Le 19 août dernier, à 6h30, quinze travailleurs du centre de tri des déchets de Romainville, en Seine-Saint-Denis, sont entrés sur le site et ont investi l’espace central de l’usine avec drapeaux et affiches de la CGT. Travailleurs « sans-papiers », ils se sont mis en grève illimitée pour obtenir leur régularisation. Les militants CGT des Unions Locales de Bobigny, de Noisy-le-sec, et de l’Union Syndicale de l’Intérim les accompagnent et les soutiennent jour et nuit.
Quinze travailleurs contre deux multinationales
Depuis le mois d’avril, les grèves de travailleurs sans-papiers se sont multipliées. Ce mouvement n’est pas près de s’éteindre. Aujourd’hui, plus de 900 régularisations ont été arrachées. Elles constituent une première fissure dans le mur du pouvoir. A Romainville, la lutte des quinze travailleurs a une dimension internationale. Il s’agit de faire plier les entreprises Veolia et Urbaser.
Par le recours à l’intérim, la multinationale française Veolia a exploité les travailleurs du site de Romainville pendant de nombreuses années – depuis 1992, pour le plus ancien d’entre eux. Depuis deux mois, la multinationale espagnole Urbaser, qui s’implante en France, a remplacé Veolia pour la gestion du centre de Romainville. Elle feint d’ignorer la situation. Mais elle est épinglée de longue date par les Commissions Ouvrières espagnoles, avec lesquelles nous sommes en contact.
Les revendications des grévistes sont claires et nettes :
1) Requalification des missions intérim en CDI. Certains salariés ont cumulé 300 missions intérim en 6 ans !
2) Réintégration des licenciés pour défaut de papiers (jusqu’où va l’hypocrisie !)
3) Démarches de l’entreprise, en préfecture, pour obtenir la régularisation de tous les sans-papiers.
Les négociations sont en cours avec les deux grands groupes et avec le SYCTOM (syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères). La détermination reste entière chez les grévistes.
Faire plier Veolia et Urbaser
Privés de droits, les salariés sans-papiers de Romainville, comme partout ailleurs, ne bénéficient ni de sécurité sociale, ni de retraite – alors qu’ils versent des cotisations dans les caisses de l’Etat. Nombre d’entre eux payent des impôts. Ils sont surexploités au quotidien : bas salaires, conditions de travail déplorables, brimades, menaces, changements de postes, licenciements arbitraires, etc. Et ils sont tous les jours à la merci d’une rafle policière.
Il leur a fallu beaucoup de courage pour se mettre à découvert, surprendre la direction de l’entreprise par un mouvement solide et la contraindre à la négociation. Et ils y sont parvenus. Leur porte-parole, secondé par la CGT, a été reçu et des discussions sont en cours.
La responsabilité du SYCTOM
Le problème de la privatisation de ce secteur n’est pas nouveau. Suite à une décision de la mairie de Paris, la CGT publiait le 2 juillet dernier un communiqué contre la privatisation de la collecte des ordures ménagères. Le SYCTOM, syndicat intercommunal qui regroupe la Seine-Saint-Denis et l’est parisien, est propriétaire du site de Romainville. Il en a confié récemment la gestion à Urbaser, avec « délégation de service public ». Comme toujours, le passage au secteur privé livre les travailleurs au bon vouloir du patron, qui foule au pied le peu de protections qui restent dans la dernière version du Code du Travail. La privatisation signifie une impunité totale pour les pratiques illégales de l’employeur, ainsi qu’un renforcement de l’exploitation éhontée d’une main-d’œuvre fragilisée, livrée à tous les dangers. Aujourd’hui, les grévistes mettent en demeure les quelque 60 élus du SYCTOM de faire cesser l’hypocrisie et la fraude, chez leurs prestataires.
L’affaire de tous les salariés
Depuis deux semaines, nous recevons de multiples soutiens et visites, sur le site de la grève. La solidarité doit encore s’amplifier. Tant que durera cette situation, les capitalistes continueront à jouer la division pour mieux détruire les droits de tous. Comme pour l’ensemble des travailleurs précaires (qui sont légion), les sans-papiers ont droit à des conditions d’existence dignes. Leur activité syndicale doit être reconnue. Ils font « tourner » la machine économique au profit des mêmes exploiteurs que les autres salariés. Même sans-papiers, ils sont d’abord des travailleurs. Rétablir ces salariés dans leurs droits est l’affaire de tous. La seule solution est leur régularisation. Et pour cela, notre soutien actif est déterminant !
Vous pouvez :
1) Envoyer un chèque pour le fonds de lutte à l’adresse suivante :
UL CGT Bobigny. Rue du 8 mai 45. Espace Maurice Miles. 93 000 Bobigny
Chèques à l’ordre de « Union locale CGT de Bobigny ». Inscrivez au dos du chèque : « Sans-papiers de Romainville »
2) Envoyer des messages de solidarité à :