeoisie derrière la prétendue « défense de la laïcité ». Elles doivent aussi combattre les inégalités sociales et les crimes impérialistes inhérents à ce système en faillite. Il faut mobiliser toutes les couches de travailleurs, quelles que soient leurs origines, religions, etc., pour une révolution socialiste. Une société sans exploitation reste la seule perspective crédible pour mettre fin à l’oppression religieuse.

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