Quelle est la source du profit capitaliste ? Dans leurs diverses réponses, les économistes bourgeois rivalisent d’imagination : le profit serait le fruit d’un mystérieux « travail » capitaliste, ou la compensation d’une prise de risque, ou encore – très modestement – la rémunération d’un « génie créateur »… A les écouter, on se demande si les travailleurs y sont pour quelque chose !
Travail et « force de travail »
A la différence de leurs héritiers contemporains, les premiers grands économistes bourgeois – tels Smith et Ricardo – ont fait faire d’énormes progrès à leur science. Marx leur doit beaucoup. Mais ils ne parvenaient pas à expliquer l’origine du profit. En effet, ils considéraient que, dans le processus productif, le capitaliste et le salarié échangent du travail contre un salaire. Or sur tout marché, y compris celui-ci, il y a échange entre des valeurs équivalentes. Donc, s’il ne se passe rien d’autre dans l’échange entre le travailleur et l’employeur, s’il y a simplement un échange de valeurs équivalentes (« travail » contre « salaire »), il ne peut en résulter aucun profit, d’un côté de cet échange ou de l’autre.
Marx a résolu cette énigme en soulignant que le travailleur ne vend pas son travail au capitaliste, mais plutôt sa force de travail. La différence est décisive. En effet, le capitaliste paye bien la force de travail à sa valeur, qui est déterminée par la quantité de richesses requises pour produire cette force de travail, c’est-à-dire pour la nourrir, la loger et lui permettre de venir travailler chaque jour. Mais une fois qu’il a acheté la force de travail, le capitaliste consomme cette marchandise. Or la force de travail est une marchandise très spéciale, une poule aux œufs d’or, car sa consommation (le travail effectif du salarié) produit de la valeur nouvelle – et en produit même davantage que la valeur du salaire versé au travailleur.
Autrement dit, la source du profit capitaliste, c’est l’exploitation de la force de travail – et rien d’autre. Le profit est ce que Marx appelait le « travail impayé de la classe ouvrière ». C’est toute la valeur que les salariés ont créée en plus de la valeur de leurs salaires, à la fin de la journée de travail.
La lutte des classes
Cette démonstration de Marx ruine l’idée selon laquelle « plus les capitalistes font des profits, mieux les salariés se portent ». Au contraire : chaque augmentation de salaire est une diminution équivalente du profit. Inversement, chaque baisse de salaire est une augmentation équivalente du profit. Il y a une contradiction directe entre le profit et le prix de la force de travail, et c’est cette contradiction qui est au cœur de la lutte des classes. En dernière analyse, la lutte pour de meilleurs salaires, de bonnes conditions de travail, des retraites décentes, des services publics de qualité, etc., est une lutte pour le partage – entre capitalistes et travailleurs – de la richesse créée par les seuls travailleurs.
Pour en finir avec cette exploitation de leur force de travail, les salariés devront prendre le contrôle collectif des grands moyens de production, dont les capitalistes sont aujourd’hui les propriétaires. Tel est précisément l’objectif de la révolution socialiste.