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Le gouvernement et les sommets de la police – entre autres – sont à pied d’œuvre, depuis deux jours, pour noyer Steve une deuxième fois : non plus son corps, mais la vérité de ses derniers instants. Tout sera fait pour dédouaner les policiers et leur hiérarchie – au sommet de laquelle vacille, une fois de plus, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Ce dernier est tellement fragilisé qu’il a été sommé de se taire, cette fois-ci.

La communication du gouvernement et de ses officines est un mélange écœurant de mauvaise foi et d’hypocrisie. Ainsi, dans son rapport, l’IGPN affirme « qu’aucun élément ne permettait d’établir que les forces de police avaient procédé à un quelconque bond offensif ou une manœuvre s’assimilant à une charge qui aurait eu pour conséquence de repousser les participants à la fête vers la Loire ». Des vidéos prouvent exactement le contraire et confirment cette évidence : c’est la charge policière – à coups de gaz lacrymogènes, de grenades de désencerclement et de LBD – qui a poussé une quinzaine de jeunes dans la Loire. On voit mal quel autre facteur pourrait l’expliquer !

Les mensonges et les sophismes officiels sont d’autant plus flagrants qu’ils doivent masquer une vérité massive, éclatante, indiscutable. Par exemple, certains pointent du doigt la mairie de Nantes : « elle n’aurait pas dû autoriser ce rassemblement festif ». Mais alors, faut-il interdire tout rassemblement festif à proximité d’un fleuve ? Non, bien sûr, car le problème, ce ne sont pas les fleuves ; c’est la violente charge policière qui, cette nuit du 21 juin, a précipité des jeunes dans la Loire. Tout ramène à cette évidence, qu’aucune rhétorique ne pourra dissoudre.

L’attitude du gouvernement renforce l’indignation que suscitent, dans la population, les circonstances de la mort de Steve. Une nouvelle faille s’ouvre entre l’Etat et les masses. Aussi n’est-il pas certain que tout l’édifice de mensonges qui se constitue, autour de la vérité, tienne debout très longtemps. Dans la chaîne des responsabilités, l’un des maillons pourrait être sacrifié, et pas forcément un petit maillon. Le silence imposé à Castaner souligne sa culpabilité générale, qui dépasse largement le drame du 21 juin : il est à la tête des forces de police qui, depuis novembre dernier, ont aussi tué une femme de 83 ans (Zineb Redouane), éborgné 22 personnes et mutilé six autres, sans parler des innombrables blessés « légers ». Castaner ayant systématiquement organisé et justifié cette répression policière d’une brutalité inédite, la haine populaire se concentre sur sa personne – au moins autant que sur celle de Macron.

Il n’est pas exclu que ce dernier, pour se protéger et protéger l’Etat, finisse par sacrifier son ministre de l’Intérieur. Mais ce n’est pas du tout certain, car ce serait aussi un aveu de faiblesse, de la part du chef de l’Etat. Cela dépendra donc de la pression qui s’exercera sur le gouvernement, dans les jours et les semaines qui viennent. Les députés insoumis réclament une commission d’enquête parlementaire, à juste titre. Mais cela ne suffit pas. La mort de Steve est la dernière et tragique illustration d’une intensification générale de la répression policière, dans le pays. Le mouvement ouvrier – à commencer par ses organisations syndicales – doit organiser une riposte puissante, sous la forme de manifestations massives et, par exemple, d’une grève générale de 24 heures.

Depuis le 17 novembre dernier, les directions syndicales – CGT comprise – se montrent extrêmement passives face aux déchaînements de la violence policière. Au mieux, elles protestent verbalement. Le gouvernement en conclut qu’il peut poursuivre et même intensifier la répression. La faiblesse invite à l’agression. Macron et sa clique comptent sur la répression policière pour intimider tous ceux qui s’opposeront aux contre-réformes à venir (retraites, etc.). La lutte contre les politiques réactionnaires du gouvernement est donc indissociable de la lutte contre la répression policière. Celle-ci ne sera pas combattue par les officines de l’Etat, car il est juge et partie. Elle doit être combattue par des mobilisations de masse, par les méthodes de la lutte des classes, en lien direct avec les mobilisations contre la politique du gouvernement et pour une alternative de gauche à l’enfer macroniste.

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