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Grève d’ouvriers du métro parisien

Cela ne se passe pas en Chine ou en Arabie Saoudite, mais bien dans un chantier du métro de Paris, la capitale de la « patrie des Droits de l’Homme ». Du 23 au 27 janvier dernier, 32 ouvriers ont fait grève pour réclamer le paiement de leurs salaires, un contrat de travail et, pour certains, des papiers. Ces ouvriers exténués, qui travaillent « au noir », n’ont pas été payés depuis 2 à 8 mois. Ils avaient déjà fait grève en novembre et en décembre 2016.

Alors que de nombreuses luttes semblables restent enterrées dans les profondeurs du métro, celle-ci a pu sortir de la station Châtelet-les-Halles grâce à l’intervention de la CGT. Sollicité par les ouvriers, le syndicat a permis de mettre en lumière les conditions de travail déplorables imposées par l’entreprise FH Service, sous-traitant de Sogea TPI, elle-même filiale du groupe Vinci.

Amiante

Ces ouvriers travaillent de 22 h à 5 h du matin, sans pause. Les poussières toxiques, dont celles d’amiante, sont omniprésentes sur le chantier. Mais les ouvriers n’ont au mieux qu’un mini-masque – et souvent aucune protection. Dursun, ouvrier gréviste, est exaspéré : « On aimerait bien que quelqu’un vienne vérifier tout ça. On est traités comme des esclaves !» Plusieurs accidents ont eu lieu, mais ils ont été déclarés par le patron comme des « accidents domestiques ».

Hypocrisie

Parmi la trentaine de grévistes, il y a cinq travailleurs sans-papiers, dont un demandeur d’asile sans autorisation de travail. « On demande la régularisation de ces cinq travailleurs. Cette situation est intolérable », s’indigne un syndicaliste de la CGT. Au passage, on voit bien ici l’hypocrisie du patronat concernant l’immigration. Il la critique pour nourrir les idées racistes – mais, derrière, il en tire un maximum de profits. Dans un communiqué, la CGT exige la fin de cette barbarie : « Sogea TPI, filiale de Vinci, 1er groupe du BTP du CAC 40, doit régler l’ensemble des salaires des travailleurs de FH Service. Et la RATP, maître d’ouvrage, doit appuyer les demandes de ses salariés ».

Vinci a vu son bénéfice net augmenter de 22,5 % en 2016, soit 2,5 milliards d’euros. Il semble donc qu’elle a les moyens de payer ces travailleurs !

Cette grève n’est que la partie émergée de l’iceberg. On recense près d’une centaine de travailleurs dans une situation similaire sur plusieurs des 250 000 chantiers annuels gérés par des filiales du groupe Vinci. Comme le souligne Christian Renard, délégué CGT à Vinci : « Cette grève, c’est l’occasion de mettre un coup d’arrêt à ces pratiques (…) récurrentes sur des chantiers où opèrent des sous-traitants en cascade ».

Les travaux du Grand Paris seront pharaoniques. Le patronat aura besoin d’un maximum de main-d’œuvre, la moins chère possible. Il ne fait aucun doute que le recours aux sans-papiers et demandeurs d’asile sera monnaie courante.

Une première victoire

La grande majorité des grévistes vient de Turquie, certains d’Europe de l’Est. C’est dans la lutte que les travailleurs s’unissent et prennent conscience de leur force, comme nous l’explique l’un d’entre eux : « Nous sommes turcs, kurdes : ici cela n’a pas d’importance. Ce qui nous mobilise, c’est que nous n’avons pas de contrat de travail, pas de fiche de paye et pas de salaire depuis plusieurs mois ».

La lutte avance : après 5 jours de grève encadrée par la CGT, l’entreprise FH Service s’engage à payer les salaires de décembre et janvier. Vinci embauchera 21 des ouvriers en CDD pour la durée du chantier. Quant aux cinq ouvriers sans-papiers, une filiale de Vinci les recrutera en CDI et leur situation sera régularisée.

Mais toucheront-ils les 6 mois d’arriérés de salaires, pour certains, de l’année 2016 ? Le patron versera-t-il les arriérés de cotisations sociales qu’il doit à l’URSSAF ? Rien n’est moins sûr. « La grève a payé, mais le combat n’est pas terminé et à tout moment, la grève pourrait reprendre », a prévenu le syndicaliste Christian Renard. 

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