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Un rapport du MEDEF de 2004 préconisait l’instauration d’un « véritable pouvoir de contrôle » sur les chômeurs indemnisés et des « facilités » pour leur supprimer leurs allocations. Lors de l’Université d’été des patrons, qui fut par la même occasion celle des grands médias, Sarkozy a pleinement satisfait Parisot et ses amis en promettant d’agir en ce sens d’ici la fin de l’année – et a ainsi confirmé sa détermination à servir les intérêts de sa classe.

Reléguer une partie du salariat dans la « réserve » des chômeurs a toujours été, pour le patronat, un moyen privilégié de peser sur les salaires et les qualifications de ceux qui travaillent. Mais dans leur course infernale à la régression sociale, les capitalistes veulent passer à un cran supérieur dans l’exploitation et l’instrumentalisation du chômage.

Sous couvert de simplification, de rationalité, d’efficacité et d’économies, la fusion de l’ANPE et de l’UNEDIC répond exactement à cette exigence. Elle entreprend de culpabiliser par le contrôle et de soumettre par la privation des minima sociaux tous ceux qui n’auraient pas compris que les besoins du capitaliste priment sur leurs choix de vie. Elle introduit également parmi ses dispositions un contrôle des papiers des travailleurs étrangers et leur signalement aux préfectures lors de l’inscription sur la liste des « demandeurs d’emploi ».

« Sécurisation des parcours »

La fusion de l’ANPE, établissement public d’Etat, et de l’UNEDIC, organisme privé dirigé paritairement par le MEDEF et des syndicats collaborationnistes, constitue un élément de la stratégie d’affrontement de classe concernant le statut des salariés du Public, le contrat de travail, la réforme du marché du travail, la « sécurisation des parcours » et le système d’indemnisation des chômeurs.

Concrètement, cette fusion facilitera le chantage à la perte des indemnités exercé contre tous ceux qui refusent un travail temporaire, sous-payé, pénible ou dangereux. Elle augmentera les radiations de chômeurs des listes des « demandeurs d’emplois », ce qui est un élément indispensable au trucage des chiffres officiels. Elle renforcera l’obligation de se soumettre à des formations dans des organismes privés choisis par l’Assedic, formations qui seront calquées sur les besoins immédiats de recrutement et financées par l’argent public. L’intimidation et le harcèlement administratif seront aggravés. Au final, il en résultera une augmentation de la précarité et de la flexibilité, une baisse du coût du travail et une pression accrue sur les salariés face aux risques d’un chômage de moins en moins indemnisé.

La fusion, c’est aussi la disparition programmée du service public de l’emploi, qui serait livré aux boîtes d’intérim, aux officines privées de placement et de réinsertion, qui rémunèrent déjà leurs actionnaires avec les cotisations des salariés, et qui peuvent percevoir jusqu’à 5000 euros par « demandeur d’emploi » sans avoir les mêmes obligations de résultats que les agents du Public. C’est, par le biais de filiales gérées comme des structures commerciales, faire évoluer l’ANPE vers un statut de droit privé, exactement comme France Télécom a été transformé, en l’espace de trois ans, en une Société Anonyme.

Casse des garanties collectives

Pour le personnel, la fusion signifie enfin la casse de leur statut et de leurs garanties collectives, leur transformation en auxiliaires de police, en dénonciateurs des chômeurs étrangers sans-papiers. Avec à la clé l’instauration d’une mobilité forcée vers les locaux Assedic pour simplifier le travail (les fameux « guichets uniques »).

Comme toujours, l’offensive du pouvoir pour soumettre les salariés de l’ANPE à ses projets se traduit par une intensification du travail, des pressions managériales, une obligation de résultats sur des objectifs individuels et des contraintes toujours plus lourdes. Des résistances se font jour. Mais à ce stade, les tentatives de mobilisation syndicale ont peu d’impact sur la grande masse des salariés. La perspective d’élections professionnelles dans l’ANPE, à la fin de l’année 2007, exacerbe les attitudes électoralistes et freine l’indispensable action revendicative unitaire. Alors que des échéances décisives se rapprochent, la CGT ANPE peine à faire privilégier l’action sur les réunions et autres « négociations » avec la direction.

Dernièrement, quatre organisations syndicales de l’ANPE (CGT, SUD, SNU et FO) se sont prononcées contre la fusion. La CGC, par contre, prend acte de la fusion, mais revendique un Etablissement public ainsi qu’un statut réglementaire pour le personnel et des avancées en termes de salaires et de carrière. L’UNSA est favorable à la fusion dès l’instant qu’elle aboutirait à un Etablissement et un statut publics. La CFDT « semble » être hostile à la fusion. La CFTC n’a pas de position à ce stade. Comprenne qui voudra, qui pourra, ou qui en aura la patience !

Luttes courageuses

C’est dans ces conditions qu’il faut apprécier les luttes courageuses qui ont lieu envers et contre tout. A La Réunion, en PACA, en Bretagne, en Bourgogne, en Auvergne, en Lorraine et en Île-de-France, des salariés quelquefois isolés s’opposent à leur hiérarchie, dans un premier temps sur le thème de la mobilité forcée. A Paris, 15 conseillers de l’agence Spectacles de la rue de Malte refusent leur mutation d’office.

Depuis le mois de juillet, 6 conseillers de l’agence de Bobigny (93) refusent la « délocalisation » de leur poste de travail vers les locaux de l’Assedic. Les intimidations, les pressions, les menaces et les sanctions n’ont pas entamé leur détermination. Ils sont frappés d’une réduction de salaire depuis le mois de septembre. Les agents de Bobigny luttent bien évidemment pour défendre leurs conditions de travail, mais, du même coup, ils tentent de mettre en échec leur direction sur tous les aspects de la fusion ANPE/UNEDIC. Ils sont activement épaulés par la CGT du 93 . Une pétition a déjà recueilli 600 signatures. La solidarité financière s’organise. Nous devons d’urgence populariser cette action et l’étendre dans un maximum d’agences.

La création de l’ANPE par un décret de Chirac, en 1967, n’avait pas pour but de faire disparaître le chômage. Il s’agissait simplement de réguler le marché du travail au profit du patronat de l’époque. Mais les appétits de plus en plus parasitaires de la minorité au pouvoir ont rendu cet établissement public obsolète, à ses yeux.

Malgré leurs limites, les principes de « neutralité » et d’« égalité de traitement » supposés être observés par les salariés de l’ANPE sont devenus un obstacle à l’exploitation accrue des travailleurs.

A la confusion dans laquelle les directions syndicales et politiques maintiennent ces travailleurs, nous devons opposer encore et toujours une solution claire et incontournable : l’établissement d’un service de l’emploi intégralement public, notamment par la nationalisation des agences d’interim.

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