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Protocole sanitaire défaillant, écoles fermées, enseignement distanciel en panne : l’Education nationale a vécu cette année scolaire avec une impression de déjà-vu. La faute à l’impréparation du ministère, mais aussi aux politiques d’austérité dont les conséquences ont lourdement pesé sur les efforts pour protéger du virus les élèves et les personnels.

Un premier trimestre en berne

Fin août 2020, alors que la rentrée des classes approchait, environ 5000 personnes étaient diagnostiquées positives au Covid-19, chaque jour. Si on compare cela aux chiffres actuels (34 000 nouveaux cas quotidiens), la situation semblait alors « sous contrôle ». En réalité, comme nous l’expliquions à l’époque, rien n’avait été sérieusement préparé pour la rentrée. La plupart des mesures appliquées en juin avaient été abandonnées. Le protocole sanitaire se réduisait à deux mesures : port du masque obligatoire pour les enseignants et les élèves de plus de 11 ans ; désinfection régulière des mains au gel hydro-alcoolique. Dès les premières semaines, le dispositif « tester-isoler-tracer » était défaillant : le délai des tests était trop long et les décisions d’isolement prises par les Agences Régionales de Santé (ARS) et les CPAM étaient incohérentes, isolant certains « contacts » et pas d’autres.

Du fait de l’incurie totale du pouvoir, une deuxième vague de l’épidémie s’est développée au mois de novembre. Elle a contraint le gouvernement à imposer un demi-confinement – et le ministre Blanquer à renforcer son soi-disant « protocole sanitaire ». Il s’agissait essentiellement de mettre en place le dispositif « une salle-une classe » au collège et de diviser les classes en demi-groupes au lycée. Ces quelques demi-mesures, souvent optionnelles, ont été appliquées de façon très inégale. Et l’austérité est venue, là encore, y mettre son grain de sel. Dans certains collèges, il n’y avait pas de gel hydro-alcoolique en « libre-service » pour les élèves, « par mesure d’économie ».

Un second trimestre chaotique

L’épidémie s’est néanmoins maintenue à un « plateau haut » jusqu’au développement d’une troisième vague, en février. Face au nombre croissant de contaminations de personnels et au manque de remplaçants, Blanquer a d’abord été contraint d’annoncer un nouveau renforcement du protocole de fermeture des classes : il suffisait qu’un seul enfant soit positif pour qu’une classe ferme. Puis, le 31 mars, face au risque d’un effondrement du système hospitalier, le président Macron annonçait finalement la fermeture de l’ensemble des écoles pour une durée de 3 semaines – et des collèges et des lycées pour une durée de 4 semaines.

Elèves et enseignants ont à nouveau dû se préparer, en quelques heures, à plusieurs semaines d’enseignement à distance. Comme au printemps 2020, l’impréparation du ministère a débouché sur une pantalonnade : les sites d’enseignement à distance, débordés, sont restés inaccessibles pendant plusieurs jours. Blanquer n’a pas hésité à accuser des services secrets étrangers – ou des hackers payés par les élèves…

Aujourd’hui, alors que l’épidémie est toujours très active, la rentrée des classes ne comprend aucune mesure particulière de sécurité, en dehors de celles qui s’étaient révélées insuffisantes durant l’hiver. Il n’est ainsi même pas prévu de mettre en place des demi-groupes au collège, ni de doter les établissements de purificateurs d’air. Bis repetita ?

L’Ecole sacrifiée sur l’autel de l’austérité

Le ministre Blanquer est souvent présenté comme un incompétent qui n’a rien préparé pour gérer la progression de l’épidémie. C’est indiscutable. Mais ce n’est pas qu’un problème d’incompétence. Blanquer applique la politique qui convient au capitalisme français : il n’est pas là pour développer le système d’éducation publique, mais pour faire des économies. Si on avait embauché massivement durant l’été 2020 (au lieu de supprimer des postes aux concours), il aurait été plus facile d’appliquer des protocoles sanitaires stricts. En 2018, puis à nouveau en 2020, le gouvernement a économisé près de 200 millions d’euros sur le budget de l’Education nationale.

L’obsession de garder les écoles ouvertes, cet hiver, correspondait aux souhaits du patronat, qui voulait que les enfants soient gardés pour que les parents puissent travailler. Mais cette stratégie n’a pas tenu face à l’ampleur de l’épidémie. Le gouvernement a finalement été contraint de fermer les écoles pour éviter un effondrement du système de santé, avec toutes les conséquences sociales et politiques qui s’en seraient suivies.

Après trois semaines de « pause », le gouvernement va rouvrir les écoles et lever certaines mesures de restriction, alors même que la situation épidémique ne s’est pas beaucoup améliorée. C’est un nouveau « pari » du gouvernement sur les effets de la campagne vaccinale. Celle-ci, pourtant, est très loin d’être achevée – et elle est toujours limitée par le manque de doses. En attendant, donc, que la vaccination ne produise ses effets, et sous réserve qu’un variant résistant aux vaccins ne remette pas tout en cause, les hôpitaux et les établissements scolaires devront subir pendant plusieurs semaines encore, voire plusieurs mois, les conséquences d’une réouverture des écoles sans protocole adapté.

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