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Selon de récentes projections, la population mondiale pourrait diminuer d’ici la fin du siècle. Ce serait inédit depuis la Peste noire. Cette dynamique démographique inquiète les classes dirigeantes, qui sont déjà confrontées à un manque de main d’œuvre dans certains secteurs, ainsi qu’à une augmentation du poids relatif des retraités.

Faits et chiffres

Deux tendances sont à l’œuvre. D’un côté, l’espérance de vie moyenne a grimpé en flèche dans la deuxième moitié du XXe siècle. Si les tendances actuelles se poursuivent, il y aura 1,5 milliard de retraités sur la planète en 2050, et le nombre d’adultes de plus de 85 ans aura triplé dans les pays de l’OCDE.

Dans le même temps, les taux de natalité ont chuté. En 1965, à l’échelle mondiale, une femme avait en moyenne 5 enfants, contre 2,3 aujourd’hui. Il est clair que les progrès dans le domaine de la contraception ont joué un rôle important dans cette baisse des taux de natalité, tout comme l’entrée massive des femmes sur le marché du travail. Mais de manière plus générale, de nombreux adultes renoncent désormais à avoir autant d’enfants qu’ils le souhaiteraient. D’après une recherche menée par l’OCDE, un adulte voudrait en moyenne 2,3 enfants, mais n’en a au final que 1,6. Et alors que seulement 2 % des adultes déclarent ne pas vouloir d’enfants, 10 % d’entre eux n’en ont pas, au final.

Cet écart est une conséquence directe de la situation économique et sociale. Confrontés à des loyers exorbitants, des longues heures de travail et des services de garde inadaptés, beaucoup de travailleurs considèrent qu’ils n’ont ni le temps, ni l’argent requis pour élever le nombre d’enfants qu’ils souhaiteraient avoir.

Les femmes sont particulièrement affectées par cette situation. Aux yeux des patrons, elles sont perçues comme des employées moins productives, et elles sont régulièrement discriminées à cause d’une grossesse. Beaucoup de mères sont sommées de choisir entre leur travail et leurs enfants. Elles sont les premières victimes des temps partiels imposés et des emplois précaires. Pour une femme, le fait d’avoir un enfant a souvent pour effet de la rendre économiquement dépendante de son mari. Ce phénomène n’est pas nouveau, bien sûr, mais la crise du capitalisme l’accentue fatalement.

Contradiction

Le faible taux de natalité actuel s’explique par le fait que les besoins des capitalistes entrent en contradiction frontale avec les besoins des familles. Les parents ont besoin d’horaires de travail adaptés ; ils ont besoin de crèches, de centres aérés et de garderies accessibles et de qualité. De manière générale, ils ont besoin de bons services publics : santé, transport, éducation, etc. Mais les capitalistes, eux, refusent qu’on ponctionne leurs profits pour financer toutes ces ressources nécessaires aux familles.

Certains gouvernements bourgeois ont tenté de résoudre cette contradiction au moyen de politiques « natalistes ». Mais toutes ont lamentablement échoué. En Corée du Sud, par exemple, le président Yoon Suk-yeol a déclaré que le « féminisme » était responsable du taux de natalité exceptionnellement bas : 0,78 enfant par femme. De fait, la plupart des politiques « natalistes » des gouvernements capitalistes leur offrent surtout l’occasion d’attiser la « guerre culturelle », c’est-à-dire la propagande visant à diviser la classe ouvrière et à détourner son attention des véritables responsables de la crise.

En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni déplore le taux de fécondité – qui est d’à peine 1,4 enfant par femme – et agite la menace d’un « remplacement » des Italiens par les immigrés. C’est de la pure démagogie. En réalité, la bourgeoisie italienne profite énormément des immigrés, cette main d’œuvre précaire et bon marché. Et dans le même temps, Meloni n’a pas l’intention d’ouvrir de nouvelles crèches publiques, de garantir de meilleurs congés maternité ou de financer toute autre mesure permettant d’améliorer les conditions de vie des travailleuses italiennes.

Cercle vicieux

Les différents gouvernements ont conscience que, sous le capitalisme, la crise de la famille ne pourra pas être résolue. Dès lors, quelle classe paiera le coût d’une population vieillissante ? Les capitalistes veulent faire payer les travailleurs – et les retraités pauvres eux-mêmes. Ils s’attaquent déjà partout aux systèmes de retraite et de santé. Alors que l’on pourrait nettement réduire le temps de travail, ils nous préviennent qu’il faudra bientôt travailler pendant un demi-siècle pour prétendre à une retraite (misérable). Mais ce faisant, ils compliquent encore la possibilité de fonder une famille. Ce cercle vicieux découle de la logique même du capitalisme.

Cependant, la classe ouvrière ne va pas accepter passivement ces attaques. On l’a vu en France avec les grandes mobilisations contre la réforme des retraites. Aux quatre coins du monde, les travailleurs se mobilisent face aux attaques incessantes contre la santé publique et la sécurité sociale. La Tendance Marxiste Internationale participe à ces luttes et y défend un programme de rupture avec le système capitaliste – qui n’est pas seulement « vieillissant », mais pourrissant.

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