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Colonel Fabien

Le congrès extraordinaire du Parti Communiste Français, qui s’est tenu fin octobre 2001, était annoncé par la direction comme un moment fort de la mise en place de solutions face à une crise dont les dernières élections municipales ont donné une inquiétante mesure. La Fête de l’Humanité a été l’occasion de nombreux débats et discussions témoignant d’une forte envie de réveiller le Parti Communiste et de lui redonner la puissance de ses racines historiques, celles des luttes sociales.

Force est de constater que la direction n’a pas tenu ses engagements. Il aurait fallu commencer par identifier clairement les raisons profondes du déclin du PCF. Au lieu de quoi les congressistes ont eu droit à une séance d’introspection collective sur le thème : qu’est-ce que le communisme, et qu’est-ce qu’un communiste ? C’est donc à une sorte de “crise identitaire” du PCF que la direction a invité l’ensemble des militants à réfléchir. Sommes-nous assez visibles, assez ouverts, assez “citoyens” ? Tels furent les termes essentiels du débat qui a animé le congrès.

Ce faisant, la direction est parvenu à passer sous silence son écrasante responsabilité dans les difficultés que connaît le parti. En effet, si ce dernier inspire de moins en moins d’enthousiasme à la population, c’est en raison du grand écart auquel les parlementaires et ministres communistes, un pied dans la rue, l’autre au pouvoir, se livrent en permanence. Depuis que les communistes sont revenus au gouvernement, un même scénario se répète inlassablement : le matin, on entend un dirigeant communiste fustiger la politique droitière du gouvernement, pour découvrir, le soir, que les élus communistes ont validé, vote à l’appui, cette même politique. Les nombreuses privatisations mises en œuvre par le gouvernement Jospin, avec l’appui des députés communistes, constituent l’exemple le plus flagrant de cette schizophrénie politique.

Les députés et ministres communistes ont pour habitude de balayer ces critiques en soulignant que le PCF est minoritaire au sein du gouvernent, et donc contraint à une certaine “discipline”. Mais, de quelque manière qu’on la considère, cette confortable stratégie est vouée, électoralement, à l’échec. L’électorat traditionnel du PCF est, lui aussi, en train de “muter” - vers le MDC, les Verts, ou l’abstention - cependant que le reste des électeurs de gauche ne comprend pas l’intérêt de porter leurs voix sur un parti dont la politique ressemble de plus en plus à celle que défend la direction du Parti Socialiste.

En même temps qu’elle recouvre la question de son activité au sein du gouvernement d’un flot de concepts humanistes, la direction du PCF tente de se débarrasser un peu plus des quelques “sujets qui fâchent.” Par exemple, Robert Hue a - une nouvelle fois - tenté d’expliquer que les intérêts des travailleurs étaient parfaitement compatibles avec une économie essentiellement privatisée. Et il dit cela au moment même où nous voyons les fleurons du capitalisme licencier à tour de bras et accroître la pression sur les salariés restants !

La direction du parti veut bien se pencher sur les misères du monde, protester haut et fort, mais en aucun cas elle ne souhaite revenir sur son adhésion à l’économie de marché. Il y va de son alliance avec les dirigeants socialistes, qui, dans les salons apaisants et douillets du pouvoir, ne lui inspirent pas autant d’indignation que devant les journalistes et les militants. L’indignation de tous ceux qui doivent porter le poids du capitalisme et de ses crises, par contre, est ferme et sans duplicité.

L’affaiblissement du PCF n’est pas irréversible. Mais pour que le parti puisse remonter la pente et renouer avec sa base militante et électorale, son programme et son activité sur le terrain doivent s’articuler autour d’un programme de lutte implacable contre les capitalistes. Le parti ne devrait accorder aucun soutien aux aspects pro-capitalistes de la politique gouvernementale. En agissant de la sorte, il porterait sans doute un sérieux coup à la “solidarité gouvernementale”, mais il retrouverait en même temps la confiance et l’estime d’un très grand nombre de salariés et de jeunes, qui verraient enfin la différence entre, d’un côté, l’action et les idées du Parti Communiste, et, de l’autre, le comportements des dirigeants “de gauche” qui se plient devant les pressions capitalistes.

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