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Pierre Laurent et André Chassaigne (au second plan)

Le PCF tiendra un Congrès « extraordinaire » du 23 au 26 novembre prochain, dans le contexte d’une profonde crise de ce parti. Le PCF décline depuis des décennies, au moins depuis la fin des années 70. Cela se lit dans les courbes de ses effectifs militants et de ses résultats électoraux. Mais le rythme de ce déclin n’a pas été linéaire ; il a connu plusieurs phases d’accélération, par exemple lors des deux périodes de participation gouvernementale du PCF (1981-84 et 1997-2002). Or depuis quelques années, une nouvelle phase d’accélération s’est engagée.

Elle s’est ouverte en 2014, lors de l’explosion de facto du Front de Gauche, à l’occasion des élections municipales. Dans la moitié des grandes villes du pays, le PCF a choisi de faire alliance, dès le premier tour, avec un PS pourtant de plus en plus discrédité – pendant que l’autre composante du Front de Gauche, le Parti de Gauche (alors dirigé par Mélenchon) rejetait cette stratégie électorale. Puis les choses sont allées de mal en pis, la direction du PCF s’obstinant à refuser de rompre avec l’appareil du PS, alors que de son côté Mélenchon insistait, à juste titre, sur la nécessité d’une telle rupture. Mélenchon défendait systématiquement l’objectif de passer devant le PS (ce qu’a fait la France insoumise, depuis). A l’inverse, la direction du PCF considérait cette perspective comme illusoire, voire contre-productive, et s’acharnait à promouvoir « l’unité de la gauche » – y compris, donc, avec le PS, ou au moins avec ses députés « frondeurs » (lesquels rangeaient leurs frondes au moment de voter les budgets austéritaires). Des deux perspectives, la plus lisible, la plus crédible et, sous les coups du gouvernement Hollande, la plus combative, était évidemment celle défendue par Mélenchon. Sa popularité en a bénéficié.

La ligne stratégique suicidaire des dirigeants du PCF a atteint des sommets à l’occasion de la campagne pour la présidentielle d’avril 2017. Mélenchon a annoncé sa candidature dès le mois de février 2016. Il était, de très loin, le dirigeant le plus populaire de la « gauche radicale ». Tout indiquait que sa candidature pouvait réaliser un bien meilleur score qu’en avril 2012. Et pourtant, les dirigeants du PCF ont passé toute une année à rechercher une alternative à la candidature de Mélenchon. Ils ont multiplié les stratagèmes (« primaires de la gauche », etc.) pour ne pas la soutenir. En février 2017, ils laissaient encore planer la possibilité de rallier la candidature de Benoît Hamon. Il a fallu le net recul de ce dernier, dans les sondages, pour que la direction du PCF appelle enfin, de mauvaise grâce, à voter pour Mélenchon. Cela n’empêche pas le document adopté par le Conseil National du PCF, en vue du Congrès, d’affirmer que « nous ne sommes pas pour autant étrangers au résultat de cette candidature » (les 20 % de Mélenchon). C’est risible.

Bien sûr, les causes du déclin du PCF ne sont pas réductibles à ses erreurs stratégiques. Celles-ci découlent d’une dérive droitière – idéologique et programmatique – qui ne date pas d’hier. Si l’on ne considère que les trois dernières décennies, on voit que la direction du PCF a nettement viré vers la droite dans la foulée de la chute de l’URSS et du bloc de l’Est, c’est-à-dire au début des années 90. Puis elle a longuement dérivé, toujours vers la droite, en suivant comme son ombre la dérive droitière du PS, avec lequel elle multipliait les alliances électorales – et participait même à un gouvernement, entre 1997 et 2002. L’objectif du « socialisme » a disparu du programme officiel du parti, au profit d’une improbable « économie de marché à dominante sociale ». La grande propriété capitaliste est devenue la ligne rouge infranchissable ; le périmètre des nationalisations envisagées s’est réduit comme peau de chagrin. Bref, le PCF défendait – et défend toujours – un programme réformiste très modéré.

Ainsi, l’opportunisme électoral et la dérive idéologique, programmatique, sont allés de pair, se nourrissant réciproquement. Nous avons analysé en détail ce processus dans un document publié en amont du Congrès du PCF de 2016. Ici, partons du constat que le déclin du PCF a atteint un seuil qui, désormais, l’expose à la marginalisation. Son score aux élections législatives de juin 2017 (2 %) a sonné comme un avertissement brutal. Cela s’accompagne d’un déclin des effectifs : 50 000 cotisants en 2016 contre 100 000 en 2006. Surtout, il y a un désintérêt croissant des masses – et en particulier des jeunes – à l’égard de ce que dit et fait le PCF. Et non seulement des masses, mais aussi de ses couches les plus conscientes et actives, à commencer par les militants de la CGT, qui par le passé constituait un puissant bastion du PCF.

Le paradoxe de cette situation, c’est que les conditions objectives – la crise organique du capitalisme et la radicalisation qu’elle provoque, dans la jeunesse et le salariat – sont clairement favorables au développement d’un Parti Communiste. Si le PCF recule au lieu d’avancer, ce n’est donc pas à cause de la situation objective, mais bien à cause de l’incapacité des dirigeants du parti à donner une expression claire et crédible à la radicalisation des masses. La nature ne tolérant pas le vide, il a été rempli par une autre force, la France insoumise (FI), malgré ses défauts et ses limites.

Sur le plan programmatique, il n’y a pas de différence majeure entre le PCF et la FI. Tous deux défendent un programme réformiste. Mais la FI est quand même apparue comme plus radicale que le PCF. L’attitude combative de Mélenchon à l’égard du PS, son objectif déclaré de prendre le pouvoir sur les ruines du PS, la tonalité souvent combative, « révolutionnaire », de ses interventions publiques – tout ceci a joué un rôle important dans le succès de la FI. A l’inverse, la direction du PCF est apparue comme hésitante, vacillante, embourbée dans la sauvegarde de son réseau d’élus, sans parler de la tonalité des interventions publiques de Pierre Laurent, qui semble organiquement incapable de refléter l’humeur des jeunes et des travailleurs les plus radicalisés.

Résultat : c’est la FI qui, aujourd’hui, domine la gauche. C’est elle qui est identifiée comme la principale opposition de gauche au gouvernement Macron. Bien sûr, cette position de la FI est fragile. Ce mouvement n’est pas encore enraciné dans la classe ouvrière et ses organisations syndicales. Il manque de stabilité. En refusant de transformer la FI en un parti, ses dirigeants aggravent ce problème, à notre avis. En outre, de graves erreurs de sa direction pourraient nuire à la FI, à l’avenir. Mais quoi qu’il en soit, la domination actuelle de la FI ne constitue pas un obstacle à la croissance du PCF. Ce parti pourrait de nouveau croître et développer son influence, à une condition : que sa direction vire nettement vers la gauche – et sache s’adresser à cette couche de jeunes et de travailleurs qui soutiennent la FI faute de mieux, mais recherchent un programme encore plus radical, un programme de rupture avec le capitalisme. Bref, le PCF ne peut enrayer son déclin qu’en doublant la FI sur sa gauche, donc en s’orientant vers le marxisme révolutionnaire.

Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne prend pas cette voie, si l’on en juge par les documents soumis à la discussion des militants du parti, en amont du Congrès. Il y a quatre documents en lice : le texte du Conseil National (la « base commune ») et trois « textes alternatifs » [1], soit au total une centaine de pages dont la lecture est une épreuve d’autant plus pénible qu’on a affaire, grosso modo, aux mêmes idées et formules creuses que lors des trois ou quatre précédents Congrès du parti, de sorte qu’on est saisi d’une vertigineuse impression de « déjà lu ».

Ceci dit, pour être justes, précisons que le texte alternatif présenté par Emmanuel Dang Tran et ses camarades se distingue avantageusement des trois autres, en termes de lisibilité. Il est court, direct et clair. Mais pour le reste, il représente la dernière survivance, au sein du PCF, de son passé stalinien. Ses auteurs affirment que la politique du PCF est erronée « depuis plus de 25 ans », ce qui est exact ; mais ils ne disent rien des erreurs et trahisons de la direction du parti avant la chute de l’URSS et du bloc de l’Est. En fait, ils idéalisent cette période. Ils ne comprennent pas que la période stalinienne du PCF a préparé la dérive droitière du début des années 90, qu’il y a un lien organique entre les deux – de même que le bureaucratisme stalinien, en URSS, a préparé la restauration du capitalisme en Russie. Ce texte a bien d’autres défauts, et notamment une attitude très sectaire à l’égard de la France insoumise, qualifiée de « lobbyiste » et assimilée au « Mouvement 5 Etoiles » italien, ce qui est absurde (imagine-t-on la FI dans une coalition gouvernementale avec le FN ?). Les paragraphes consacrés aux guerres impérialistes sont marqués par un « pacifisme » (« désarmement », etc.) en contradiction complète avec la position marxiste [2]. Mais au moins, ce texte dénonce clairement la dérive réformiste de la direction du PCF, ces dernières décennies, et exige que le « socialisme » redevienne l’axe central de son programme. Vu sous cet angle, il est meilleur que les trois autres textes. Mais il fera un petit score, dans les sections, et n’est pas une solution pour sortir le PCF de sa crise.

Le « dépassement du capitalisme » et « l’appropriation » des richesses

Les trois autres textes sont issus de trois fractions distinctes de l’appareil dirigeant du PCF. La direction est donc fragmentée, ce qui reflète la profondeur de la crise du parti. Ceci dit, cette division ne serait pas négative – et serait même positive – si au moins l’un des deux textes alternatifs en question proposait des idées et un programme susceptibles d’orienter le PCF vers une politique juste, une politique authentiquement communiste. Or ce n’est pas du tout le cas. Sur le plan des idées et du programme, ces deux textes alternatifs ne se distinguent pas réellement du texte du Conseil National. Au fond, les trois textes se tiennent sur le même terrain, celui du réformisme de gauche. Ils ne formulent pas clairement l’objectif de rompre avec le capitalisme, de renverser ce système et de construire une société socialiste.

Les militants du PCF qui ont lu ces documents pourraient nous répondre que les trois textes insistent sur la nécessité de « dépasser le capitalisme ». C’est exact. D’ailleurs, on connaît cette formule par cœur : elle figurait déjà dans les textes des trois ou quatre précédents Congrès du parti. Mais que signifie, au juste, le « dépassement du capitalisme » ? Est-ce que cela signifie le renversement du capitalisme dans la foulée d’une crise révolutionnaire, crise au cours de laquelle la classe ouvrière arrache le pouvoir d’Etat des mains de la classe dirigeante ? Non : ceci, voyez-vous, c’est la « vieille » conception (marxiste). Par « dépassement du capitalisme », les dirigeants du parti entendent autre chose : un processus graduel, qui se développe dans le cadre du capitalisme lui-même – et qui, un beau matin, aboutira au « dépassement » effectif du capitalisme, un peu comme le printemps, un beau matin, annonce le « dépassement » de l’hiver dans l’éclosion de la première fleur. C’est une vieille rengaine de la direction du parti, qui prend aussi cette forme : « le communisme, c’est le mouvement réel de la lutte des classes elle-même » – et c’est tout. On ne distingue plus, dans le « mouvement », cette rupture décisive – qui doit être anticipée et préparée – qu’est la révolution socialiste, la conquête du pouvoir par les travailleurs.

Autrement dit, le « dépassement du capitalisme » est une version contemporaine de la célèbre formule du théoricien réformiste Eduard Bernstein (« le but final n’est rien, le mouvement est tout »), formule brillamment critiquée par Rosa Luxemburg dans son ouvrage Réforme sociale ou révolution ?. Citons, à titre d’exemple, un passage du texte alternatif défendu par le député André Chassaigne : « Le communisme est un processus historique d’abolition réussie du capitalisme, poussant tous les acquis de civilisation de ce système, et supprimant ses maux, vers une nouvelle civilisation. C’est cela le dépassement du capitalisme ». En clair : on réforme, on lutte, on réforme – et un beau jour le capitalisme s’en trouvera « dépassé », « aboli ». Le « but final n’est rien » : « l’abolition » du capitalisme advient sans qu’on s’en préoccupe, dans le sillon du mouvement des luttes et des réformes sociales. Mais comme le faisait remarquer Rosa Luxemburg, les choses ne peuvent pas se passer ainsi. Il y a des limites à ce que le mouvement ouvrier, par ses luttes, peut arracher dans le cadre du capitalisme, ne serait-ce que du fait des inévitables crises de ce système, qui font croître le chômage, la misère – et poussent la classe dirigeante à s’attaquer brutalement aux conquêtes passées du mouvement ouvrier. C’est d’ailleurs exactement ce que nous vivons aujourd’hui. Et c’est pourquoi un programme communiste digne de ce nom doit lier la lutte quotidienne pour des réformes – ou contre les attaques de la bourgeoisie – au « but final » : la conquête du pouvoir par les travailleurs et le renversement du capitalisme.

Sur le « dépassement du capitalisme », nous avons cité le texte alternatif d’André Chassaigne, mais les deux autres disent la même chose – avec, chacun, ses propres formulations confuses. Et dans les trois textes, le fidèle compagnon du « dépassement du capitalisme », qu’on voit surgir à chaque Congrès du parti, c’est « l’appropriation » sociale des moyens de production. Ici aussi : carton plein ! Les trois textes défendent cette « appropriation ». Mais qu’est-ce que cela signifie, au juste ? C’est simple : « l’appropriation » signifie tout ce que vous voudrez, sauf le programme du marxisme, c’est-à-dire l’expropriation des grands capitalistes de tous les secteurs de l’économie.

Comme le « renversement » du capitalisme, l’« expropriation » de la bourgeoisie relève, aux yeux des dirigeants du PCF, d’une trop « vieille » conception (marxiste), à laquelle ils préfèrent la conception soi-disant moderne d’une « appropriation » des richesses. Cette conception a l’avantage d’être très élastique. Exemple extrême : lorsque le PCF était dans le gouvernement Jospin, entre 1997 et 2002, « l’appropriation » sociale désignait la possibilité, pour les salariés d’Air France, d’acheter des actions de leur entreprise en cours de privatisation ! C’est du moins ce que L’Humanité expliquait aux travailleurs médusés d’Air France, à l’époque.

Dans les documents des dirigeants du PCF, « l’appropriation » sociale des richesses est une formule qui ne signifie rien de clair et n’engage à rien de concret. Et c’est, à leurs yeux, son principal intérêt. Ainsi, les trois textes restent très vagues sur la question des nationalisations. Or les travailleurs ne pourront pas « s’approprier » grand-chose tant que les principaux leviers de l’économie resteront entre les mains de grands capitalistes. Cette vérité simple, qui appelle un programme de nationalisations de toutes les grandes entreprises et multinationales, brille par son absence dans les trois textes en question.

Le PCF et la France insoumise

Les trois textes issus des fractions dirigeantes sont donc marqués du même sceau réformiste. En matière de programme, les différences qu’il peut y avoir entre ces textes sont secondaires. Aussi n’est-il pas nécessaire de les analyser ici, d’autant qu’ils ne contiennent rien de nouveau par rapport aux précédents Congrès du parti. Mieux vaut passer à la question suivante : si, au fond, ces trois textes ont la même physionomie réformiste, qu’est-ce qui les distingue ? Qu’est-ce qui explique et justifie l’existence des deux textes alternatifs – celui défendu par le député André Chassaigne et celui défendu par la députée Elsa Faucillon ? Sur quelle question la direction du parti s’est-elle fragmentée ?

La réponse est évidente : la direction s’est fragmentée sur la question de la stratégie électorale du parti, et en particulier de l’attitude qu’il doit adopter vis-à-vis de la France insoumise, qui est désormais une force politique incontournable. Cette question intéresse au plus haut point les dirigeants du PCF, car il y va de leurs positions (comme députés, maires, etc.), du réseau d’élus du parti en général – et donc, aussi, de ses ressources financières. La « sauvegarde du réseau d’élus » est devenue, au fil du temps, l’objectif central de l’appareil du parti. Tout le reste y est plus ou moins subordonné. Par exemple, les alliances sans principes avec le PS, en 2014, n’avaient pas d’autre motivation.

La division du parti, au sommet, ne reflète pas une lutte pour des « principes ». Elle reflète les tensions croissantes qui se développent dans l’appareil du parti, y compris dans les fédérations, du fait de son déclin électoral, qui se traduit par un affaiblissement continu de son réseau d’élus. Il s’ensuit une tendance à la dislocation de l’appareil du parti, qui est incapable de s’unir autour d’une ligne stratégique cohérente. Il y a les partisans d’alliances électorales avec la FI (le « texte alternatif » de Faucillon) – et, de l’autre côté, les partisans d’alliances avec... qui on voudra (le « texte alternatif » de Chassaigne). Le texte de Chassaigne exprime l’aspiration des appareils locaux à nouer des alliances « au cas par cas », suivant le contexte local, sans s’embarrasser d’une stratégie nationale. C’est le texte qui assume et revendique le plus franchement ce pragmatisme électoraliste (que la FI critique à juste titre). Quant au texte du Conseil National, que défend Pierre Laurent, il se tient à mi-chemin entre les deux autres positions. Il ne tranche pas la question.

Ces trois positions stratégiques se déclinent dans trois attitudes différentes à l’égard de la France insoumise. Elles se donnent parfois de grands airs théoriques. Ainsi, le texte du Conseil National formule quelques idées positives au sujet de la FI, mais attaque son « populisme » au nom de la théorie de la « lutte des classes ». Il reproche à la FI d’être « peu sensible aux exigences de dépassement du capitalisme, encore très marquée de ce point de vue par ses origines sociales-démocrates. » Mais on a vu plus haut ce que valait le « dépassement du capitalisme » tel que théorisé par les dirigeants du PCF : c’est une embrouille réformiste et, en ce sens, « sociale-démocrate », de sorte que la critique adressée à la FI retombe sur la tête de ses auteurs.

Nous n’avons aucune complaisance à l’égard du « populisme de gauche », qui n’a rien à voir avec le marxisme. Mais il est risible d’entendre des dirigeants du parti lui opposer des « repères de classe » et le « dépassement du capitalisme », car le fait est qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre le programme de la FI et celui du PCF : ce sont deux programmes réformistes assez semblables. Ces critiques « théoriques » de la FI ne sont que des prétextes pour justifier, à l’avenir, des stratégies électorales qui se tiennent à distance de la FI, dans le but de sauvegarder un maximum d’élus PCF. Il n’est pas du tout certain que cela marchera, mais c’est ainsi que raisonnent ces dirigeants du parti.

Fait amusant, le texte de Faucillon proteste contre les références nombreuses – mais purement décoratives – à la « lutte des classes », dans le texte du CN. Sur le plan théorique, le texte de Faucillon est encore plus confus que celui du CN. Pour le reste, il est le plus positif à l’égard de la FI. Il représente cette petite fraction de l’appareil qui voit son salut dans des alliances plus systématiques avec la FI. A condition, insiste leur texte, que ces alliances se constituent dans le cadre d’un « Front commun » dont la FI serait partie prenante. Mais cette idée d’un « Front commun », rejetée par la FI, est très minoritaire dans le PCF lui-même – et n’a donc aucune chance de voir le jour. Le texte de Faucillon représente une ligne de plus en plus minoritaire, dans le parti, et fera sans doute un score assez faible lors du vote dans les sections, le 6 octobre.

Enfin, le texte de Chassaigne envoie au diable la FI et Mélenchon, reproche à la direction actuelle du PCF de leur avoir beaucoup trop cédé, par le passé, et appelle le parti à présenter systématiquement des candidats, dans le cadre d’alliances très variables, sans se préoccuper de la FI. Du fait de son opportunisme électoral assumé, ce texte compte de nombreux relais, dans les fédérations, et pourrait faire un score important.

Concluons. Aucun de ces trois textes ne propose de solution pour enrayer le déclin du parti. On a affaire à trois textes réformistes qui proposent trois stratégies électorales opportunistes, chacune à sa manière. C’est que les problèmes du parti ne peuvent pas être réglés par telle ou telle orientation stratégique. Ils ne peuvent être réglés que par un net virage à gauche sur le plan du programme et des idées. Sur cette base, le PCF pourrait déterminer une position stratégique claire vis-à-vis de la France insoumise – avec comme objectif central, non de « sauvegarder des élus », mais d’accélérer la cristallisation d’un courant révolutionnaire dans le mouvement ouvrier. Encore une fois, ce n’est pas du tout l’orientation que prend la direction du parti. Mais nous disons à ses militants : c’est la seule voie pour que votre parti joue un rôle digne de son nom.


[1] Les quatre textes sont consultables en ligne sur le site du Congrès.

[2] Voir par exemple cet article de Lénine : A propos du mot d’ordre de « désarmement ».

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