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Depuis que la « police de la moralité » a tué une jeune femme kurde, début septembre, l’Iran est le théâtre d’une mobilisation révolutionnaire dont la jeunesse en est la colonne vertébrale. A ce jour (6 novembre), les manifestations et rassemblements se poursuivent à un rythme quasi-quotidien, malgré la répression féroce déclenchée par le régime dictatorial de Khamenei.

Le caractère du mouvement

Ce mouvement est qualitativement supérieur à ceux qui l’ont précédé. Celui de 2009 avait surtout mobilisé les classes moyennes. Cette fois-ci, un nombre significatif de travailleurs se sont mobilisés, dès le début, aux côtés de la jeunesse – y compris des secteurs très pauvres de la classe ouvrière, qui jusqu’alors étaient passifs, voire soutenaient le régime. Des grèves ont éclaté dans l’industrie pétrolière, dans l’éducation et même chez les commerçants des bazars.

Dans de nombreuses villes du Kurdistan iranien, le mouvement a pris le caractère d’une grève générale insurrectionnelle. Des barricades ont été érigées dans les rues ; les forces de répression ont été chassées de certaines villes. Une situation similaire s’est ponctuellement développée dans d’autres régions.

Le régime est parfaitement conscient du potentiel de ce mouvement. Il s’est donc efforcé de le discréditer en le présentant comme un soulèvement de minorités nationales soutenues par les impérialistes occidentaux. Au cours des premières semaines, la répression a été particulièrement féroce dans les régions peuplées par les Kurdes ou les Baloutches. Mais cette manœuvre a échoué : le mouvement s’est étendu à l’ensemble du pays, par-delà les divisions nationales. Sur les manifestations, des mots d’ordre soulignent la nécessité d’une lutte unissant les Perses et toutes les minorités nationales.

Le régime ne s’est pas contenté de ces manœuvres de division. Après quelques hésitations initiales, il a déclenché une répression féroce. Au moins 252 personnes ont été tuées. A Ispahan, les forces de répression ont tiré à balles réelles sur une manifestation, faisant plus d’une vingtaine de morts. Les arrestations se comptent par centaines. A Tabriz, le 26 octobre, 600 personnes ont été arrêtées. Cette répression déchaînée a permis au régime d’écraser physiquement de nombreuses manifestations, mais sans venir à bout de la mobilisation.

Les impérialistes occidentaux – Etats-Unis en tête – ont apporté un soutien hypocrite aux manifestants. Ce soi-disant « soutien » n’a rien à voir avec une quelconque préoccupation pour le sort des masses iraniennes. Les impérialistes américains, britanniques, français, etc., cherchent uniquement à profiter de la situation pour déstabiliser un régime ennemi – et pour tenter de placer à la tête du mouvement des éléments fidèles à leurs intérêts. Ainsi, la presse occidentale assure la promotion médiatique du fils de l’ancien Shah, le tyran sanguinaire renversé par la révolution de 1979. Les oppositions libérale et monarchiste – réunies sous la houlette des impérialistes – se démènent pour tenter d’apparaître comme les directions naturelles d’un mouvement dans lequel elles ne jouent strictement aucun rôle, sur le terrain. Mais les masses iraniennes ne sont pas dupes. L’un des mots d’ordre parmi les plus populaires, sur les barricades et dans les manifestations, est très clair : « Mort au tyran – que ce soit le Shah ou le Guide suprême [Khamenei] ! »

Perspectives

A ce jour, la mobilisation n’a pas faibli malgré la répression sanglante : cela prouve que la jeunesse iranienne n’a plus peur du régime. En soi, c’est un acquis majeur. Cependant, s’il ne remporte pas une victoire décisive, le mouvement finira par s’essouffler. La fatigue et la démoralisation gagneront des couches croissantes de jeunes et de travailleurs. Alors, la répression permettra à la dictature de reprendre le contrôle de la situation.

Pour triompher, la mobilisation doit réaliser deux tâches : elle doit mieux s’organiser, d’une part, et d’autre part mobiliser la majorité de la classe ouvrière dans une grève générale.

Il est vrai que d’importants progrès ont été réalisés en matière d’organisation, ces dernières semaines. Dans plusieurs villes kurdes et, au-delà, dans certaines universités et usines en grève, des comités révolutionnaires ont surgi. Mais leur isolement a permis au régime de les écraser ou de contenir leur influence.

Des comités révolutionnaires regroupant les jeunes et les travailleurs mobilisés doivent être mis sur pied dans tous les quartiers, toutes les universités et toutes les usines. Surtout, ils doivent se coordonner au niveau régional et national, de façon à préparer une puissante grève générale.

Les directions syndicales n’ont pas mis à exécution leurs menaces d’organiser une véritable grève générale. En conséquence, les grèves qui ont éclaté sont restées isolées et ont été réprimées une par une. Seule une grève générale illimitée permettra de paralyser l’appareil répressif de la République islamique, et donc de renverser le régime.

Le fait est qu’aucune organisation révolutionnaire n’existe en Iran, pour défendre cette stratégie. La tâche la plus urgente du moment est donc de construire une telle organisation, capable de lier les revendications démocratiques et sociales des masses à la nécessité de renverser le capitalisme iranien.

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