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A l’occasion du centenaire de la mort de Lénine (1870-1924), ce numéro de Révolution, comme le précédent, consacre plusieurs pages au dirigeant du parti bolchevik et de la révolution d’Octobre 1917.

Les médias bourgeois ont fêté cet anniversaire en triplant la quantité de propagande habituelle – stupide et mensongère – contre le grand révolutionnaire russe et le communisme en général. Pour dissuader les exploités et les opprimés de s’intéresser aux idées de Lénine, ils en dressent un portrait tout en nuances qui le situe à mi-chemin entre Staline et Belzébuth.

En vain : la crise du capitalisme pousse un nombre croissant de jeunes et de travailleurs à se tourner vers les idées du communisme. Or ces idées ont trouvé l’une de leurs plus hautes expressions dans les écrits et discours de Lénine, qui ne fut pas seulement un dirigeant révolutionnaire de premier plan, mais aussi et d’abord un brillant théoricien marxiste. Aussi peut-on prévoir avec certitude que ses idées reviendront au centre des débats internes au mouvement ouvrier international, dans la période à venir.

En cette année 2024, la Tendance Marxiste Internationale (TMI) animera une vaste campagne sur la vie, les luttes et les idées de Lénine. Il ne s’agira pas d’une célébration nostalgique, mais d’une démonstration de l’actualité du léninisme.

Qu’en dirait Lénine ?

Par exemple, lorsqu’on observe les espoirs mystiques suscités par Gabriel Attal, dans les médias bourgeois, on songe à cette excellente formule de Lénine : « la politique est de l’économie concentrée ». En l’occurrence, le nouveau Premier ministre poursuivra la politique de contre-réformes drastiques dont la bourgeoisie française a besoin, dans un contexte de stagnation économique, d’inflation persistante et de hausse du chômage. En conséquence, la prétendue « popularité » de Gabriel Attal ne passera pas l’hiver.

A l’heure où les petits agriculteurs se mobilisent pour réclamer une juste rémunération de leur travail, tout ce qu’a écrit Lénine sur la « question paysanne » reste d’une actualité brûlante. Certes, la paysannerie française n’est pas la vaste paysannerie qui, dans la Russie de 1917, constituait la très grande majorité de la population active. Mais cela ne change rien au fait suivant : aujourd’hui comme hier, les seuls véritables alliés des paysans pauvres sont les salariés des villes et des campagnes. Et nous savons très bien ce que dirait Lénine, aujourd’hui, aux petits exploitants écrasés par les banques, la grande distribution et l’agro-industrie. Il leur dirait que leur salut passe uniquement par l’expropriation de ces parasites géants et la transformation socialiste de la société.

Au passage, il fustigerait les dirigeants de la gauche réformiste – Mélenchon, Ruffin, sans parler de Faure, etc. – qui refusent de porter atteinte à la grande propriété capitaliste, ce qui les conduit à raconter toutes sortes de salades aux paysans comme aux salariés. Enfin, il est probable que la célèbre verve polémique de Lénine réserverait un sort tout particulier au réformiste Fabien Roussel, en sa qualité de dirigeant du Parti « Communiste » Français.

Lénine et la guerre

En août 1914, au seuil de la Première Guerre mondiale, la plupart des dirigeants de la IIe Internationale ont trahi la classe ouvrière, foulé aux pieds l’internationalisme prolétarien et rallié leurs bourgeoisies respectives. Opposant une résistance énergique et implacable à cette monstrueuse capitulation, Lénine rédigea toute une série d’articles et de pamphlets qu’il est indispensable d’étudier attentivement, aujourd’hui, pour comprendre la politique des marxistes vis-à-vis des guerres impérialistes actuelles.

Lénine ne se contentait pas d’attaquer les dirigeants « socialistes » qui, ralliant totalement les positions et la propagande de leur propre bourgeoisie, invitaient les travailleurs à se faire massacrer, sur les champs de bataille, au nom de la « défense de la patrie » et d’autres formules visant à masquer les véritables objectifs – impérialistes, prédateurs – de la guerre. Lénine fustigeait aussi les dirigeants « pacifistes » dont les « appels à la paix » – appels abstraits, impuissants, purement verbaux – masquaient leur refus obstiné de mobiliser les travailleurs sur un programme révolutionnaire contre l’impérialisme et le capitalisme.

En France comme ailleurs, les dirigeants officiels de « la gauche » tombent toujours sous le coup des critiques de Lénine. Sur la guerre génocidaire à Gaza, l’aile droite des réformistes – Olivier Faure, Raphaël Glucksmann et compagnie – soutient mordicus le « droit d’Israël à se défendre », c’est-à-dire son droit à massacrer les Gazaouis. Ce faisant, ils s’alignent sur les intérêts de l’impérialisme français, qui lui-même s’aligne sur l’impérialisme américain.

Quant à l’aile gauche des réformistes, autour de Mélenchon, elle ne s’élève pas au-dessus d’une position platement « pacifiste ». Jour après jour, les dirigeants de la France insoumise exigent un « cessez-le-feu » à Gaza. Bien sûr, ce mot d’ordre trouve un écho chez les millions de jeunes et de travailleurs qui observent la situation à Gaza avec horreur et indignation. Mais ce mot d’ordre n’en reste pas moins totalement abstrait et impuissant. Il ne contribue pas à élever le niveau de conscience des masses – mais, au contraire, jette des illusions dans la possibilité d’un système de « paix mondiale » sur la base du capitalisme et de l’impérialisme.

Mélenchon exhorte sans cesse les puissances impérialistes à respecter le « droit international » ; Lénine, lui, fustigeait quiconque semait la moindre illusion dans le « droit international ». Parmi les « 21 conditions d’adhésion à l’Internationale Communiste », co-rédigées par Lénine en 1919, on peut lire : « Tout parti désireux d’appartenir à la IIIe Internationale est tenu de démasquer non seulement le social-patriotisme avoué, mais également l’hypocrisie et la fausseté du social-pacifisme ; démontrer systématiquement aux ouvriers que, sans le renversement révolutionnaire du capitalisme, aucune cour internationale d’arbitrage, aucun débat sur la réduction des armements, aucune réorganisation “démocratique” de la Société des Nations ne sauraient sauver l’humanité de nouvelles guerres impérialistes. »

L’ONU a remplacé la Société des Nations, depuis, mais pour le reste il n’y a pas une seule ligne à changer à cette condamnation du « social-patriotisme » d’Olivier Faure, du « social-pacifisme » de Mélenchon – et des oscillations (de l’un à l’autre) de Fabien Roussel. Quant au peuple palestinien, son émancipation est indissolublement liée à la perspective d’une révolution socialiste au Moyen-Orient. Ce n’est peut-être pas pour demain, mais toute autre « solution » n’est qu’illusion ou tromperie.

Rejoignez la TMI !

Nous pourrions donner bien d’autres illustrations de l’actualité brûlante des idées de Lénine. C’est d’ailleurs ce que nous ferons, toute l’année 2024, dans le cadre de la campagne de la TMI sur ce thème. Nous défendrons Lénine contre la propagande bourgeoise, mais aussi contre les caricatures staliniennes et contre le réformisme « néo-léniniste » à la Frédéric Lordon. Surtout, nous multiplierons les initiatives et les publications à l’attention de cette couche croissante de jeunes et de travailleurs qui cherchent des idées communistes solides, scientifiques et cohérentes.

Pour conclure, citons un article de Lénine que nous publions dans les pages de ce journal :

« Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. Les partisans des réformes et améliorations seront dupés par les défenseurs du vieil ordre de choses aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que toute vieille institution, si barbare et pourrie qu’elle paraisse, est soutenue par les forces de telles ou telles classes dominantes. Et pour briser la résistance de ces classes, il n’y a qu’un moyen : trouver dans la société même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent – et doivent, de par leur situation sociale – devenir la force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau. »

Aujourd’hui comme à l’époque de Lénine, la classe ouvrière est cette « force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau ». Elle est aujourd’hui plus nombreuse et plus puissante que jamais. Ce qui lui manque, c’est une direction révolutionnaire à la hauteur de sa tâche historique. Dans une quarantaine de pays, la TMI construit cette direction révolutionnaire. Pour nous y aider, rejoignez-nous !


Sommaire

L’actualité de Lénine - Edito du n°77
Brèves
Suppression de places à la fac d’Aix-en-Provence
Aubervilliers : la maire de droite veut fermer la Bourse du travail
Dans les arrière-cuisines de McDonald’s
Inondations exceptionnelles dans le Nord
L’agriculture est malade du capitalisme
Education nationale : derrière l’uniforme, les contre-réformes
Vague de violences sans précédent en Equateur
Moyen-Orient : les impérialistes jettent de l’huile sur le feu
Israël, le monde arabe et le déclin de l’impérialisme français
« Sambre » : la faillite de l’Etat face aux violences sexuelles
Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme
Qu’est-ce que l’impérialisme ?

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