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Le mercredi 20 septembre, insultés par plusieurs députés de droite et d’extrême droite, les représentants des syndicats de l’enseignement claquaient la porte de l’Assemblée nationale, où ils devaient présenter un rapport sur la rentrée scolaire. La rentrée, d’ailleurs, n’avait pas très bien commencé : tandis que Gabriel Attal, le nouveau ministre de l’Education nationale, lançait une énième opération de diversion raciste en interdisant le port de l’abaya, un collège parisien recrutait une enseignante de… 85 ans ! Le tout sur fond de délabrement général de l’Education nationale.

Deux jours plus tôt, Gabriel Attal relançait un « cycle de concertation sur l’Ecole inclusive », c’est-à-dire sur l’intégration des élèves en situation de handicap. Ces « concertations » prenaient la suite des engagements pris par le gouvernement, en avril dernier, à l’occasion d’une Conférence nationale du handicap. Au programme : un peu de rafistolage, pas mal de désintérêt – et beaucoup de précarité, en premier lieu pour les AESH, ces travailleurs qui accompagnent les jeunes handicapés. Plusieurs milliers de ces élèves, d’ailleurs, n’ont pas pu faire leur rentrée.

Un statut dégradé

Plus de 130 000 « accompagnants des élèves en situation de handicap » (AESH) jouent chaque jour un rôle indispensable dans la scolarité de plusieurs centaines de milliers d’élèves. Ils les assistent dans la prise de notes, l’apprentissage et les devoirs, mais aussi dans leur vie sociale à l’école, ou encore dans leurs déplacements quotidiens. Ce métier est systématiquement malmené par les gouvernements successifs. Les AESH se sont donc mobilisés à de nombreuses reprises, notamment l’an passé. Révoltées par l’attitude du gouvernement, qui refuse de prendre en compte les revendications et les besoins réels des AESH, plusieurs organisations syndicales les appellent à se mettre en grève le mardi 3 octobre.

Les AESH dépendent des rectorats, mais ils n’ont pas le statut de fonctionnaire : ce sont des personnels sous contrat de droit public et recrutés en CDD de trois ans renouvelable une fois. Désormais, à l’issue de ces trois ans, un CDI peut leur être proposé. C’est une bonne chose sur le papier, mais l’intersyndicale souligne que cette mesure ne change rien au caractère précaire du métier, car les AESH sont maintenus dans la pauvreté. En fin de compte, ce CDI n’est rien de plus qu’un cache-misère.

Les AESH peuvent travailler à temps complet (1607 heures), mais le plus souvent leur contrat est à temps partiel. Depuis quelques années, ce sont des Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés (PIAL) qui administrent leurs interventions. Pour les AESH, ces PIAL se traduisent par des modifications d’emploi du temps, des affectations changeantes et des remplacements au pied levé, sans préparation au handicap de l’élève à accompagner…

Bas salaires

La rémunération des AESH est calculée selon une grille indiciaire moins « favorable » que celle des fonctionnaires. Mise à jour en septembre, la nouvelle grille ne satisfait pas les syndicats. De manière générale, les salaires augmentent trop peu, et les AESH qui sont aux plus bas échelons sont toujours rémunérés sous le seuil de pauvreté (1102 euros). A cela s’ajoute une indemnité de fonction, dont le montant dépend de l’exercice effectif de la mission : autrement dit, les AESH à temps partiel touchent une indemnité inférieure à la centaine d’euros prévue pour un temps complet.

Les syndicats résument : « Les temps incomplets imposés et l’existence de contrats de travail de moins de 24 heures hebdomadaires maintiennent ces agents de la Fonction publique – majoritairement des femmes – dans des conditions de vie indignes, souvent sous le seuil de pauvreté. » Ils revendiquent pour les AESH un véritable statut de fonctionnaire, de catégorie B.

Couteaux suisses

Enfin, en avril dernier, Macron annonçait un projet de fusion des missions des AESH avec celles des surveillants (les Assistants d’éducation, ou AED), afin de créer le statut d’Accompagnant à la Réussite Educative (ARE). Le gouvernement prétend qu’il s’agit d’en finir avec la précarité des AESH en leur offrant un temps complet. Problème : ces deux métiers n’ont absolument rien à voir ! Le véritable objectif du gouvernement est d’avoir un personnel « multi-tâches » – sans lui permettre d’accomplir correctement ses missions spécifiques, qui sont pourtant essentielles. A raison, la CGT Educ’Action parle d’une « précarité à tout faire ».

Il est difficile de dire si cette fusion sera mise en œuvre au cours de la prochaine période. Macron lui-même était évasif sur l’échéance. Ce qui est clair, c’est le type d’école dont rêvent le gouvernement Macron et les capitalistes qu’il sert : des personnels de plus en plus précaires et des élèves livrés à eux-mêmes dans des locaux délabrés. Le mouvement ouvrier dans son ensemble doit lutter contre la casse de l’école publique, en revendiquant notamment l’embauche massive de personnels, la fin des statuts précaires et une hausse générale des salaires, qui doivent être indexés sur l’inflation.

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