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« Tout va bien ! Les fondamentaux sont bons ! La confiance revient ! » Ainsi s’exprimait le gouvernement il y a un an à peine : il prévoyait alors 3,5 % de croissance pour 2003. Or, après des taux de 2.1 % en 2001 et de 1,2 % en 2002, la croissance a chuté de 0,1 % au premier semestre 2003. Cela n’empêche pas le ministère de l’économie de distiller de l’optimisme à tout vent et de prévoir un rebond de l’économie qui porterait la croissance en 2004 au-delà de 2 %. En un mot, il continue d’annoncer le beau temps à qui veut bien l’entendre, dans le but de renforcer la confiance des investisseurs.

Une évaluation un peu plus réaliste de la situation indique que la crise économique mondiale est loin d’être terminée. Par ailleurs, la reprise qui aura lieu tôt ou tard ne permettra pas de retrouver, en France, les taux de croissances que l’on a connu, par exemple, entre 1997 et 2001. Il faut garder à l’esprit que les économies européenne et française sont inextricablement liées à l’économie mondiale. Or, quasiment toutes les régions du monde sont en crise. L’Amérique Latine continue sa chute. L’Asie ne se porte pas mieux : le Japon continue de stagner et le PIB sud-coréen a perdu 0,7 % au premier trimestre 2003, alors que la Corée du Sud affichait la plus forte expansion de tous les pays de l’OCDE en 2002. Mais surtout, l’économie américaine est toujours en crise. Or, elle réalise à elle seule 38,6 % de la production mondiale et en consomme 28 %. En 2001, elle importait pour 28,6 milliards d’euros de produits français.

Dans le contexte actuel, les exportations françaises chutent régulièrement : après + 1,8 % en 2001, + 1,3 % en 2002, elles ont baissé de 1,8 % et 0,6 % aux cours des deux premiers trimestres de 2003. L’investissement des entreprises françaises est en baisse quasi ininterrompue depuis le début de 2001, avec - 0,6 % au deuxième trimestre 2003, signe que les perspectives de vente ne sont pas bonnes, et ce alors que les stocks de produits invendus sont encore très importants. La demande intérieure, sans compter les stocks, a elle reculé de 0,1 % au cours du deuxième trimestre 2003. En ce qui concerne la consommation des ménages, c’est à dire ce que la moyenne des français consomme, on assiste là aussi à une baisse de 0,2 % au deuxième trimestre de cette année. Mais là encore, pour le Ministère des Finances, ces résultats ne sont « pas représentatifs d’une tendance ». Ayez confiance.

Pour couronner le tout, on assiste à une croissance importante du chômage (+ 1,1 % au mois de juin 2003), ce qui fait un total de + 6,3 % depuis mai 2002. La France compte désormais officiellement 2 400 000 chômeurs, soit 9,5 % de la population active. Selon l’INSEE, ce chiffre pourrait se situer entre 10 et 10,5 % à la fin de l’année. La situation est en réalité plus dramatique encore, puisque la méthode de calcul officielle tend à ne comptabiliser que les personnes immédiatement disponibles et qui sont à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée.

Endettement et surproduction

Marx expliquait que le crédit est un moyen par lequel le capitalisme dépasse ses propres limites. A travers le crédit, le marché se survit et s’étend artificiellement pendant un certain temps. Mais cela réduit d’autant la demande future, puisque les emprunts doivent finalement être remboursés - avec les intérêts. Des dettes colossales ont été accumulées durant la reprise des années 90, surtout aux Etats-Unis. Les réductions des taux d’intérêt ordonnées par Greenspan (le président de la Réserve Fédérale américaine) ont été décidées dans la panique, face à la crainte d’un effondrement de l’économie mondiale.

Aujourd’hui, étant donné le niveau de la dette, toute aggravation de celle-ci ferait courir le risque d’une situation de « stagflation » (mélange de stagnation et d’inflation), ce qui pourrait entraîner l’économie américaine dans une longue chute. Enfin, les profits des grands groupes américains ont considérablement baissé. En 2002, ils ont perdu 44,9 % par rapport à l’année précédente. Il faut remonter à l’automne 1938 et à la fin de l’année 1932, à l’époque de la « Grande Dépression », pour retrouver des chutes de cette ampleur.

Comme l’expliquait encore Marx, la cause fondamentale des crises économiques est le phénomène de surproduction, qui est lui-même le résultat de la contradiction entre la course au profit illimitée des capitalistes et le pouvoir d’achat limité des travailleurs. La crise actuelle ne fait pas exception. La surproduction massive dans les industries de pointe, en particulier dans le secteur informatique, est une des principales causes de la crise qui frappe l’Amérique et l’Asie. Il y a une limite à la quantité de ces produits que les gens peuvent acheter. Mais du fait de son caractère anarchique, le capitalisme n’en tient pas compte.

Cette loi s’applique à tous les biens de consommation. La surproduction dans l’industrie automobile a mené à une lutte féroce entre toutes les grandes entreprises. Aux USA, la politique des prix cassés et des prêts à 0 % fait partie de la campagne « pour une Amérique qui continue de rouler ». Mais cette reprise du secteur automobile n’a été obtenue qu’au prix d’une future limitation du marché et d’une diminution des marges de bénéfice. Dans un effort désespéré pour maintenir leurs marges de profit, les entreprises sont obligées de faire des économies, de baisser les dépenses et de licencier les travailleurs.

La flambée des dépenses militaires liées à la guerre en Irak ont augmenté le taux de croissance du PIB américain. Cependant, la montée du chômage et l’endettement des ménages auront tendance à freiner la consommation et, dans les mois à venir, un nouveau ralentissement du PIB est fort probable. Ceci ne pourrait qu’aggraver davantage la crise économique qui sévit en Europe et dans le reste du monde.

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