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Fin mai, la Deutsche Bank, qui est la première banque privée d’Allemagne et la neuvième mondiale, a été perquisitionnée par la police. Une semaine plus tard, c’était Goldmann-Sachs (troisième banque des Etats-Unis et douzième banque mondiale) qui voyait les policiers américains débarquer dans ses locaux. Ces deux banques sont en effet soupçonnées d’avoir fraudé sur la véritable nature des investissements labellisés « Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance » (ESG) qu’elles proposaient sur les marchés boursiers. Le label « ESG » est censé évaluer la bonne qualité environnementale ou sociale d’une entreprise, pour proposer des investissements « responsables ». Les institutions de régulation boursière allemande et américaine soupçonnent la Deutsche Bank et Goldmann-Sachs d’avoir mis en place un véritable « greenwashing boursier », en glissant sous le label « ESG » des actions d’entreprises qui sont en réalité très polluantes.

Une bulle spéculative « éco-responsable » ?

Contrairement à ce que prétendent les journaux réformistes qui affirment que ces enquêtes des régulateurs boursiers visent à défendre l’environnement contre les spéculateurs, l’objectif est tout autre. Il s’agit de protéger les marchés contre le développement d’une bulle spéculative. Dans le contexte de la crise climatique, nombre de capitalistes souhaitent améliorer leur image en investissant dans des entreprises « vertes » à travers ces fonds « ESG ». Les investissements dans la lutte contre le dérèglement climatique ont donc atteint des sommets : ce marché devrait atteindre les 3 000 milliards de dollars cet été. Cela fait craindre à de nombreux économistes que cette course aux investissements « éco-responsable » ne finisse par dégénérer en une bulle spéculative dont l’éclatement pourrait être catastrophique (le récent krach de la bulle des crypto-monnaies n’est pas pour les rassurer). Comme le résume la Banque Centrale Européenne, « le greenwashing pose un risque pour la stabilité financière ».

Les différents gendarmes économiques aux Etats-Unis et en Europe préparent donc une nouvelle réglementation de ces marchés, pour tenter de limiter ce risque. Là encore, rien de vraiment « éco-responsable ». Ces nouvelles règles devraient par exemple permettre à des entreprises spéculant sur les énergies fossiles d’être classées sous ce fameux label « ESG ». La France et l’Allemagne ont même essayé de faire classer le gaz et le nucléaire comme « énergies vertes » par le Parlement européen. Ces nouvelles réglementations ne lutteront donc pas contre le « greenwashing boursier », elles se contenteront de l’encadrer pour tenter de garantir la « stabilité » des profits qu’il génère. Le capitalisme est incapable de lutter contre la crise climatique. Alors que la catastrophe menace, ils n’y voient qu’une occasion de spéculer au Casino de la bourse.

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