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La Riposte n°60

L’économie française entre en récession. Cela signifie une nouvelle dégradation des revenus et des conditions de vie pour tous – sauf pour la minorité capitaliste qui en est responsable. La « construction » de l’Europe capitaliste était finalement la destruction progressive des conquêtes sociales du mouvement ouvrier, en France et ailleurs. Après toutes les contre-réformes et tous les sacrifices imposés aux travailleurs depuis de nombreuses années, sous prétexte de « garantir la croissance », on se retrouve avec une baisse absolue de la production  ! Dans pratiquement toutes les branches de l’économie, l’heure est à la « décroissance ».

C’est particulièrement vrai dans le secteur industriel. La désindustrialisation de la France, entamée de longue date, s’est fortement accélérée. Selon Les Echos, près de 900 usines ont disparu en trois ans, dont 200 en 2011. Les capitalistes retirent leur argent – obtenu, comme on le sait, sur le dos des travailleurs – pour le placer ailleurs. L’emploi ne les intéresse pas, puisqu’ils ne travaillent pas. Seul le profit compte pour eux. Le recul de l’emploi dans le secteur industriel ne date pas d’hier. Entre 2000 et 2010, la rapacité capitaliste a détruit 500 000 postes. Mais le phénomène connaît une nette accélération, et ce avant que les conséquences de la récession actuelle ne se fassent sentir.

La hausse du chômage fait basculer des centaines de milliers de foyers dans la pauvreté. Le SMIC est à peine 15 % au-dessus du seuil de pauvreté. En conséquence, des millions de foyers se retrouvent sous ce seuil dès lors que l’un des adultes est au chômage, même si l’autre travaille. Environ 45 % des « travailleurs pauvres » gagnent le SMIC à temps plein. Les autres ont des CDD à répétition, des contrats de saisonniers, des temps partiels imposés, des contrats aidés ou font de l’intérim à la journée, etc. Nous n’avons pas de statistiques fiables sur l’ampleur actuelle de ce désastre social. Mais selon l’Observatoire des inégalités, près de 4 millions de personnes vivent dans un ménage pauvre dont le chef de famille dispose d’un emploi, en tenant compte de l’ensemble des ressources. Qu’en sera-t-il en 2012 et 2013, sous l’impact de la récession ? Quand on ajoute les chômeurs à cette masse de salariés pauvres, dans un contexte de récession économique, on commence à se faire une idée de l’ampleur de la catastrophe sociale dont le capitalisme est responsable.

Sous le capitalisme, seul le profit privé justifie l’investissement. L’industrie et l’ensemble de l’économie, ainsi que le niveau de vie de la masse de la population, sont suspendus à la « confiance » des milieux capitalistes. Confiance en quoi ? En leurs perspectives d’enrichissement personnel. Pour assurer cet enrichissement, le reste de la société est condamné à s’appauvrir. L’Etat est ruiné. L’argent manque pour l’éducation, pour la santé, pour les retraites, pour le logement, pour tout ce qui concourt, en somme, à l’intérêt public, à une existence civilisée et digne. Et cette crise des finances publiques coexiste avec l’accumulation de fortunes personnelles colossales. Prenons quelques exemples, en gardant à l’esprit que le budget de l’Education Nationale est de l’ordre de 45 milliards d’euros – et le déficit public annuel d’environ 150 milliards. La fortune personnelle de Bernard Arnault (LVMH) est de 21 milliards, celle de la famille Mulliez aussi. Bettencourt a 18 milliards, la famille Puech (Hermes) 12 milliards, la famille Pinault (PPR) 8 milliards. Nous pourrions allonger la liste. Mais il doit être évident pour tout le monde que la classe qui, grâce à la propriété privée des moyens de production et l’exploitation des travailleurs, possède les moyens de régler les problèmes financiers de l’Etat n’est autre que la classe capitaliste. Cette classe doit être expropriée dans l’intérêt public. Mais l’abolition du capitalisme ne signifie pas seulement l’abolition des privilèges. Cela signifie avant tout la possibilité d’organiser la société rationnellement, dans l’intérêt de tous. Au lieu d’être des machines tournées contre les intérêts fondamentaux de la majorité, l’économie et l’appareil gouvernemental doivent être sous son contrôle et à son service.

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