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Grève EDF GDF

Depuis que cet article a été écrit, la direction a enfin reçu les salariés. Mais la direction a été très arrogante et l’entrevue s’est mal passée. En conséquence, à ce jour, les négociations sont interrompues, les grévistes campent toujours devant l’entrée du bâtiment et bloquent les véhicules de l’entreprise.

Le tribunal a exigé que les grévistes laissent l’accès libre aux non-grévistes, c’est-à-dire, en fait, essentiellement à la direction, dont les bureaux surplombent les tentes, et qui observe, nuit et jour, les agissements des grévistes, en prenant des photos. Nous en sommes au 40e  jour de grève.

Mardi 28 avril, rue Sébastopol, sur l’un des sites d’EDF et GDF, à Toulouse. Il est 7h du matin, les grévistes qui tenaient la tente, cette nuit, laissent place à la relève. Les traits sont tirés, les visages tendus. Et pour cause : les salariés d’EDF et GDF entament leur 32e jour de grève. La mobilisation est très forte (80% des agents). Les jeunes sont très motivés, les « moins jeunes » en sont d’autant plus satisfaits, car une prise de conscience collective pour la défense du service public a lieu, au cœur du combat.

L’enjeu de la grève

L’origine de cette grève, dure et courageuse, porte sur un projet tenu longtemps secret par la direction d’EDF. De manière synthétique, il s’agit de casser l’entreprise publique EDF, en externalisant trois pôles essentiels, constituant le cœur de métier de l’entreprise : - l’électricité : la direction veut externaliser les parties Dépannage et manœuvre réseau. - le gaz : la direction veut externaliser les interventions concernant le gaz (première intervention par les pompiers, branchement par une entreprise privée, etc.) - la clientèle : la direction veut là encore externaliser les compétences en transférant au privé la relation clientèle (ouverture de ligne, etc.)

Les enjeux sont clairement affichés : poursuivre démantèlement de l’entreprise au profit du privé. En réaction, la grève, initiée par la base, est largement suivie localement, régionalement et nationalement. Les revendications sont claires :
- retrait pur et simple de ce projet d’externalisation.
- embauches pour compenser le sous-effectif et les départs en retraite.
- Retrait des sanctions qui ont été prononcées par la direction, en réaction à cette grève.

Les conséquences prévisibles des externalisations

Les conséquences de ces projets  d’externalisations s’annoncent désastreuses. Faire d’EDF une entreprise privée va conduire à une dégradation générale du service aux particuliers et des conditions de travail des agents. En effet, l’objectif est de dégager un maximum de profits. Les agents seront les premiers à en ressentir les effets pervers : moins de personnels formés (ils avaient auparavant 7 semaines de formation, contre une seule actuellement), arrêt des recrutements, non-remplacement des départs en retraite – et ainsi de suite.

Les particuliers subiront de plein fouet ces changements (et commencent déjà à les subir). La logique capitaliste l’exigeant, les interventions auparavant considérées comme un « service public » seront à la charge de l’usager (ou du « client », selon la terminologie commerciale). Les agents nous citent déjà de malheureux exemples, liés à la tragédie sociale que nous connaissons actuellement : impossibilité de payer les interventions d’EDF, mises aux normes non effectuées, délabrement des installations, etc. La réalité nous rattrape.

 

Les agents en lutte aujourd’hui ont pleinement conscience des changements néfastes qu’aurait cette externalisation – pour eux et pour nous. Ils se mobilisent, courageusement, pour défendre un service public. Leur lutte est aussi la nôtre, car la casse du service public par la classe capitaliste est active, réelle et destructrice. N’oublions pas que ce sont ces mêmes agents qui, en janvier, sont allés aider leurs collègues, nuit et jour, dans les Landes, pour nous. A l’époque, le projet d’externalisation était prêt, mais tenu secret.

Comment la direction d’EDF essaye de casser le mouvement

Cette lutte est mise à mal par une direction des plus sournoises, qui répond aux délégations syndicales et aux grévistes par la présence permanente d’huissiers, sur le site, par une porte close aux demandes d’entretiens, par des prises de photos d’agents grévistes, et enfin par une convocation, pour des sanctions disciplinaires, visant une dizaine d’agents au motifs « d’injures, de dégradation, de piquet de grève, de publication du document "confidentiel" du projet » – qu’on trouve d’ailleurs sur Internet !

Force est de constater le discrédit de cette direction. Les agents font face à des dirigeants qui n’hésitent pas à faire usage de basses méthodes. Les agents se mobilisent pour condamner aussi ces agissements, et principalement les sanctions disciplinaires, dont les motifs sont complètement fantaisistes, et dont le seul but est de décourager les grévistes. La solidarité marche plus que jamais pour faire bloc avec les agents convoqués.

A ce jour, il les agents en grève ont obtenus des avancées, la direction ayant dû faire marche arrière face à l’ampleur de la mobilisation. Ainsi, ils ont obtenu le retrait du projet relatif à l’électricité.  Il n’y a plus, à l’ordre du jour, « d’expérimentation locale sur l’externalisation ». Notons que le projet a été retiré nationalement grâce à la convergence des actions sur ce point !

Cependant, sur le gaz, les négociations sont très difficiles. La direction refuse de parler « d’externalisation ». Pour elle, il s’agit d’un « partenariat d’entreprise » !

Sur la clientèle : les négociations sont au point mort. A ce jour, 27 avril, l’Assemblée Générale du personnel en grève vote unanimement la poursuite du mouvement, avec trois objectifs : 1) Confirmer le retrait du projet d’externalisation de l’électricité ; 2) Maintien des revendications sur le gaz et la clientèle. 3) Réclamer qu’aucune sanction ne soit prise à l’égard des agents grévistes.

EDF est dans une situation d’urgence : urgence pour les agents qui perçoivent la stratégie de démantèlement de leur entreprise, et qui se dressent pour éviter la pire des situations, la privatisation. Urgence pour nous, les usagers. Nous devons être lucides sur les enjeux de la casse du secteur public.

Les coupures des grévistes dénoncées par les médias n’ont pas concerné les particuliers. Il y a eu des coupures revendiquées (à Carrefour, notamment), mais les coupures aux particuliers ne sont que dues au manque  d’effectif !

Les militants de La Riposte remercient les agents qui les ont accueillis et leur ont expliqué leur lutte. Nous leur adressons tous nos encouragements dans la poursuite de leur combat légitime. Comme le montrent les conflits en cours, en région toulousaine (Continental, Freescale, Molex), le capitalisme est destructeur, et la mobilisation collective des travailleurs sera la réponse.

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