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Une nouvelle vague de l’épidémie s’est engagée, en France, suivant une courbe qui monte très rapidement. Lundi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, déclarait : « la dynamique de l’épidémie est extrêmement forte, avec une vague plus rapide et une pente plus raide que toutes les précédentes ». Certains experts considèrent qu’il pourrait y avoir une nouvelle saturation du système hospitalier. Une chose est sûre : l’épidémie n’est pas « derrière nous ». Et cette année, elle flambe au cœur de l’été.

C’est dans ce contexte que s’ouvre, au Parlement, la discussion sur le passe sanitaire et l’obligation vaccinale pour certaines catégories de salariés. Ces deux mesures, annoncées le 12 juillet par Macron, suscitent de vifs débats. Quelle position le mouvement ouvrier doit-il défendre ? Et sur quels mots d’ordre doit-il mobiliser la jeunesse et les travailleurs ?

L’opposition à l’obligation vaccinale et au passe sanitaire ne doit pas se fonder sur le principe – trop abstrait, en l’occurrence – de « liberté individuelle ». N’oublions pas que les capitalistes défendent sans cesse leur « liberté individuelle » d’exploiter, de précariser et de licencier. Nous devons fonder notre position et nos mots d’ordre sur un point de vue de classe concret. Il s’agit de défendre les conditions de vie, les conditions de travail, la santé et les droits démocratiques des salariés et de toutes les couches opprimées de la population.

L’obligation vaccinale

Premièrement, nous devons rejeter fermement toutes les sanctions (financières ou autres) à l’encontre des salariés qui refuseraient de se faire vacciner. Autrement dit, nous devons rejeter l’obligation vaccinale – non parce que nous serions opposés à la vaccination (nous y sommes favorables), mais parce que nous devons défendre l’emploi et les salaires des travailleurs. Nous devons refuser que des salariés payent des pots cassés par la classe dirigeante et son gouvernement. Ces derniers sont entièrement responsables du chaos sanitaire, du manque de lits et de personnels soignants dans les hôpitaux, du fiasco de la politique de tests et de la criminelle lenteur de la campagne vaccinale entre janvier et avril derniers. Les grands capitalistes sont aussi responsables de la méfiance qui existe, dans une fraction de la population, à l’égard d’un vaccin produit par des multinationales uniquement intéressées par leurs profits. La méfiance à l’égard du vaccin reflète souvent une méfiance – absolument fondée – à l’égard de la classe dirigeante, de son gouvernement et de leur « système ».

Les salariés des secteurs que le gouvernement veut soumettre à l’obligation vaccinale doivent disposer gratuitement, en quantité suffisante, de tout ce qui est nécessaire pour se protéger et protéger les autres : masques FFP2, gel hydro-alcoolique, etc. Ils doivent pouvoir se faire tester gratuitement et aussi régulièrement qu’ils le souhaitent. Dans chaque établissement de santé publique, les salariés et leurs syndicats doivent prendre en main l’organisation du travail et décider eux-mêmes de toutes les mesures nécessaires pour se protéger et protéger les malades, y compris l’affectation du personnel non vacciné aux tâches appropriées. Tout ceci doit s’accompagner des embauches massives dont le système de santé publique a urgemment besoin. Mais en aucun cas le gouvernement ne doit imposer, sous menace de sanctions, la vaccination des salariés. C’est une ligne rouge que la gauche et le mouvement syndical doivent défendre fermement.

Si l’on veut accélérer la campagne de vaccination, il faut embaucher massivement du personnel pour aller au plus près des populations les plus pauvres et les plus isolées, qui sont aussi, de loin, les moins vaccinées. Depuis des mois, des médecins alertent le gouvernement sur l’urgence d’une campagne massive et systématique dans les quartiers populaires de nos villes. Mais rien de sérieux n’a été organisé par le gouvernement. Macron préfère échanger des plaisanteries avec des Youtubers à la mode : cela coûte beaucoup moins cher. Mais c’est totalement inefficace lorsqu’il s’agit de vacciner des couches de la population pour lesquelles, parfois, prendre rendez-vous sur Doctolib ne va pas de soi.

De même, il faut embaucher le personnel requis pour planifier systématiquement et massivement le « tester, tracer, isoler ». Depuis le début, le gouvernement s’est avéré incapable d’organiser sérieusement cette politique de tests, faute de vouloir embaucher le personnel nécessaire. Et à présent, il veut rendre les tests payants ! C’est complètement absurde d’un point de vue sanitaire, en plus d’être discriminatoire : les plus pauvres renonceront à se faire tester.

En décidant de faire payer les tests « pour pousser les gens à se faire vacciner », le gouvernement atteint de nouveaux sommets d’irresponsabilité. La gauche et le mouvement syndical doivent défendre la gratuité des tests et exiger l’embauche massive de personnels pour, d’une part, développer la campagne vaccinale dans les couches les plus pauvres de la population, et d’autre part déployer une politique de tests massive et efficace.

Depuis le début de la pandémie, des dizaines de milliards d’euros ont été distribués aux plus riches, mais il n’y aurait « pas assez d’argent » pour faciliter la vaccination des plus pauvres et organiser sérieusement le dépistage des cas positifs ? C’est irrecevable. Aux riches de payer la crise !

Le passe sanitaire

La généralisation du passe sanitaire est une mesure annoncée dans l’urgence et la panique, au seuil d’une nouvelle vague de l’épidémie. Une fois de plus, le gouvernement vire de 180 degrés en 24 heures, faute d’avoir anticipé ce que, pourtant, de nombreux experts annonçaient de longue date.

Tel que l’avait présenté Macron, le 12 juillet, le passe sanitaire s’annonçait comme une improbable usine à gaz. On imaginait difficilement que les bars et les restaurants, notamment, seraient en mesure de contrôler le passe sanitaire et la carte d’identité de chacun de leurs clients. Depuis, le gouvernement a renoncé à demander aux patrons d’établissements de contrôler la carte d’identité. C’est la police – que le gouvernement a diplomatiquement exempté d’obligation vaccinale ! – qui s’en chargera, à coup de contrôles aléatoires.

Tout ceci n’est absolument pas à la hauteur de la gravité de la situation. Au lieu de mobiliser les moyens financiers et humains pour lutter efficacement contre l’épidémie, le gouvernement menace, contraint et fait payer le prix de sa propre incurie à la masse de la population. Pendant qu’il propose d’envoyer des policiers contrôler les clients d’établissements festifs, l’achat de masques pèse toujours aussi lourd dans le budget de millions de jeunes et de travailleurs. En conséquence, beaucoup renoncent à en acheter autant qu’il le faudrait, au risque d’être contaminés. La gauche et le mouvement syndical doivent exiger, de nouveau, la gratuité des masques.

Par ailleurs, tout le monde a remarqué qu’aucun passe sanitaire n’est requis à l’entrée de l’usine ou du bureau. La grande roue de la course aux profits doit continuer de tourner ! Face au développement de la quatrième vague, les salariés et leurs organisations syndicales doivent prendre des mesures de contrôle ouvrier, de façon à déterminer collectivement l’organisation du travail, les effectifs, leur rotation, et les horaires d’ouverture et de fermeture.

Enfin, le gouvernement se livre désormais à une sorte de démagogie vaccinale : « vaccinez-vous et tout sera réglé ! Vous pourrez enlever le masque partout et revivre normalement ! ». Ce n’est malheureusement pas aussi simple. D’après les scientifiques, la vaccination protège à 90 % (environ). Mais 90 %, ce n’est pas 100 %. Et aux formes graves de la maladie s’ajoute une multitude de formes très éprouvantes (dont les « Covids longs »). En misant tout sur le passe sanitaire, le gouvernement se livre à un nouveau « pari » morbide, alors que les précédents se sont tous mal terminés. Au final, l’ampleur de la quatrième vague pourrait emporter cet échafaudage incohérent et contraindre le gouvernement à décider de nouvelles restrictions « classiques » (fermetures, couvre-feux et confinements partiels), faute d’avoir pris des mesures efficaces.

Le chaos capitaliste

Le dimanche 18 juillet, Gabriel Attal fustigeait les opposants au passe sanitaire ; il y voyait la « frange capricieuse et défaitiste, très minoritaire, qui se satisferait bien de rester dans le chaos et l’inactivité ». Mais qui sont les véritables responsables du « chaos » sanitaire dont, en effet, nous sommes victimes depuis le mois de mars 2020 ? Ce ne sont pas les opposants au passe sanitaire. C’est la classe dirigeante et son gouvernement, le gouvernement dont Gabriel Attal est le porte-parole. Ce sont les grands capitalistes et les gouvernements successifs (dont celui de Macron) qui, depuis de nombreuses années, ont soumis l’hôpital public à des coupes drastiques. Le chaos, c’est le manque criant de lits et de personnels soignants ; c’est l’incapacité du gouvernement à organiser le « tester, tracer, isoler » de façon systématique et planifiée, faute d’y mettre les moyens financiers et humains ; ce furent la succession de décisions contradictoires, les déconfinements hasardeux et la lenteur criminelle, des mois durant, de la campagne vaccinale. Bref, le chaos est la conséquence d’une politique « sanitaire » entièrement subordonnée à la défense des profits de la classe dirigeante, quitte à sacrifier des dizaines de milliers de vies.

L’épidémie est loin, très loin d’être terminée. Par exemple, la quantité de doses de vaccins que produit Big Pharma est fixée en vue de réaliser les meilleurs taux de profits – et non en vue de vacciner un maximum de personnes à travers le monde. Le virus a donc tout le temps de muter sous des formes de plus en plus contagieuses, dangereuses et résistantes aux vaccins. « Qu’à cela ne tienne ! », déclare joyeusement Big Pharma : « nous produirons et commercialiserons de nouveaux vaccins ». De son point de vue, la pandémie est une aubaine.

Le mouvement ouvrier doit prendre acte de la contradiction frontale entre la santé publique et la course aux profits. Nous devons donner un contenu de classe clair – et une orientation anti-capitaliste – à la lutte contre la politique « sanitaire » du gouvernement. Outre les mesures d’urgence que nous avons développées ci-dessus, nous devons lutter pour l’ouverture de dizaines de milliers de lits, dans les hôpitaux, et pour la nationalisation, sous le contrôle des salariés, de l’ensemble du secteur pharmaceutique et hospitalier. Dans le même temps, nous devons souligner la complète faillite du capitalisme, ces 17 derniers mois, et défendre un programme qui oriente la jeunesse et le salariat vers une lutte décisive contre un système qui s’avère incapable de répondre aux besoins fondamentaux – sanitaires et autres – de la masse de la population. Tant que le capitalisme sera debout, les catastrophes sanitaires, économiques, sociales et écologiques vont se multiplier. Il est temps que la gauche et le mouvement syndical en tirent toutes les conséquences.

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