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Le vendredi 28 avril, les travailleurs et les syndicats brésiliens ont organisé avec succès la première grève générale depuis plus de deux décennies. Il s’agissait de protester contre les mesures d’austérité, en particulier contre la réduction drastique des pensions de retraite effectuées par le gouvernement corrompu de Temer.

Les travailleurs se sont mis en grève par millions et ont manifesté dans les grandes villes du Brésil. La grève générale a touché presque tous les secteurs de la classe ouvrière brésilienne : des travailleurs municipaux à ceux des transports publics, des taxis, des banques, des postes, des écoles aux universités et à l’industrie métallurgique...

Les routes, chemins de fer et aéroports étaient bloqués dans les grandes villes comme Sao Paulo, qui semblait littéralement paralysée. A Brasilia une foule en colère a tenté de marcher vers la maison du président Temer, mais a été arrêtée par la police à coups de flashballs et de grenades assourdissantes. La classe dirigeante brésilienne a cherché à multiplier les affrontements violents pour empêcher la contestation de s’étendre. La police brésilienne, connue pour sa férocité, a violemment attaqué les cortèges.

Cette répression n’a pas entamé la détermination des manifestants, qui ont défilé aux cris de « Dehors Temer et le Congrès National [1] ! ». Le journal Brasil de Fato a dénombré 35 millions de grévistes, ce qui en ferait la plus grande grève de l’histoire du Brésil.

Illégitimité et corruption

Temer cherche à relativiser ce succès, arguant que la grève ne serait le fait que de « petits groupes » et a promis qu’il poursuivrait sa politique d’austérité. Rien d’étonnant à cela. Mais en réalité la grève générale vient affaiblir davantage un gouvernement déjà très discrédité, dont le soutien s’est effondré à un maigre 10 % selon les sondages.

Il apparaît de manière toujours plus évidente que Temer et sa caste de politiciens corrompus défendent les seuls intérêts du capitalisme brésilien. Or celui-ci subit la crise mondiale, en particulier suite à la baisse de la demande en matières premières de la Chine et des pays développés. Les quelques réformes progressistes du passé sont désormais intolérables pour les capitalistes brésiliens qui réclament des attaques brutales contre les droits et le niveau de vie des travailleurs pour mieux défendre leurs propres profits et privilèges.

Un secteur de la classe dirigeante a choisi d’organiser la destitution parlementaire de Dilma et rompre avec le PT, malgré sa servilité, en raison de ses liens historiques avec la classe ouvrière. Cependant, le caractère illégitime de cette manœuvre a sauté aux yeux des masses, et fait tomber le masque de démocratie bourgeoise qui cache de plus en plus mal la dictature du capital.

Les révélations sur la corruption généralisée ont aggravé le discrédit du gouvernement aux yeux des masses. Une enquête a ainsi mis au jour un réseau de blanchiment d’argent et de corruption lié à l’entreprise publique Petrobras et à un certain nombre de politiciens. Les scandales ne touchent plus seulement le PT mais s’étendent à tous les partis politiques. La gangrène de l’État brésilien est claire pour tout le monde.

Lutte de classe

Dans le même temps, il est impossible de maintenir une vie décente pour la majorité des travailleurs et des pauvres. La moitié de la population brésilienne, soit plus de 100 millions de personnes, reçoit un salaire annuel inférieur à 4000 dollars. La récession, depuis deux ans, a fait grimper le taux de chômage à 15 %. Ce contexte explique le succès de la grève générale, après les grèves « sauvages » de certains secteurs ces derniers mois. Cela reflète la radicalisation qui s’est produite dans la classe ouvrière et montre que les travailleurs commencent à prendre les choses en main, face à la corruption et à l’absence de perspective.

En paralysant les grandes villes, la grève générale a aussi démontré le rôle fondamental de la classe ouvrière dans la société et exposé son potentiel révolutionnaire. La réorganisation de la société par les travailleurs eux-mêmes – le socialisme – est la seule perspective viable pour arrêter la régression permanente imposée par le capitalisme en crise.

Ces idées sont celles que nos camarades d’Esquerda marxista (« Gauche marxiste »), la section brésilienne de la TMI, ont défendues au sein du mouvement – comme à Joinville –, où ils ont organisé plus de 7000 manifestants en collaboration avec un syndicat local (Sinsej). Les mouvements de jeunesse socialistes comme Liberdade e Luta (« Liberté et lutte »), promu par nos camarades, connaissent aussi un succès croissant. C’est une anticipation de la période à venir, qui verra des couches toujours plus larges de la classe ouvrière s’investir dans la lutte de classes et ouvrir une époque de bouleversements révolutionnaires au Brésil.


[1] Le Congrès national est le nom du parlement brésilien, formé du sénat fédéral et de la chambre des députés.

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