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Les effets du plan Sapin se font sentir à l’Inspection du Travail. Élaboré par le précédent ministre du Travail, sa mise en application se fait sous la houlette de son successeur : François Rebsamen. Rappelons que ce plan a pour objectif de placer les inspecteurs et contrôleurs du travail, dont l’indépendance est censée être garantie par une convention internationale, sous la tutelle d’un Responsable d’Unité de Contrôle (RUC), représentant du ministère.

Dès le début, les syndicats CGT, FO, SUD, FSU et CNT ont dénoncé un risque d’ingérence du pouvoir politique dans les décisions de l’Inspection du Travail, décisions délicates puisqu’elles touchent souvent aux intérêts des capitalistes. Une mobilisation a donc été lancée dès 2012, avec des journées de grève, des manifestations et des actions « coup de poing », comme lors de l’intrusion de manifestants dans le séminaire national du 8 octobre 2013, à l’Institut National du Travail (INT), où tous les directeurs départementaux étaient venus écouter leur chef présenter « sa » réforme. A la suite de cette action, plusieurs militants ont fait l’objet de poursuites.

Les syndicats ont également souligné les risques de suppressions de postes que le ministère du Travail, en cure d’austérité comme tous les autres, pourrait faire passer à l’occasion de cette « réorganisation ». Ils ont vu juste : alors que la réforme doit être mise en place entre septembre et décembre 2014, des informations remontant de tous les départements signalent que le compte n’y est pas.

Mobilisation dans la Drôme

C’est le cas dans la Drôme, où au lieu des 21 agents de contrôle promis avant le plan, seuls 15 sont effectivement en poste à la rentrée ! C’était sans compter sur la détermination des agents qui, malgré la période estivale, se sont fortement mobilisés. Après une journée de grève votée en assemblée générale, les agents ont décidé d’occuper le bureau du directeur départemental le 7 juillet dernier, forçant le directeur régional à descendre de Lyon à Valence pour entendre leurs revendications. Trois jours plus tard, le directeur départemental annonçait devant l’assemblée générale qu’il y aurait finalement 17 postes d’agent de contrôle ouverts à la rentrée. C’est donc une victoire partielle pour le mouvement.

Ne nous leurrons pas : les deux postes sauvés dans la Drôme seront certainement supprimés ailleurs, dans ce ministère ou dans un autre, la politique d’austérité voulue par les grands capitalistes et appliquée par le gouvernement étant plus que jamais d’actualité. Ces mobilisations nombreuses et ces quelques victoires prouvent néanmoins que l’humeur reste combative dans les rangs de l’inspection, malgré la volonté affirmée par Michel Sapin de « faire passer le char de l’Etat ».

Pour une convergence des luttes !

Le mouvement a néanmoins souffert de son manque de connexion avec les autres mobilisations des secteurs public et privé. Seuls, les quelque 10 000 agents du ministère du Travail ne pèsent pas assez lourd par rapport au patronat et ses représentants au sein de l’appareil d’Etat, tous bien organisés et disposant d’importants moyens financiers et médiatiques. Face à l’offensive généralisée des capitalistes, des mobilisations partielles ne suffisent pas : il faut une contre-offensive généralisée des travailleurs. Comme premier syndicat du pays, la CGT porte la responsabilité d’impulser et d’organiser cette contre-offensive. Malheureusement, depuis de nombreuses années, la direction de la CGT se refuse à organiser la convergence des luttes, expliquant que cette lutte unifiée serait trop « politique ».

La casse de l’Inspection du Travail l’illustre à nouveau : le fer de lance de la destruction des conquêtes sociales du passé est précisément le pouvoir politique en place, inféodé aux intérêts du patronat. C’est donc précisément d’une mobilisation politique dont les travailleurs ont besoin pour défendre leurs intérêts. Il est illusoire de croire que les agents du ministère obtiendront une victoire seuls. L’Inspection du Travail a pu exister grâce à la mobilisation des travailleurs au cours des deux siècles passés ; elle ne pourra se maintenir que par ce même moyen.

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