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En 2015, l’Organisation Mondiale de la Santé classait le glyphosate parmi les cancérogènes probables. Or cette molécule est le composé actif du célèbre Roundup, ce désherbant commercialisé par la multinationale Monsanto et utilisé dans le monde entier. Chaque année, en France, 10 000 tonnes en sont déversées. Sans surprise, des études scientifiques ont démontré sa présence dans nos urines. Ainsi, toute la population est au contact d’un agent probablement dangereux pour la santé. L’interdiction du glyphosate, réclamée par des partis de gauche et de nombreuses associations, est une évidente nécessité.

Cependant, Monsanto et le patronat du secteur agricole pèsent de tout leur poids pour dissuader les gouvernements d’interdire le glyphosate. Pour Monsanto, ce produit représente 4 milliards d’euros de chiffres d’affaires par an. Pour défendre cette manne, les dirigeants de Monsanto sont prêts à tout, y compris à manipuler le monde scientifique à coup de lobbying « musclé » (et généreux). Ils peuvent aussi compter sur deux autres alliés, en France : l’Etat et les gros exploitants agricoles de la FNSEA (la bourgeoisie agricole, en somme). La FNSEA milite activement contre l’interdiction du glyphosate, qu’elle considère comme indispensable pour maintenir le rendement des exploitations agricoles. L’Etat, de son côté, est au petit soin avec le patronat. La boucle est bouclée. L’interdiction du glyphosate, en France et en Europe, a donc été renvoyée « à plus tard », on ne sait pas quand : cinq ans, sept ans, dix ans – un jour peut-être. Et Nicolas Hulot, ridicule, acquiesce.

Les industriels du secteur phytosanitaire, les gros exploitants agricoles et les politiciens bourgeois n’imaginent pas d’alternative à l’agriculture intensive conventionnelle. Pourtant, les études menées par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) soulignent que d’autres modes de production agricole atteignent des rendements importants sans désherbant. Par exemple, la permaculture a démontré sa rentabilité. De manière générale, les progrès et les réflexions scientifiques en matière de production agricole attestent qu’il est possible de se passer de produits chimiques, voire d’OGM. Mais le problème ne réside pas dans l’absence de solutions ; il réside dans l’absence de volonté politique du fait de puissantes pressions économiques.

L’Etat protège la propriété privée des surfaces agricoles et les profits des gros capitalistes du secteur. Et l’anarchie du marché plonge tous les agriculteurs – petits et gros – dans une course infernale au rendement et au moindre coût. Le capitalisme exploite la terre comme il exploite l’homme : sans vergogne. Une rupture avec ce système – et donc avec la propriété privée des terres arables – est nécessaire pour en finir avec les Roundup et compagnie. L’ensemble de ce secteur, de l’exploitation à la distribution en passant par les organismes de financement (les banques), doit faire l’objet d’une planification rationnelle, soucieuse d’équilibre écologique et de santé publique.

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