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Le congrès de la Tendance Marxiste Internationale (TMI) s’est tenu en Grèce du 28 juillet au 3 août derniers. Plus de 250 militants venus des quatre coins du globe ont discuté de la situation économique, sociale et politique à l’échelle mondiale, ainsi que des moyens de développer les forces de la TMI et ses capacités d’intervention dans la lutte des classes. 18 militants de Révolution y participaient.

Les deux premiers jours du congrès étaient consacrés à la discussion sur les Perspectives Mondiales. Le camarade Alan Woods (photo) a ouvert cette session par une analyse des causes et des conséquences de l’extrême instabilité – économique, sociale, politique, diplomatique et militaire – qui caractérise notre époque. Il a souligné les profondes contradictions qui minent l’économie mondiale et prolongent la crise qui a éclaté en 2008. La « reprise » dont parlent certains économistes bourgeois est en réalité très faible, fragile et limitée à quelques pays. Le « rebond » de l’économie américaine reste à confirmer, d’autant que la croissance des pays émergents continue de ralentir et que les pays européens se partagent entre faible croissance, stagnation et récession. Ainsi, la stagnation de l’économie française et, désormais, de l’économie allemande contredit les perspectives optimistes de certains observateurs. Dans ce contexte, n’importe quel incident – pas forcément de nature économique, d’ailleurs – peut faire plonger l’économie mondiale dans une nouvelle et sévère récession. La situation en Ukraine, par exemple, pourrait servir de catalyseur.

Les effets sociaux dévastateurs de la crise et des politiques d’austérité qui s’abattent sur les peuples, partout, préparent des modifications brutales de la situation politique et une explosion de la lutte des classes. Ce processus est déjà engagé. Après la vague révolutionnaire qui a balayé le monde arabe (et qui est loin d’être épuisée), il y a eu les explosions sociales au Brésil et en Turquie. Mais c’est aussi en Europe que, désormais, on observe une accélération de ce que Léon Trotsky appelait le « processus moléculaire de la révolution ». Les énormes quantités de colère et de frustrations qui se sont accumulées, sous la surface, font soudainement irruption sous différentes formes. Ainsi, après l’ascension rapide de Syriza en Grèce, l’émergence de Podemos en Espagne est un séisme politique.

Le rythme et les formes du processus seront différents dans chaque pays, mais les résultats des élections européennes de juin dernier ont clairement montré qu’une rupture de l’équilibre politique et social est à l’ordre du jour dans tous les pays d’Europe. Les marxistes doivent s’y préparer et exploiter toutes les opportunités qui s’ouvrent pour enraciner leurs idées et leur programme révolutionnaires parmi les éléments les plus radicalisés de la jeunesse et du salariat.

Après l’exposé introductif d’Alan Woods, des dizaines de camarades ont pris la parole pour rendre compte de la situation au Pakistan, en Afghanistan, aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil, au Mexique, au Venezuela, en France, en Grèce, en Espagne, en Italie et dans bien d’autres pays. Il y a des processus similaires à l’œuvre dans tous les pays, par-delà leurs particularités. Par exemple, on retrouve partout la même radicalisation d’une fraction de la jeunesse – radicalisation qui, à ce stade, s’exprime généralement à l’extérieur des grandes organisations traditionnelles du mouvement ouvrier. C’est une conséquence du gouffre qui sépare les idées réformistes des dirigeants du mouvement ouvrier et ses besoins politiques objectifs.

La situation en Espagne et les leçons de l’émergence de Podemos ont fait l’objet d’une session particulièrement intéressante, tout comme la situation en Ukraine et le rôle des impérialistes dans ce conflit. Deux camarades russes et un militant de l’organisation communiste Borotba, qui joue un rôle dirigeant dans la lutte contre le fascisme en Ukraine, étaient présents et ont pris la parole. Des Thèses sur l’UkraineThèses sur l’Ukraine et une résolution de Solidarité avec la résistante antifascisteSolidarité avec la résistante antifasciste en Ukraine ont été adoptées à l’unanimité des délégués (voir page 8).

Croissance de la TMI

L’enthousiasme suscité par les perspectives et les idées de notre congrès était renforcé par le constat d’une croissance régulière de la Tendance Marxiste Internationale. Présente dans une quarantaine de pays, la TMI enregistre pratiquement partout des progrès significatifs. C’est la conséquence de la supériorité des idées du marxisme, d’une approche tactique très flexible, mais aussi d’un intérêt croissant pour les idées révolutionnaires dans la jeunesse et le mouvement ouvrier, du fait de la crise et de ses terribles conséquences sociales.

Il est impossible de rendre compte, ici, de tous les progrès et succès des sections de la TMI. Donnons juste quelques exemples. Grâce à une orientation déterminée vers la jeunesse, notre section britannique a connu un développement rapide. En février dernier, elle a fondé la Fédération des étudiants marxistes de Grande-Bretagne, aboutissement d’un long travail pour enraciner des groupes marxistes dans des dizaines d’universités du pays. Grâce à la même orientation vers la jeunesse, les sections suédoise et suisse ont doublé leurs effectifs en un temps record – ce qui leur permet, en retour, d’intervenir plus efficacement dans les grandes organisations politiques et syndicales des travailleurs. Nos camarades au Canada et aux Etats-Unis ont connu des succès semblables, grâce à la même approche.

La section brésilienne est intervenue énergiquement dans les luttes massives qui secouent le Brésil depuis plus d’un an, notamment autour de l’organisation de la Coupe du monde de football. Sa campagne pour la gratuité des transports, de l’éducation et de la santé a rencontré un grand succès et lui a permis de gagner de nombreux militants. En Italie, le déclin rapide du Parti de la Refondation Communiste, dont nos camarades constituaient l’aile marxiste, les a décidés à se tourner à nouveau plus systématiquement vers la jeunesse étudiante et lycéenne, ce qui porte ses fruits, là aussi. Cela renforce le travail remarquable de nos camarades italiens dans le mouvement syndical et les luttes des travailleurs, en particulier dans la métallurgie. Pour la première fois, un de nos camarades a été élu dans la plus haute instance de la CGIL (la CGT italienne), lors de son récent congrès national.

Adam Pal, délégué de notre section pakistanaise, a électrisé le congrès en expliquant les énormes obstacles que doivent surmonter nos 2500 camarades de ce pays accablé par une misère étouffante, des interventions impérialistes meurtrières, la barbarie fondamentaliste et un Etat archi-corrompu. Enfin, le congrès a voté l’affiliation formelle de la section russe de la TMI, qui elle aussi travaille dans des conditions très difficiles.

La croissance quantitative de la TMI se double d’une amélioration qualitative de son niveau politique général. Tous ceux qui ont participé à plusieurs congrès mondiaux en font le constat. Notre Internationale est toujours relativement petite, au regard de ce qui est nécessaire pour mener à bien notre tâche révolutionnaire. Mais elle avance désormais à grands pas, forte d’une confiance inébranlable dans les idées du marxisme et dans la capacité de la classe ouvrière à transformer la société.

La crise du capitalisme mondial est une confirmation éclatante des idées du marxisme. Il y a un peu plus de vingt ans, l’effondrement des régimes staliniens d’URSS et du bloc de l’Est était suivi d’une immense vague de propagande pro-capitaliste, qui a profondément affecté les directions du mouvement ouvrier. On proclamait partout le « triomphe du marché », la « fin du communisme », du marxisme et même de l’Histoire. Les classes dirigeantes du monde étaient remplies d’optimisme. Aujourd’hui, elles sont très pessimistes – et le cours de l’Histoire, qui ne s’est pas arrêté, va désormais dans notre sens. Partout, de grandes confrontations entre les classes sont à l’ordre du jour – et partout, tôt ou tard, la question de la conquête du pouvoir par la classe ouvrière sera concrètement posée. D’où l’urgence de développer dès aujourd’hui les forces révolutionnaires qui aideront au renversement du capitalisme pourrissant et à la construction du socialisme à l’échelle mondiale.

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