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Les travailleurs de Royal Mail (La Poste britannique) ont lancé un puissant mouvement de grève contre la privatisation du service, contre une baisse des rémunérations et contre la dégradation des conditions de travail. Mark Dolan, représentant syndical de la Communications Workers Union (CWU) pour le secteur Londres-Nord, a expliqué les enjeux de la grève : « Les grands médias répandent l’idée que nous serions en grève contre la modernisation. Ceci n’est qu’un leurre. Le fait est que si vous commandez des marchandises sur internet, elles seront quasiment toujours transportées par Royal Mail. On n’est pas contre la modernisation. Nous nous battons pour que la modernisation fournisse un excellent service aux usagers et pour que le personnel ait des conditions de travail et des salaires corrects.

« La motivation principale de la direction de Royal Mail n’est autre que la destruction des syndicats sur les lieux de travail, afin de faciliter la privatisation de l’industrie postale, au nom du profit. Le syndicat constitue l’obstacle principal, sur cette voie. L’attaque contre les travailleurs est une attaque politique, orchestrée par le gouvernement. On le voit clairement, à tous les niveaux. Les directeurs actuels de Royal Mail sont incompétents. Ils ne sont pas dignes de la place qu’ils occupent. Personne ne sait gérer et diriger un bon service postal mieux que les travailleurs eux-mêmes. »

Mervin Reader, responsable CWU pour le secteur Londres-Est, nous explique que le syndicat a lancé le mouvement « parce que la direction de Royal Mail organise une dégradation du service. Ils veulent privatiser l’industrie et faire plus de profit, par l’augmentation des prix, par la baisse des salaires et une réduction de la qualité du service aux usagers. Nous défendons nos conditions de travail. Actuellement, nos tarifs sont parmi les moins chers, en Europe, et le service est efficace. Mais la direction a amputé 1,5 million de livres au budget du service, malgré un bénéfice net de 320 millions de livres, en 2008.

« En ce qui concerne mon secteur, la direction a produit des chiffres selon lesquels il y aurait une baisse de 10% du volume en lettres ordinaires, et de 4% en colis. Ces chiffres sont discutables. Mais en tout cas, la direction a supprimé 55 emplois, soit 20% des effectifs. Elle ne tient pas compte du fait qu’une livraison à une adresse donnée prend pratiquement le même temps, indépendamment du nombre de lettres. La direction de Royal Mail, au niveau national, affiche un mépris total pour les travailleurs. Le gouvernement nous méprise, lui aussi. Tout ce qui les intéresse, c’est le profit. Ils s’en foutent du service rendu au public. Les usagers veulent un bon service à des tarifs raisonnables. Ils ne veulent pas de la concurrence. »

La grève a été massivement suivie. Parmi les nombreux témoignages, relevons celui de Darrell Cozens, membre du Parti Travailliste de Coventry, qui passait devant un piquet de grève, dans sa localité : « J’ai assisté à un piquet de grève de la CWU, cet après-midi [23 octobre], devant le centre de tri de Bishop Street. Le représentant syndical m’a dit que la grève était très solide. Entre 800 et 900 travailleurs ont arrêté le travail, et seuls quelques intérimaires n’ont pas voulu suivre le mouvement. Le public est très solidaire, également. Un piquet de grève de 20 à 30 travailleurs avait été mis en place à six heures du matin. Ils changent d’équipe toutes les six heures et maintiennent le piquet jusqu’à 22 heures, pour s’assurer que personne ne rentre dans les locaux. La grève se poursuivra la semaine prochaine, si le gouvernement ne cède pas. »

Cette grève impressionnante des postiers d’outre-manche nous interpelle sur le projet de privatisation de La Poste, ici, en France. De manière générale, les travailleurs britanniques ne se mettent pas facilement en grève. Mais lorsqu’ils se lancent, ils le font très sérieusement, et font preuve de beaucoup de détermination. Le gouvernement veut privatiser La Poste en France. La population n’y est pas favorable, comme l’a prouvé la « votation » du mois d’octobre. Mais pour l’empêcher, il faudrait tôt ou tard que les travailleurs de La Poste suivent l’exemple de leurs camarades britanniques, en organisant une grève solide et illimitée. En France, aussi, la dégradation des conditions de travail des postiers fait partie de la préparation de la privatisation. Si La Poste ou Royal Mail sont finalement vendus aux capitalistes, cette dégradation – comme celle de la qualité du service – sera encore plus grave.

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