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L’aéroport de Roissy est l’une des plus importantes plates-formes aéroportuaires au monde. Il concentre 90 000 travailleurs employés dans des centaines d’entreprises. Il fut un temps où, dans leur très grande majorité, les salariés y étaient engagés par Aéroports de Paris (ADP) et Air France. Ce temps est révolu. Depuis plusieurs années, un important processus d’externalisation d’activités est à l’œuvre. ADP ne compte plus que 3000 salariés. Air France concentre encore des dizaines de milliers d’emplois, mais se recentre sur les personnels navigants et prépare leur mise en concurrence avec des compagnies aériennes à bas coûts comme Transavia, dont Air France est propriétaire. En pratique, ces grandes sociétés n’embauchent plus directement. La croissance vertigineuse de l’effectif salarié de l’aéroport, ces 15 dernières années, s’opère dans leurs filiales et chez leurs sous-traitants.

L’externalisation et la sous-traitance permettent au patronat de forcer son avantage dans la lutte qui l’oppose aux salariés. En divisant les travailleurs en filiales et sociétés distinctes, il fragilise les solidarités entre salariés. A l’inverse, la concentration des salariés dans une même entité place les capitalistes face à l’opposition frontale d’un ou plusieurs syndicats organisant le personnel. C’est un avantage considérable pour porter des revendications salariales ou lutter contre des licenciements. C’est ce rapport de force qui a permis, par le passé, d’obtenir toute une série d’acquis pour les salariés des grandes entreprises : des progrès dans les conditions de travail, des minima salariaux supérieurs à la convention collective, des primes de treizième voire de quatorzième mois, des droits syndicaux qui vont au-delà de ceux prévus par le code du travail, etc.

Par exemple, les conditions de travail et de salaire des travailleurs des filiales d’Air France – Servair, Acna, Transavia, etc. – sont en très nette régression par rapport à celles des salariés de la maison mère. En multipliant les créations de filiales et en recourant massivement à la sous-traitance, les grands donneurs d’ordre de Roissy – Air France et ADP, principalement – se sont retrouvés à la tête d’une structure pyramidale et d’un réseau de marchés commerciaux dont ils tirent toutes les ficelles. La maintenance aéronautique, la préparation des plateaux-repas, la sûreté aéroportuaire, le nettoyage des avions et des locaux, les boutiques et restaurants, les bagagistes, les électriciens, les chauffagistes, les chauffeurs de bus… : tout est déjà sous-traité ou sur le point de l’être. Or, les contrats commerciaux signés pour ces prestations ont une durée de vie limitée : deux à trois ans, en général. Chaque fois, tout est remis en cause pour les salariés, qui sont menacés de licenciement en cas de non-reconduction du contrat commercial, ou parce que seule une partie des contrats de travail sont transférés chez le nouveau prestataire.

Ce vaste maillage de filiales et de sous-traitants permet aux capitalistes de se livrer à toutes sortes de manœuvres pour casser les sections syndicales combatives et revoir à la baisse le coût de la prestation. L’exemple le plus caricatural est sans doute le marché du nettoyage. Un même bâtiment peut être divisé en plusieurs contrats : une société emploie vingt salariés pour le nettoyage des couloirs, une autre en emploie trois pour les vitres, une autre encore pour les allées extérieures, une autre pour les toilettes – et ainsi de suite. Dans un même terminal, le marché du nettoyage des sanitaires peut être différent selon l’étage ! En termes de gestion, cela peut paraître irrationnel. Mais c’est au contraire rigoureusement planifié, dans le but de diviser les salariés et de tirer les conditions de travail et les salaires vers le bas. Cet émiettement des contrats a pour effet de verser des micro-salaires à des salariés qui se trouvent employés pour à peine quelques heures par semaine. Cette précarité favorise la soumission des travailleurs.

Le transfert légal des contrats de travail n’est obligatoire que dans le cas de rachat d’une entreprise par une autre, ou d’une fusion, mais pas en cas de perte d’un marché commercial – sauf lorsqu’une convention collective le prévoit, mais encore faut-il que la société qui reprend le marché applique elle aussi cette convention collective. D’une part, ce n’est pas systématiquement le cas, et d’autre part les transferts peuvent ne pas concerner 100 % des salariés présents, selon les critères prévus par l’accord.

C’est pour dénoncer cette précarité orchestrée par les donneurs d’ordre que l’Union Locale CGT de Roissy a organisé une conférence de presse, le 9 février dernier. Les militants y ont dénoncé le fait qu’une partie croissante de l’activité aéroportuaire est sous-traitée et « soumise régulièrement à des appels d’offres qui exacerbent une mise en concurrence des salariés sans précédent ». Une cinquantaine de salariés, militants de la CGT, y ont témoigné des souffrances et des combats qu’ils doivent mener, tous les deux ou trois ans, pour préserver les droits et les emplois des salariés. Ils sont chaque fois contraints à des négociations avec les repreneurs successifs. Pour en finir avec cette situation, la CGT revendique un droit de reprise à 100 % des contrats de travail, lors des passations de marchés, avec garantie de maintien des droits acquis. Conscients du fait que les externalisations et le recours à la sous-traitance ont pour seul objectif de s’en prendre aux intérêts des salariés, nous revendiquons la réintégration des salariés des prestataires dans les sociétés donneuses d’ordre, avec alignement des acquis vers le haut.

La Riposte soutient cette campagne revendicative de la CGT. Le maintien des emplois et des acquis salariaux lors du changement d’employeur serait un progrès incontestable pour les travailleurs de Roissy. Cela renforcerait la position des salariés dans leurs luttes contre les suppressions massives d’emplois qui vont certainement se produire, dans la prochaine période, contre la volonté du patronat de liquider les acquis sociaux, et contre la dégradation générale des conditions de travail, qui sont déjà à l’œuvre. La baisse de l’activité aéroportuaire sert d’ailleurs déjà de prétexte à Air France pour inciter les salariés à des départs volontaires. Un plan de licenciements secs se profile, également. Aussi, tant que les capitalistes conserveront le contrôle des entreprises, les travailleurs subiront des attaques contre l’emploi et les acquis. C’est la raison pour laquelle nous revendiquons la nationalisation des grands groupes – et des sous-traitants – de l’aéroport de Roissy, sous le contrôle démocratique des travailleurs. Pour réellement garantir aux salariés leurs emplois, un revenu et des conditions de travail décents, il faut arracher l’outil de travail des mains des capitalistes et le placer fermement entre les mains de ceux qui créent les richesses.

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L’Union locale CGT de Roissy expulsée par ADP : signez la pétition !

Le 31 mars prochain sonnera la fin de la trêve hivernale pour l’Union Locale (UL) des syndicats CGT de l’aéroport de Roissy. En effet, Aéroports de Paris (ADP) a demandé son expulsion des locaux jusqu’alors occupés gratuitement par les syndicats de l’aéroport, et ce depuis 25 ans (sans leur proposer une solution de rechange). Alors que 90 000 salariés travaillent à Roissy, notre Union Locale est appelée à jouer un rôle grandissant dans l’organisation des travailleurs, la formation syndicale, le conseil des salariés – et les luttes à venir. L’émiettement des salariés entre des centaines d’entreprises sous-traitantes rend d’autant plus nécessaire une puissante structure interprofessionnelle CGT.

Les dirigeants d’ADP sont les principaux responsables de la précarisation des travailleurs de Roissy. Ils encouragent le recours à la sous-traitance et multiplient les « marchés » (voir ci-contre). Ils veulent faire payer la crise du capitalisme aux travailleurs, en dégradant leurs conditions de travail et en revenant sur tous les acquis. Aussi notre Union Locale, qui compte déjà plus de 5000 adhérents, est un de leurs problèmes majeurs.

Pour l’heure, ADP propose un relogement pour un loyer prohibitif de 5000 euros mensuels, hors stationnement ! Dans ces conditions, l’UL CGT de Roissy revendique la construction d’une véritable Bourse du Travail, implantée sur l’aéroport de Roissy et qui pourrait jouer son rôle de lieu de rencontre, de débats entre salariés de l’aéroport, et d’organisation des luttes. Les Unions Locales auront alors les moyens de fonctionner. Les locaux jusqu’ici occupés étaient trop vétustes et exigus.

Le militantisme syndical fait l’objet de nombreux actes de répression, dans les entreprises et les tribunaux. L’expulsion d’une Union Locale CGT témoigne du durcissement de la lutte des classes. La Riposte appelle les jeunes et les salariés, d’où qu’ils soient, à signer la pétition exigeant une Bourse du Travail à Roissy. La pétition est en ligne sur le site internet de l’UL CGT de Roissy à l’adresse suivante : www.ulcgtroissy.fr

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