Depuis 2002, la droite au pouvoir montre son vrai visage. Pendant 5 ans, elle s’est livrée à une véritable orgie réactionnaire. Elle a multiplié les cadeaux aux plus riches, encouragé leur égoïsme et leur rapacité, tout en imposant la régression sociale à la masse de la population. Sous couvert de « réformes », elle a aggravé les souffrances, la précarité et le dénuement de millions de familles. Qu’elle ne s’étonne pas si, au soir du 6 mai prochain, Sarkozy paie l’addition par une cinglante défaite.
Pour tenter de conjurer ce sort électoral, Sarkozy puisera dans ses immenses réserves de cynisme et de démagogie, qui font de lui un assez bon représentant de la classe dirigeante. Il cherchera à diviser le salariat par mille artifices, en opposant « le travailleur qui se lève tôt » – et qu’en fait il méprise – à tous les prétendus « profiteurs » : étrangers, chômeurs, fonctionnaires, etc. Les seuls profiteurs qui échappent à l’opprobre de Sarkozy sont les capitalistes eux-mêmes, qui pourtant s’y connaissent bien en profits !
Pour se démarquer des deux gouvernements de droite auxquels il a participé, Sarkozy parle de « rupture » et de « France d’après ». Mais le programme officiel de l’UMP ne rompt en rien avec la politique mise en œuvre par les gouvernements Raffarin et de Villepin. Il propose juste d’aller encore plus vite et plus loin dans la remise en cause des acquis sociaux et dans le démantèlement du Code du Travail, des droits des chômeurs et des législations sociales en général. Si ce programme était intégralement mis en pratique, les salariés de notre pays seraient, à bien des égards, ramenés aux conditions de vie des années 30. « La France d’après » ressemblerait fort à la France d’avant !
« Contrat unique » : précarité pour tous
Le retrait du CPE, sous la pression d’une mobilisation massive, fut une humiliante défaite pour la droite et le MEDEF. Mais les capitalistes ont absolument besoin, de leur point de vue, de démanteler le Code du Travail et de généraliser la précarité. Si la droite gagne les élections, elle reviendra aussitôt à la charge. On retrouve le CPE, sous un autre nom, dans le programme de l’UMP : c’est le « contrat unique ». Comme le réclamait déjà Laurence Parisot, à l’époque du CPE, le « contrat unique » s’appliquerait à tous les salariés, et non plus seulement aux jeunes : « En concertation avec les partenaires sociaux » – bien sûr ! – « un nouveau contrat de travail, applicable à toute nouvelle embauche, sera créé : il sera plus souple pour les entreprises, grâce à des procédures de licenciement moins longues et surtout moins incertaines, plus gratifiant pour les salariés car il sera unique et nécessairement à durée indéterminée. »
La formulation est assez prudente, mais les intentions sont limpides : exactement comme pour le CPE, il s’agit de faire en sorte que l’employeur puisse licencier un salarié à tout moment et sur n’importe quel motif. Des « procédures de licenciement moins incertaines », cela veut dire : qui donnent toujours raison au patron. Et comme c’était le cas, déjà, avec le CPE, le programme de l’UMP cherche à nous rassurer en prétendant que ce contrat serait « nécessairement à durée indéterminé ». Mais les dispositions de ce contrat le vident, justement, de tout ce qui fait l’intérêt d’un CDI. Et on devrait trouver cela gratifiant…
La fonction publique
L’UMP veut réduire massivement le nombre de fonctionnaires et augmenter leur temps de travail. Ainsi peut-on lire, dans le programme de l’UMP : « Les fonctionnaires seront moins nombreux, mais ils seront mieux payés. Ceux qui voudront travailler plus pour gagner davantage pourront le faire, ce qui permettra d’améliorer la qualité du service rendu aux usagers des services publics, par exemple un meilleur accueil et une meilleure organisation à l’hôpital, des enseignants plus présents dans des écoles ouvertes plus longtemps... »
Aux travailleurs de la santé et de l’éducation, qui se mobilisent régulièrement pour protester contre la stagnation de leurs salaires et contre la situation de sous-effectifs qui mine leurs services, l’UMP répond : « circulez, il n’y a rien à voir ». Et promet, non des augmentations de salaires, mais le « droit » de travailler davantage. Ce « droit » risque d’être froidement accueilli par des salariés qui, notamment dans le secteur hospitalier, assument une charge de travail toujours plus lourde, et cumulent souvent les heures supplémentaires. Enfin, on se demande bien par quel miracle de nouvelles suppressions de postes vont « améliorer la qualité du service » public !
Face aux mobilisation syndicales qu’une telle politique ne manquerait pas de provoquer, le programme de l’UMP prévoit de remettre en cause le droit de grève dans la fonction publique : « La loi créera une obligation de service minimum garanti en cas de grève. » Interdire la grève – ou la limiter, ce qui revient au même – c’est priver les travailleurs de l’arme principale dont ils disposent pour se faire entendre. Mais l’UMP nous rassure : après avoir désarmé les salariés, il « consultera les partenaires sociaux » !
Chasser la droite
Nous reviendrons sur d’autres aspects du programme de l’UMP. Mais ce texte de 46 pages est, pour l’essentiel, une déclaration de guerre à la grande majorité de la population. Privatisation et démantèlement de ce qui reste des services publics ; allongement du temps de travail ; nouvelles attaques contre les travailleurs immigrés, les chômeurs, les étudiants : la liste est longue. Seule la poignée de parasites qui possèdent les banques et la grande industrie de ce pays – et que le langage officiel classe, ironiquement, parmi les « forces vives de la nation » – peut se réjouir de ce texte, qui leur est entièrement dévoué.
Face au caractère ultra-réactionnaire de ce programme, la gauche et le mouvement syndical doivent mobiliser toutes leurs forces pour chasser la droite de l’Elysée et du Parlement. L’agressivité de la droite – qu’incarne si bien l’arrogance teigneuse de Sarkozy – est une illustration de la crise du système capitaliste et de la détermination de la classe dirigeante à reprendre aux travailleurs ce qu’ils ont conquis au cours de décennies de luttes. Elle en dit long sur l’état d’esprit qui règne dans les hautes sphères de la société, et sur les énormes pressions qui s’exerceront sur un futur gouvernement de gauche pour qu’il mène une politique conforme à leurs intérêts. Le réarmement politique de la gauche, pour résister à ces pressions, est la tâche la plus urgente du moment.