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Alan Woods

Du 11 au 16 octobre derniers, le réseau Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme a organisé une série de réunions publiques avec le théoricien et militant marxiste Alan Woods. La Riposte soutenait cette initiative, qui a rencontré un grand succès.

Les réunions, sur « la crise du capitalisme et l’actualité du marxisme », ont eu lieu à Rouen, Niort, Toulouse, Alès, Lyon et finalement à Paris. Elles se sont déroulées sur fond de mobilisations et de grèves contre la réforme des retraites. La façon dont Alan abordait son exposé variait d’une réunion sur l’autre. Mais, généralement, il commençait par souligner l’importance de la lutte en cours contre le gouvernement Sarkozy : « le combat des travailleurs français est une inspiration et un encouragement pour les travailleurs de toute l’Europe, qui font partout face à des attaques semblables à ce que subissent les travailleurs de France. »

Alan insistait sur le fait que les salariés possèdent un pouvoir colossal, en raison du rôle qu’ils jouent dans l’économie : « pas une ampoule ne brille, pas une roue ne tourne, pas un téléphone ne sonne sans l’aimable permission de la classe ouvrière ». Le problème, c’est que la grande majorité des travailleurs ne sont pas conscients de ce pouvoir. En outre, les gens qui sont censés diriger le mouvement ouvrier, à la tête des syndicats et des partis de gauche, ne font rien pour l’expliquer aux salariés.

Alan passait ensuite à la question de la crise économique mondiale, et en particulier sur la crise aux Etats-Unis et en Europe. Il a expliqué qu’il s’agissait, au fond, d’une crise classique de surproduction capitaliste. L’expansion massive du crédit, conjuguée à la restauration du capitalisme en URSS, en Europe de l’Est et en Chine, avait permis pendant un certain temps de reporter la crise à plus tard – mais au prix de préparer une crise encore plus profonde.

« Il faut réarmer le mouvement ouvrier avec les idées, les principes et le programme du marxisme révolutionnaire », soulignait Alan. Le PCF, comme les autres partis des travailleurs en Europe, doit se fixer comme objectif la nationalisation des banques et de l’ensemble du secteur financier, des assurances etc., ainsi que des différents secteurs de l’industrie et de la grande distribution. Il insistait sur la différence entre le socialisme authentique – qui signifie le contrôle et la gestion démocratique de l’économie et de l’Etat, à tous les niveaux – et la monstrueuse caricature du socialisme qui existait en URSS et en Europe de l’Est.

A Rouen, l’assistance à la réunion était largement composée de jeunes communistes de l’UEC et de jeunes membres du PCF. C’est une région où les idées marxistes défendues par La Riposte commencent à attirer l’attention des communistes, notamment depuis la présentation du texte Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme, lors du 34e Congrès du parti. Le réseau qui a repris le nom de ce texte va certainement s’y développer davantage, dans les mois et les années à venir.

A Niort, malgré la manifestation qui avait eu lieu dans la journée, le 12 octobre, la réunion fut un grand succès. Elle était présidée par Joseph Coutant, militant communiste et syndical. Le discours d’Alan fut très apprécié. Nous voudrions remercier chaleureusement la fédération du parti et tous les communistes de Niort qui ont contribué au succès de cette réunion.

L’étape suivante était Toulouse. Pour des raisons qui lui appartiennent, la direction fédérale du parti avait refusé que cette réunion ait lieu dans les locaux du parti. Elle s’est donc tenue dans un amphithéâtre de l’Université du Mirail. En l’occurrence, cela n’a pas empêché quelque 80 personnes de venir écouter l’exposé d’Alan. Il y avait un bon mélange d’étudiants et de travailleurs, dans la salle. La réunion était présidée par Hubert Prévaud, du PCF et de la CGT.

A Alès, dans les Cévennes, une ancienne région minière dotée de grandes traditions militantes, plus de 40 camarades ont assisté à la réunion. D’autres camarades ont transmis leurs excuses : ils étaient impliqués dans d’autres réunions et activités en lien avec le mouvement contre la réforme des retraites, qui à Alès fut très impressionnant. Au cours de la discussion qui a suivi l’exposé d’Alan, une jeune militante communiste, Julie, a fait une intervention passionnée sur la nécessité de ramener le PCF et le MJCF vers les idées du marxisme. Elle a appelé les camarades qui ont quitté le parti à y revenir et à le construire sur des bases plus solides.

A Lyon, 25 personnes ont fait le déplacement. Des camarades venus de Grenoble nous ont raconté une anecdote qui illustre bien la colère de larges couches de la population. Lorsqu’un petit commerçant grenoblois, qui s’étonnait que des militants achètent une très grande quantité d’oeufs, a compris à quoi ils servaient – décorer la façade et les vitrines du siège local du MEDEF –, il leur a immédiatement offert toute une caisse de tomates, histoire de rajouter un peu de couleur !

La tournée s’est achevée à Paris, dans les locaux de la section PCF du 18e arrondissement. Avec 45 personnes présentes, la salle était bondée. Compte tenu du fait qu’une grande manifestation venait à peine de se terminer, ce jour-là (16 octobre), ce fut un franc succès. La vidéo de cette réunion a été mise en ligne sur notre site.

De nombreuses questions ont été posées à Alan sur différents aspects de l’actualité nationale et internationale. Bien sûr, le mouvement sur les retraites, qui était à son apogée lors de ces réunions, revenait régulièrement dans le débat. Mais la question de la Chine revenait assez souvent, elle aussi. Quel est son rôle dans l’économie mondiale ? Et quelle est la nature du régime chinois ? Alan répondait que le PC chinois était en train de restaurer le capitalisme, dans le pays. Dans les entreprises géantes construites par les capitalistes, en Chine, les conditions de travail sont infernales. La surexploitation des travailleurs chinois et l’absence de droits démocratiques intéressent au plus haut point les investisseurs étrangers. Sur le plan économique, la forte croissance de la production chinoise, ces dernières années, a inondé les marchés mondiaux de marchandises, ce qui a aggravé la crise de surproduction en Europe et aux Etats- Unis.

Plusieurs questions portaient sur les causes de la dégénérescence bureaucratique de l’URSS, sur les perspectives pour les révolutions cubaine et vénézuélienne, le programme économique du socialisme, la théorie économique de Marx, le keynésianisme... Il y avait aussi des questions sur la révolution de Mai 68, sur l’histoire du PCF et son rôle dans la lutte contre le capitalisme, sur le rôle de la violence au cours d’une révolution, sur la situation politique en Grande-Bretagne depuis l’arrivée au pouvoir de la droite, ou encore sur les perspectives économiques et sociales pour la Grèce, dont l’économie est au bord de l’effondrement.

Les problèmes relatifs à l’état de la gauche française figuraient assez largement, dans les débats. Le NPA est-il une alternative viable ? Quelle est la meilleure façon de militer contre le capitalisme ? Alan conseillait aux militants qui veulent lutter sérieusement pour la cause du socialisme de rejoindre le PCF. « Ce parti a une longue tradition de luttes », expliquait-il, « et peut sérieusement se développer dans la période à venir. Mais en même temps, pour que le parti puisse vraiment accomplir la tâche pour laquelle il a été créé – en finir avec le capitalisme – il faut le ramener aux idées du marxisme et le doter d’un programme authentiquement révolutionnaire. »

Il est clair que chez les communistes, les militants syndicaux et les jeunes, il y a un intérêt croissant pour les idées du marxisme. Nous remercions tous les camarades qui ont rendu cette tournée de réunions possible. Compte tenu de sa réussite, nous avons convenu avec Alan de renouveler l’expérience l’année prochaine.

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