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En décembre dernier, le congrès des Républicains (LR) a élu son nouveau président : Eric Ciotti. Ce dernier s’est fait connaître du grand public lors de la primaire interne aux Républicains, en 2021. Il disait alors toute son admiration pour Eric Zemmour et ses idées archi-réactionnaires.

La victoire de Ciotti marque donc un nouveau virage à droite des Républicains. L’heureux élu promet monts et merveilles à ses partisans, bien sûr. Mais en réalité, les Républicains (ex-UMP) se débattent dans une crise d’une profondeur inédite. Rappelons que leur candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse, a recueilli 4,8 % des voix. Alors que l’UMP comptait des centaines de milliers de membres, seuls 66 000 militants ont participé au vote, en décembre, dont un bon nombre de militants « fictifs » (de la dernière heure).

Un long déclin

La crise de ce qui fut, autrefois, le plus puissant parti de la bourgeoisie française, remonte au quinquennat de Nicolas Sarkozy (2007-2012). Ces années furent marquées par la récession mondiale de 2008-2009, la flambée du chômage, des contre-réformes brutales et toutes sortes d’affaires de corruption. En conséquence, LR et Sarkozy ont été balayés par le Parti Socialiste aux élections de 2012.

Au pouvoir (2012-2017), le PS a mené, lui aussi, une politique d’austérité drastique. Par le passé, ceci préparait le retour au pouvoir de la droite « traditionnelle ». Mais en 2017, c’est Macron qui a remporté la mise. L’arrivée au pouvoir de LREM a accéléré le déclin des Républicains. Macron a mis en œuvre le programme de LR (celui de la grande bourgeoisie) et, dès lors, a capté une bonne partie de son électorat.

Polarisation

La crise du capitalisme engendre une polarisation politique croissante – vers la gauche (Mélenchon) et vers la droite (Le Pen et Zemmour). Une fraction croissante de l’électorat de droite se « radicalise ». Les Républicains sont donc rongés par les deux bouts : au « centre », par Macron ; à l’extrême droite, par Le Pen et Zemmour. En avril 2022, 32 % des électeurs de LR en 2017 ont voté pour Macron, 18 % pour Zemmour et 16 % pour Le Pen.

Alors que Macron ne dispose plus que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, les députés LR soutiennent le gouvernement, abandonnant le flambeau de « l’opposition de droite » au RN. Même Eric Ciotti, récemment, approuvait les grandes lignes du projet de réforme des retraites du gouvernement. Et pour cause : si LR précipitait la chute du gouvernement Borne, ils risqueraient de sortir encore plus affaiblis des élections législatives anticipées.

Toutes les voies mènent à la ruine

Dans ce contexte, une aile des Républicains propose un rapprochement avec LREM. Problème : sur fond de rejet croissant du gouvernement Macron, le seul résultat prévisible de cette stratégie serait de renforcer le RN et le parti de Zemmour.

Reste l’autre option : se distinguer de Macron en virant « à droite toute » – et tenter, ce faisant, de reprendre une partie de leur électorat à Le Pen et Zemmour. L’élection de Ciotti à la tête du parti marque précisément l’adoption de cette stratégie. Mais là, nouveau problème : Eric Ciotti n’est pas le seul à jouer la surenchère droitière pour concurrencer Le Pen. Zemmour s’y emploie, lui aussi, et il a l’avantage de ne pas traîner le bilan des années Sarkozy comme un forçat traîne son boulet.

De même, le principal atout du RN est de n’avoir jamais été au pouvoir. Malgré sa « normalisation », Marine Le Pen bénéficie toujours d’une image d’opposition radicale à l’ensemble du système politique.

Une « union des droites » ?

LR aura donc le plus grand mal à concurrencer le RN. Mais Ciotti pourrait s’allier avec lui – ou avec le parti de Zemmour, ou avec les deux. Le soir de sa victoire, le nouveau chef des Républicains déclarait qu’il ne voulait pas qu’en 2027 « le choix se réduise entre monsieur Mélenchon, qui est une menace pour la démocratie, et madame Le Pen ». Ainsi, contrairement à Mélenchon, Le Pen ne serait pas une « menace pour la démocratie ». Traduction : une alliance entre LR et le RN est parfaitement envisageable. Que ne ferait-on pas pour sauver « la démocratie » (bourgeoise) ?

L’inévitable décomposition du macronisme oblige la bourgeoisie à rechercher une alternative. Compte tenu de l’état du PS, l’alternative « sociale-démocrate » – qui mène la politique de la bourgeoisie et, ce faisant, prépare le retour de la droite au pouvoir – n’est plus une option. En conséquence, une fraction croissante de la classe dirigeante envisage positivement l’arrivée au pouvoir d’un RN « normalisé », dans le cadre d’un gouvernement de coalition avec d’autres partis de droite.

C’est précisément ce type de coalition qui gouverne l’Italie actuellement. En France, des secteurs de la bourgeoisie la préparent. Seule la « gauche radicale », à commencer par la FI, peut y faire obstacle, à condition d’être à la hauteur de l’exaspération et de la colère des masses.

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