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En février, Macron annonçait vouloir lutter contre les fake news. Le gouvernement en est pourtant friand lorsqu’il s’agit de justifier ses contre-réformes. Suite à son projet de durcir les sanctions et le contrôle des chômeurs, les habituels mensonges au sujet du chômage ont été ressortis par les chiens de garde du système capitaliste, sur les plateaux télé.

Ainsi, dans une récente émission sur LCP, le président de « Croissance Plus » (une organisation patronale) affirmait que de nombreux travailleurs préfèrent rester au chômage et « cumuler » des aides plutôt que de travailler. A l’entendre, on gagnerait plus à toucher les diverses aides sociales qu’en travaillant. En voilà une belle fake news !

Mais la préférée des experts concerne le déficit de l’UNEDIC, l’organisme qui gère l’assurance chômage. Chaque année, il est de plusieurs milliards d’euros. Pourtant, les recettes en cotisations chômage sont supérieures aux dépenses d’allocations. Dès lors, d’où vient le déficit ? Il vient du transfert, en 2012, de la gestion de Pôle Emploi à l’UNEDIC. Mais cela, nos « experts » se gardent bien de le rappeler.

Multiples sanctions

Tous les mensonges au sujet du chômage ont pour objectif de justifier l’aggravation des sanctions contre les chômeurs « ne manifestant pas la volonté de retrouver du travail ». On passerait ainsi à deux mois de radiation, au lieu de quinze jours, en cas de refus « d’offre raisonnable d’emploi ». En cas de « récidive », des sanctions de plus en plus dures sont prévues.

La notion « d’offre raisonnable d’emploi » sera également revue. Aujourd’hui, elle équivaut à un emploi dont la nature, le salaire et la zone géographique correspondent aux attentes du demandeur d’emploi. A l’avenir, elle sera plus souple et ne sera plus encadrée par le Code du travail, mais déterminée lors d’une soi-disant « concertation » entre le demandeur d’emploi et son conseiller Pôle Emploi. Par exemple, ce dernier pourra exiger d’un chômeur qu’il déménage à des dizaines, voire des centaines de kilomètres de son lieu de résidence initial. Et s’il refuse : sanction.

Logiquement, ce renforcement des sanctions s’accompagnera d’une intensification des contrôles. Chez Pôle Emploi, des postes actuellement dédiés à l’accompagnement des chômeurs seront transférés au contrôle des « mauvais chômeurs ».

En plus d’être injuste, cette réforme est absurde. Avec près de 6 millions de chômeurs (toutes catégories confondues) pour 300 000 offres d’emploi disponibles, il est ridicule d’imaginer que le fait d’être au chômage relève de la simple responsabilité individuelle. De même, ce n’est pas en jetant des personnes dans la misère totale, en supprimant leurs allocations, qu’on renforcera leurs chances de trouver du travail !

Le « modèle » allemand

Ce projet de réforme ressemble beaucoup à ce qui a déjà été fait en Allemagne. Si le taux de chômage en Allemagne est inférieur à 5 % de la population active, c’est notamment parce que beaucoup de demandeurs d’emploi y ont été transformés en travailleurs pauvres, voire très pauvres. L’intérim et les petits boulots précaires ont explosé. 4,7 millions de travailleurs allemands survivent aujourd’hui en faisant des petits boulots plafonnés à 450 euros par mois. En outre, le contrôle des chômeurs a été poussé très loin. Les Jobcenter peuvent avoir accès à des informations telles que le compte en banque des chômeurs, la liste de leurs achats et déplacements – et même leur vie sentimentale. A la précarité imposée s’ajoutent l’humiliation des contrôles et les atteintes à la dignité la plus élémentaire.

En France, la même réforme produira les mêmes effets : les travailleurs seront contraints d’accepter des emplois de plus en plus précaires. Les femmes seront particulièrement frappées par ces mesures. D’ores et déjà, 3,7 millions de travailleuses subissent des temps partiels, soit un tiers de l’emploi féminin.

Travaux publics et répartition du travail !

La vérité, c’est que le chômage de masse est une composante organique du système économique actuel. La loi Travail visait à faciliter les licenciements pour accroître les marges de profit des grandes entreprises. Il s’agit maintenant de faire des économies sur le dos des travailleurs privés d’emploi, en plus de tenter de les culpabiliser.

Le président de « Croissance Plus » explique qu’« on ne va pas créer des entreprises pour créer de l’emploi […]. Il y a des régions sans emploi : c’est comme ça ». A cela, nous opposons la nationalisation, sous le contrôle démocratique des salariés, de toutes les entreprises (banques, BTP, etc.) nécessaires à la mise en place de « grands travaux » publics dont la société a besoin : écoles, hôpitaux, logements, etc. Par ailleurs, la hausse de la productivité des travailleurs, les avancées technologiques et la robotisation de nombreux secteurs économiques rendent plus que jamais possible le partage du travail disponible entre tous, donc la baisse du temps de travail, sans perte de salaire.

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