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La vague de grèves déclenchée par les travailleurs sans-papiers, en avril 2008, a forcé le patronat et son gouvernement à concéder quelque 1500 régularisations, à ce jour. De nombreuses luttes sont encore en cours, ou démarrent. Avec le temps, ce mouvement a aussi rappelé à beaucoup de salariés la réalité de leur propre exploitation, et quel degré celle-ci peut atteindre, selon leur vulnérabilité. Ce mouvement met aussi en lumière tout ce que peuvent se permettre les capitalistes, impunément.

On a vu certains patrons s’émouvoir subitement de la situation de leurs salariés, et même se montrer favorables à leur régularisation. Après cinq, dix ou quinze ans d’exploitation éhontée, ils reconnaissent que la perte de ces compétences coûterait cher à leur entreprise. Que ne l’ont-ils dit avant les mouvements de grève ? Mais cela ne peut cacher le caractère organisé, cohérent et bien rodé de leur politique. Outre les cas bien connus de la restauration parisienne, rappelons quelques exemples révélés par des luttes récentes :

Les grévistes du SITCOM, à  Romainville, étaient soumis à la menace de ruptures de missions d’intérim en cas de maladie ou de refus de leurs conditions de travail inhumaines. Pendant des années, ils ont été exposés à des déchets dangereux, sans protection, pour des salaires dérisoires.

Les salariés de PLUS NET, sous-traitant de BOUYGUES, à Montreuil, et dont le patron s’est enfui à l’étranger, étaient sous-payés, par rapport à leur temps de travail, et exposés eux aussi à des risques d’accident et à l’insalubrité.

Les travailleurs d’ALFA Services, en grève depuis un an, ont été expulsés de l’entreprise et vivent sous une tente. Leur piquet de grève a été pris pour cible par la voiture du patron.

Les intérimaires de Man BTP ramassent les poubelles dans le Val d’Oise. Depuis des années, ils se présentent vers 4h du matin, sur le site. Là, le responsable décide qui travaillera, ce jour-là. Les autres rentrent chez eux, parfois très loin. Ils se payent à l’aide d’une carte de retrait, sur un compte de la société.

Les salariés bulgares détachés par leur entreprise, sur les chantiers navals de Saint-Nazaire, travaillent plus de 50 heures par semaine, pour moins que le SMIC, sans congés payés. Leurs heures supplémentaires ne sont pas majorées.

La liste est longue des fraudes, exactions et agressions en tous genre à l’encontre des sans-papiers. Ce système, taillé sur mesure pour le patronat, est renforcé par l’impunité qui lui est accordée. Dans le pire des cas – rarissime, d’ailleurs –, la condamnation d’un patron et l’exécution du jugement prendront de longs mois. Par contre, pour une expulsion de salariés de l’entreprise, la décision se prend sans délai et l’application est immédiate.

Moyens répressifs

Tout cela est rendu possible par une action de l’État parfaitement adaptée aux intérêts patronaux. Fidèle défenseur de sa classe, Sarkozy est parfaitement conscient du danger que représente ce mouvement. Il a perfectionné tous les moyens répressifs mis en œuvre par tous les gouvernements précédents. Moyens policiers, avec la brutalité pour l’exemple. Moyens bureaucratiques, par l’arbitraire des critères de régularisation, par l’obstruction des préfectures pour appliquer les accords. Moyens législatifs, avec « l’immigration choisie » – et, pour parfaire le tout, l’institution d’un délit de solidarité.

Le pouvoir parie sur l’usure du mouvement. Il joue avec le balancier des luttes montantes et descendantes. Face à une grève massive, il recule temporairement. Quand les luttes s’éparpillent, il revient en force sur ses objectifs initiaux et s’efforce de reprendre ce qu’il a été contraint de céder.

Les militants du PCF sont souvent en première ligne de la lutte pour soutenir les sans-papiers. Des élus de gauche viennent également apporter leur soutien, sur les sites occupés. Mais ces derniers oublient qu’ils sont eux-mêmes souvent à l’origine de « délégations de service public » accordées aux multinationales les plus performantes, en matière d’exploitation des travailleurs sans-papiers ! Il faut en finir avec cette contradiction insupportable.

Les militants les plus résolus de la CGT ont soutenu, organisé et souvent conduit le combat que mènent nos camarades immigrés au prix d’énormes sacrifices. Leurs initiatives, prises au niveau de syndicats et d’Unions Locales, doivent être rapidement relayées par toute la Confédération, comme des actions exemplaires dans la lutte des classes.

Ne pas se battre aujourd’hui pour la défense des droits d’une partie du salariat, c’est se résigner à la confiscation des mêmes droits pour tous les travailleurs. En luttant pour eux, nous luttons pour nous tous.

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