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Le « Collectif des résidentes et anciennes résidentes du Palais de la Femme – Armée du Salut – Paris 11», s’est constitué en octobre 2016, à Paris, pour lutter contre les conditions de vie indignes des femmes qui y résident. Nous publions ci-dessous une synthèse du témoignage que deux d’entre elles ont bien voulu nous livrer.


Le Palais de la Femme est un lieu qui appartient à l’armée du salut et qui, en théorie, est là pour accueillir des femmes en situation de précarité et les aider à s’en sortir. Ça, c’est la théorie.

Nous vivons dans la résidence sociale, un des secteurs de l’établissement, où nous payons un loyer exorbitant : entre 426 et 490 euros pour 8 à 12 m². Le m² est donc aux alentours de 47,5 euros dans cette résidence, alors qu’il est de 10 euros en HLM, dans le même arrondissement (le 11e). Nos chambres sont minuscules, sans kitchenette pour la plupart.

L’Armée du Salut a de nombreux centres et logements. Elle reçoit des financements de la DRIL, de la mairie de Paris, des dons et legs privés. Elle loue des espaces 1500 euros la journée, touche nos loyers, nos cautions. Dans la tradition du Charity business, le Palais organise cette exploitation en touchant des subventions.

Par exemple, l’Armée du Salut a des centres EHPAD. Certaines femmes âgées devraient y être. Elles sont ici ! Certaines portent des couches, ne se lavent plus, ne se nourrissent plus. L’information et l’accompagnement pour leurs droits à des soins élémentaires se fait rare. Des résidentes sont régulièrement internées d’office à la demande des cadres de la direction, via le préfet de Paris. Elles sont alors emmenées manu militari et menottées avec une violence inouïe et complètement disproportionnée. Les femmes précaires sont exploitées jusqu’au bout.

En juillet dernier, une résidente a été retrouvée morte trois semaines après son décès. Des femmes se suicident entre ces murs.

Ici, c’est Vol au-dessus d’un nid de coucou.

Omerta et insécurité

Il règne au Palais de la Femme une omerta. Celles qui osent dénoncer les dysfonctionnements ou les maltraitances subissent des intimidations, des pressions et des menaces par les cadres de la direction. Certaines femmes sont mises en mesures d’expulsions à cause de quelques loyers en retard. Comment voulez-vous payer un loyer de plus de 400 euros avec un RSA, vivre dans une maison de la misère et vous en sortir ?

Pour bénéficier de nouvelles subventions, le Palais accueille à présent des hommes et cela crée des situations invivables. Nous ne pouvons plus accéder sereinement aux espaces communs, indispensables quand on vit dans 8 m². De nombreuses femmes sont là comme exilées de guerre, exilées de maris violents, exilées de prostitution, de lesbophobie. La prostitution s’est installée car elle vient avec la misère. On ne se sent plus en sécurité depuis leur arrivée.

Nous n’avons rien contre eux, en soi : il leur faut un logement, bien sûr, mais pas dans le Palais de la Femme.

C’est très dur de vivre avec 450 personnes qui ont toutes des problèmes. C’est une prison, mais on paie pour. Beaucoup d’entre nous ne parviennent pas à maintenir leur emploi – et, au lieu d’un logement provisoire de deux ans, cela devient une voie de garage. Comme un hall d’aéroport où tu attends un avion qui n’arrive jamais. On chute toutes. On dort peu.

On dit : « un bon pauvre est un pauvre qui se tait ». On se demande si, à l’Armée du Salut, ce n’est pas plutôt : « une bonne pauvre est une pauvre qui est morte ».

Nos revendications

- Suspension des expulsions et mise à plat des situations de chacune.

- Un HLM autonome et adapté pour TOUTES celles qui souhaitent quitter le Palais de la Femme.

- Accès au FSL (fond de solidarité logement) pour toutes.

- Distribution efficace et continue de l’eau et l’électricité.

- Le Palais de la Femme doit être réservé aux seules femmes (trans inclues).

Un jour dans le hall, certaines ont dit : « Pourquoi on ne parle pas de nos droits à nous les femmes ? Pourquoi il n’y a pas les ‘’femmes Gilets jaunes’’ ? ». On a les mêmes revendications que l’ensemble des Gilets jaunes, mais on a aussi des revendications à faire émerger sur le droit des femmes. Alors on a lancé ce groupe, profitant de la brèche ouverte pour que les précaires prennent la parole.

On ne crache pas sur les syndicats, mais le soutien de leurs dirigeants aux Gilets jaunes a été quasi-inexistant. Il faut une grève générale. Les manifs du samedi ne suffisent pas, il faut tout bloquer : les raffineries, les ports, les Auchan, les médias…

Voilà, rejoignez-nous. Nous sommes des communardes et nous crions : « Femmes précaires, femmes en guerre, violences sexistes, violences sociales, même combat contre le capital ! ».

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