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Révolution arabe

Le tumulte révolutionnaire, de l’autre côté de la Méditerranée, est de très mauvais augure pour les impérialistes – y compris pour l’impérialisme français. Les grandes puissances misaient sur les dictatures pour terroriser les masses et garantir ainsi la rentabilité de leurs investissements. Pour la classe dirigeante française, les conséquences de ces révolutions sont particulièrement graves. Depuis des décennies, la position mondiale du capitalisme français ne cesse de reculer. Les révolutions en Tunisie, en Egypte, la guerre civile en Libye et l’instabilité croissante en Algérie et au Maroc ne peuvent qu’accélérer ce déclin.

Mais la révolution arabe n’a pas seulement fragilisé le capitalisme français sur les plans économique et diplomatique. Elle l’atteint jusque dans ses fondements, par son impact sur la conscience politique des travailleurs français. La révolution a rempli de fierté des millions de jeunes et de travailleurs d’origine maghrébine. Cette jeunesse que Sarkozy et Hortefeux méprisent et couvrent d’injures, qui habite des quartiers promis au « karcher » par le Président – cette jeunesse s’enthousiasme pour ces révolutions qui balaient des oppresseurs haïs. L’idée d’une révolution est dans toutes les têtes. Compte tenu de la dégradation constante de la situation économique et sociale, en France, il ne faudra peut-être pas attendre longtemps avant que l’esprit de révolte ne trouve une expression dans la rue.

Ceci est d’autant plus vrai que les ministres et autres porte-parole du capitalisme n’ont d’autre choix que de faire semblant d’accueillir favorablement les révolutions qui leur portent atteinte. L’adoption d’une attitude hostile les desservirait encore plus. Il leur faut sauver ce qui peut l’être. Mais alors, s’il faut soutenir – ne serait- ce qu’en paroles – une révolte contre l’injustice et l’oppression en Tunisie ou en Egypte, n’y a-t-il pas le risque d’en encourager une ici, en France ? Ça y est. Le branle est donné aux esprits. En même temps qu’elle fragilise l’assise économique du capitalisme français, la révolution arabe exalte les âmes. On se familiarise avec l’idée de révolution. Le mot « insurgés » est partout accepté, jusque dans la bouche de ceux pour qui ces insurrections sont une catastrophe qu’ils ont voulu prévenir en armant les dictateurs jusqu’aux dents !

Maintenant que la jeunesse d’origine maghrébine est galvanisée par les idées révolutionnaires, voilà que Sarkozy, à des fins électorales, s’apprête à lancer une nouvelle campagne de propagande raciste sur le thème de l’Islam – et à multiplier les provocations à l’égard des « immigrés » ! Décidément, Sarkozy est un très fin stratège !

Tout ceci ne signifie pas que la révolution française est pour demain. Mais le mouvement insurrectionnel, dans les pays arabes, ne peut que hâter son avènement. Non pas que la révolution arabe déposera les germes de la révolution en France. C’est plutôt qu’elle aidera à éclore ceux qui y sont déjà. Le capitalisme est devenu un obstacle au progrès social. L’économie stagne. Les finances publiques sont massivement déficitaires. Le gouvernement a sauvé les banques – mises à mal par leurs propres spéculations – avec de l’argent qu’il n’avait pas. Et maintenant, il essaie d’éponger la dette en pillant la société. Le gouvernement s’attaque à nos hôpitaux, nos écoles, nos crèches, nos services publics, notre sécurité sociale et nos retraites pour récupérer l’argent versé aux banques.

Toute cette arène de spéculateurs qui courent à la fortune et, au passage, infligent aux travailleurs délocalisations et fermetures ; toutes ces machinations des gens d’affaires, avec leurs pots de vin, leurs trafics d’influence, leurs ministres protégés – qu’offrent-ils au reste de la société, à part des larmes et des sacrifices ? La France est dirigée par une classe qui détruit et, en détruisant, s’enrichit. Elle ne conduit pas la société. Elle lui livre bataille.

Lorsque, six mois après des mobilisations massives pour la défense des retraites, des magistrats organisent une grève générale contre le gouvernement, lorsque des diplomates et des ambassadeurs dénoncent l’amateurisme et l’impulsivité du Président, on a là des symptômes frappants d’un ordre social en bout de course.

De terribles colères s’accumulent. Il faut les mettre au service de projets gigantesques. L’enthousiasme, le courage et le dévouement révolutionnaires des peuples arabes nous montrent la voie. En France aussi, il existe un esprit révolutionnaire. Il s’est endormi quelques temps, mais son réveil est proche. Nous aurons, nous aussi, nos Places Tahrir. Nous aurons, nous aussi, notre révolution !

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