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Un meeting devait se tenir dans un amphithéâtre de l’université de Nanterre, le 30 novembre, à l’initiative du « Comité de soutien à la Palestine » de cette faculté. Mais le 29 novembre, à 22 heures, la Présidence de l’université annonçait par un mail que « contrairement à l’accord donné [aux organisateurs] le lundi 27 novembre », le meeting « ne pourra pas se tenir dans les locaux de l’université ». En clair, la Présidence interdisait de facto le meeting, la veille de sa tenue.

Le motif invoqué par la Présidence ne manque pas de sel : « aucune organisation en lien avec l’université n’est organisatrice du meeting », écrit-elle. C’est un mensonge d’autant plus ridicule qu’il figure dans un mail envoyé… aux organisations actives sur la fac de Nanterre – dont Révolution, la France insoumise, la FSE, le Poing Levé, Alternative et Arène – qui constituent ce « Comité de soutien à la Palestine ».

Un mensonge aussi absurde a évidemment pour fonction de cacher le véritable motif de cette décision anti-démocratique. Ce motif est très clair : la Présidence a capitulé sur toute la ligne face aux pressions médiatiques et gouvernementales qui se sont exercées, ces dernières semaines, sur le thème : « la faculté de Nanterre est un nid d’antisémites ». CNews, Le Figaro et d’autres médias pro-israéliens ont multiplié les calomnies contre la gauche étudiante de Nanterre. Par exemple, le 17 novembre, Le Figaro publiait un article intitulé : « "Mort aux Juifs" : à la fac de Nanterre, l’antisémitisme prospère ». Le chapeau de l’article précisait : « Tags, menaces, réunions pro-Palestine : des militants d’extrême-gauche y font régner un climat toujours plus hostile. »

Les journalistes du Figaro apportent-ils la moindre preuve que les organisations « d’extrême gauche », à Nanterre, défendent le slogan « Mort aux Juifs » ? Non, bien sûr, car aucune organisation de gauche ne le défend. Mais peu importe aux journalistes du Figaro, car ils ont besoin de ce slogan fasciste pour le jeter dans le même sac que l’organisation de « réunions pro-Palestine ». La manœuvre est archi-connue ; elle est à l’œuvre jour et nuit, dans les médias bourgeois, depuis le 7 octobre dernier : quiconque s’oppose au massacre des Gazaouis par l’Etat israélien – et à l’oppression des Palestiniens en général – est taxé d’antisémitisme.

Alertée par Le Figaro, CNews et consorts, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, est venue en personne sur la faculté de Nanterre, le 21 novembre, pour déplorer qu’une « minorité de personnes d’extrême gauche » s’y livre à de la propagande et à des « menaces » antisémites. Elle s’est bien gardée, elle aussi, d’apporter la moindre preuve à l’appui de cette affirmation. A quoi bon ? Il suffit de croire ce que racontent les journalistes ô combien scrupuleux du Figaro et de CNews.

La veille de la visite de Sylvie Retailleau, le Président de l’université de Nanterre, Philippe Gervais-Lambony, a pris les devants et publié un communiqué dans lequel il affirmait que « l’université constitue un lieu où la préservation de la liberté d’expression et le débat sont cruciaux », avant d’avertir : « nous condamnerons tout propos ou acte qui dépasserait les limites de la liberté d’expression ». Ces limites, poursuit-il, ce sont les faits, les actes et les propos « à caractère antisémite ou raciste ». Hélas, la suite des événements – c’est-à-dire l’interdiction du meeting du 30 novembre – a montré que dans sa définition de l’antisémitisme, la Présidence de la fac s’est inspirée des amalgames calomnieux du Figaro, de CNews et de Sylvie Retailleau.

Le soir du 30 novembre, le meeting a été remplacé par des prises de parole à l’extérieur du bâtiment Grappin. Une cinquantaine de personnes étaient présentes. Un camarade de Révolution a pris la parole pour défendre notre position sur la lutte du peuple palestinien. On met au défi la Présidence d’y trouver la moindre trace d’antisémitisme.

L’interdiction du meeting est loin d’être la seule mesure anti-démocratique prise par la Présidence de l’université de Nanterre, ces derniers mois. Depuis la rentrée de septembre, les organisations de gauche sont soumises à un contrôle très strict de leurs activités, ainsi qu’à d’interminables tracasseries administratives lorsqu’elles veulent obtenir une salle pour se réunir. Elles n’ont plus le droit de tenir une table de presse dans les allées de la faculté, au nom de la « lutte contre le terrorisme » ! Les vigiles de la faculté sont mobilisés par la Présidence pour empêcher les militants de diffuser leur matériel politique. Bien souvent, ces travailleurs sont mécontents, à juste titre, de jouer ce rôle de police politique.

Le fait est qu’on assiste à une nette régression des droits démocratiques sur la faculté de Nanterre. Il est grand temps de réagir. Révolution appelle toutes les organisations de gauche de la faculté à se réunir rapidement pour préparer une vaste campagne, à l’attention des étudiants et personnels de cette faculté, pour protester contre les restrictions scandaleuses de la liberté d’expression sur ce campus.

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