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Dès que les grands médias français parlent de la guerre en Ukraine, on songe à la célèbre formule : « La vérité est toujours la première victime d’une guerre ». Depuis plus de trois mois, nous sommes soumis à un incessant déluge de mensonges et d’hypocrisie. Les intérêts impérialistes en jeu sont masqués par des phrases ronflantes sur la « liberté » et « l’indépendance » de l’Ukraine. Vladimir Poutine est désigné comme le seul et unique responsable de ce conflit. En face, les puissances occidentales se présentent comme le Front uni pour la Paix, la Démocratie et le Progrès, sous la direction – notoirement pacifique – de l’impérialisme américain.

Volodymir Zelensky est élevé au rang de héros ; son régime est sanctifié. Ce faisant, les grands médias nient ou minimisent le rôle des unités néonazies qui combattent l’armée russe dans le Donbass. Les mêmes médias passent sous silence les mesures drastiques du gouvernement ukrainien contre les oppositions politiques. Pas un mot sur les lois spéciales contre les langues minoritaires : le russe, mais aussi le polonais, le hongrois, etc.

Pas un mot, non plus, sur les formes les plus délirantes de la propagande nationaliste ukrainienne, telles les déclarations d’Oleksandra Koval, directrice de l’Institut ukrainien du Livre. Dans une récente interview à Interfax-Ukraine, la plus importante agence de presse du pays, elle expliquait la nécessité de retirer des bibliothèques publiques quelque 100 millions d’exemplaires de livres de « propagande russe ». Parmi ces ouvrages, Madame Koval cite des livres pour enfants, mais aussi les romans de Pouchkine et Dostoïevski, deux géants du patrimoine littéraire de l’humanité.

L’Ukraine est victime d’un affrontement entre grandes puissances impérialistes. L’impérialisme russe défend sa zone d’influence régionale. Les impérialistes occidentaux défendent leurs intérêts contre ceux de la bourgeoisie russe. Cette guerre est complètement réactionnaire, des deux côtés. Et il est parfaitement clair, désormais, que l’impérialisme américain cherche à la prolonger non dans le but de « libérer l’Ukraine », mais dans le but d’infliger un maximum de dégâts à l’armée et à la puissance russes. Le sort du peuple ukrainien ne pèse absolument rien dans les calculs de l’administration américaine. Il ne pèse pas davantage dans les calculs du gouvernement Macron. En conséquence, le premier devoir du mouvement ouvrier français consiste à dénoncer les mensonges de notre gouvernement et à expliquer les intérêts impérialistes en jeu, dans cette guerre.

Inflation et récession

Nul ne sait combien de temps la guerre en Ukraine va durer. Une chose est sûre : plus elle se prolongera, plus elle pèsera sur l’économie mondiale, qui est confrontée à toute une série de problèmes majeurs. D’ores et déjà, la guerre a accentué les tendances inflationnistes qui se sont manifestées depuis le milieu de l’année 2021. Par exemple, les exportations de blé russe et ukrainien ont chuté, ce qui a contribué à faire bondir le prix de cette matière première dont dépend la survie de centaines de millions de pauvres à travers le monde. En réaction, plusieurs pays ont interdit ou limité les exportations de céréales, de façon à protéger leur marché intérieur, mais au risque d’aggraver la crise au plan mondial.

Sur les marchés de gros, le prix de la nourriture a bondi de 55 % en moyenne, depuis 2020, et de 17 % depuis le début de l’année 2022. Au-delà de la nourriture, l’inflation s’infiltre dans tous les secteurs de l’économie.

Pour lutter contre cette situation, les Banques Centrales sont obligées d’augmenter leurs taux d’intérêt et de réduire – voire d’interrompre – leurs politiques de rachats massifs de titres de dette publique. Autrement dit, après avoir arrosé les marchés avec d’énormes quantités de liquidités gratuites, pendant plus de dix ans, les banquiers centraux annoncent la fin des festivités.

Au point où en sont les choses, les effets de cette nouvelle politique monétaire sont très incertains. Le resserrement du crédit risque de provoquer d’abord une baisse de la production, et non de l’inflation. Comme l’expliquait récemment le Financial Times : « Les risques de récession, des deux côtés de l’Atlantique, sont désormais très élevés. Il est peut-être trop tard : le génie de l’inflation est sorti de la bouteille ; pour l’éliminer, les politiques monétaires devront provoquer une récession. […] Il reste possible d’éradiquer l’inflation élevée sans en passer par une profonde récession. Mais les chances d’un tel scénario sont désormais très faibles. »

Régression sociale

C’est dans ce contexte que le gouvernement Macron se prépare à infliger de nouvelles contre-réformes – à commencer par celle des retraites – à la masse de la population. Il est vrai qu’à ce jour les macronistes ne sont pas bavards sur les détails de leur programme. Tant que les sondages leur annoncent une victoire aux élections législatives, ils ont tout intérêt à parler d’autre chose, par exemple des piscines grenobloises. Mais s’ils remportent ces élections, ils passeront immédiatement à l’offensive contre nos droits, nos conditions de vie et nos conditions de travail, sous la dictée du Medef.

Nous avons dit ailleurs nos sérieuses réserves à l’égard de la NUPES, cette alliance nationale de la FI avec le PS, les Verts et le PCF. Toujours est-il que la NUPES est désormais la seule alternative concrète aux candidats de la droite et de l’extrême droite. Aussi appelons-nous à voter pour la NUPES, les 12 et 19 juin. Mais dans tous les cas, quel que soit le résultat des élections, des luttes de grande ampleur seront nécessaires pour faire échec à la régression sociale que le patronat veut nous imposer – et dont il a urgemment besoin, de son point de vue de classe, compte tenu du déclin relatif du capitalisme français. Ce déclin se lit dans le déficit commercial de la France, qui en 2021 battait tous les records : 85 milliards d’euros. La même année, l’Allemagne affichait un excédent commercial de 173 milliards d’euros.

La CGT a annoncé une « journée d’action » en septembre. En quoi sera-t-elle différente des innombrables « journées d’action » de ces dix dernières années, dont aucune n’a fait reculer le pouvoir en place ? C’est la question que de nombreux travailleurs se poseront. Si la direction confédérale de la CGT n’a rien d’autre à proposer, il faudra que l’impulsion vienne des bases syndicales et, plus largement, de la jeunesse et des travailleurs eux-mêmes. Il faudra qu’un mouvement de masse sorte des étroites limites des « journées d’actions » ponctuelles, sans lendemain ni perspectives.

A vrai dire, le développement d’un tel mouvement est inévitable, à un certain stade. Si Macron l’emporte en juin prochain, la combinaison de l’inflation et des contre-réformes constituera un cocktail explosif. D’emblée, le gouvernement sera très fragile. N’oublions pas qu’à peine 20 mois après la victoire de Macron, en 2017, le mouvement des Gilets jaunes plaçait la France au seuil d’une situation révolutionnaire. Or depuis, la colère des masses n’a pas cessé de croître.

La révolte de la jeunesse

La jeunesse, en particulier, sera aux avant-postes des grandes luttes à venir. Ses mobilisations spontanées, dans l’entre-deux tours des présidentielles, en furent le signe annonciateur. Il faut dire que tout concourt à pousser la jeunesse dans la rue. Pendant les divers confinements et couvre-feux, elle a été à la fois stigmatisée, abandonnée et appauvrie. Ces dernières années, son accès à l’enseignement supérieur et ses conditions d’études en général se sont énormément dégradés. Parcoursup et d’autres mécanismes de sélection ont creusé les inégalités entre étudiants.

De manière générale, de plus en plus de jeunes comprennent que le système capitaliste leur ouvre une seule perspective : l’aggravation indéfinie de la situation actuelle. Ils savent que nombre d’entre eux devront se contenter, au mieux, d’emplois précaires et mal payés. Ils observent avec indignation la passivité et les promesses creuses des gouvernements bourgeois face à la crise climatique. Ils abhorrent le racisme, le sexisme et toutes les oppressions dont se nourrit le capitalisme en crise. En bref, ils sont mûrs pour la révolution. A nous, désormais, de leur offrir les idées, le programme et l’organisation qui garantiront la victoire de cette révolution – qui ne pourra vaincre que comme révolution socialiste.


Sommaire

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