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Congrès des Jeunes Communistes

Les 20, 21 et 22 février dernier, les Jeunes Communistes (JC) ont tenu leur congrès national. Dans une grande salle d’Aubervilliers, en banlieue parisienne, quelques 300 délégués venus de tout le pays ont discuté de la situation politique nationale et internationale, des contre-réformes du gouvernement Raffarin, et enfin des idées, du programme et des structures organisationnelles dont les Jeunes Communistes doivent se doter pour mobiliser la nouvelle génération contre la droite et le système capitaliste.

La JC est entrée, depuis deux ans, dans une phase de croissance. En particulier, le « choc » du 21 avril 2002 et la guerre en Irak ont déclenché une vague d’adhésions. L’humeur qui régnait au congrès reflétait cet afflux de sang neuf. L’enthousiasme, la soif d’idées et de luttes ont dominé les débats, en même temps qu’une puissante colère contre la politique du gouvernement. Cette ambiance a clairement marqué la discussion sur le texte d’orientation présenté par la direction du mouvement.

La lutte des classes

Nous avons dit ailleurs ce que nous pensions de ce texte. Le congrès nous a permis de constater que certaines de nos critiques étaient partagées par bon nombre de JC.

Alors que le texte d’orientation soulevait, sans la trancher, la question de savoir si la lutte des classes existait toujours, beaucoup de délégués sont intervenus pour dire que pareille hésitation n’avait absolument pas lieu d’être. Pour constater l’existence de la lutte des classes, il n’y a qu’à ouvrir les yeux ! Comment, sinon, caractériser les mouvements de décembre 1995 et de mai-juin 2003, ou encore toutes ces grèves qui ne cessent d’éclater aux quatre coins du pays ? Depuis 1997, les statistiques révèlent une augmentation régulière de ces conflits. Dans ce contexte, se demander si « la lutte des classes existe toujours » ne semble pas très sérieux.

Les auteurs du texte d’orientation ne nient pas l’existence de conflits sociaux, de grèves et de manifestations. Mais il ne leur apparaît pas évident que ces conflits soient des conflits opposant la classe ouvrière au patronat. Ils se demandent si la société n’a pas évolué au point que la classe ouvrière et la classe patronale auraient pour ainsi dire muté, donnant naissance à de nouvelles entités sociales - dont, hélas, aucune définition précise n’est avancée. Si l’on accepte ce point de vue, la conclusion qui s’impose est d’une rigueur mathématique : plus de classes sociales, donc... plus de luttes des classes !

Face à une telle confusion théorique, de nombreux intervenants ont tenu à mettre les choses au clair. Ils ont rappelé les idées simples et indiscutables de Marx à ce sujet. La classe ouvrière - ou salariat - est constituée de cette partie de la population qui ne possède pas les moyens de production et ne vit que de la vente de sa force de travail, c’est-à-dire d’un salaire. La classe capitaliste, elle, est formée de cette infime minorité de la population qui possède les moyens de production et achète aux salariés leur force de travail. L’exploitation de la force de travail étant la source du profit capitaliste, la répartition - entre profits et salaires - des richesses produites par les travailleurs constitue le socle fondamental de la lutte des classes.

Les choses ont-elles changé, sous cet angle ? Certainement pas dans le sens d’une dissolution de ces classes dans un nouveau magma sociologique ! Non seulement l’exploitation du travail salarié est toujours d’actualité, mais en outre la classe ouvrière n’a cessé de croître en nombre, puisqu’elle constitue désormais, en France, plus de 80 % de la population active. Depuis l’avènement du capitalisme, son poids social n’a cessé d’augmenter au détriment de la paysannerie et des différentes fractions de la petite-bourgeoisie. Si bien que, non contente d’exister, elle occupe aujourd’hui, dans sa lutte contre le patronat, une position objective plus favorable que jamais.

Revenons à Marx !

Sur la question de la lutte des classes comme sur d’autres, plusieurs intervenants se sont appuyés sur ce qu’ils connaissaient des idées de Marx. Certains délégués ont également exprimé le regret que la JC ne mette pas ces idées au centre de sa politique. Pour La Riposte, dont le but est justement de défendre les idées marxistes, c’est bien ainsi que le problème doit être posé. Nous pensons que le marxisme est le meilleur outil théorique dont le mouvement communiste puisse se doter. Et c’est l’abandon de cet outil qui explique la confusion qui régnait dans le texte d’orientation.

La partie programmatique du texte, en particulier, a suscité de vives critiques parmi les délégués, dont plusieurs ont jugé qu’on ne pouvait se satisfaire de vagues appels à construire une société « juste, solidaire et citoyenne ». Ils réclamaient des idées plus concrètes et offensives, ou encore la perspective clairement formulée d’une rupture révolutionnaire avec l’ordre capitaliste. De fait, le texte d’orientation ne formule aucun programme économique général. Il se contente d’avancer quelques propositions progressistes en expliquant que, bon an mal an, et si tout le monde y met du sien (y compris, semble-t-il, les capitalistes), on devrait un de ces jours aboutir au « dépassement du capitalisme ». A aucun moment n’est formulée l’idée que les principaux leviers de l’économie - Alcatel, Vivendi, Renault, le Crédit Lyonnais, la BNP, Carrefour, etc. - doivent passer sous le contrôle démocratique des salariés eux-mêmes, et que seule cette rupture décisive avec le système capitaliste ouvrira la perspective de construire une société « juste et solidaire ».

De nombreux amendements ont été adoptés qui, de manière générale, ont un peu amélioré le texte. Certes, ses principales carences politiques n’ont pas été corrigées. Mais globalement, les débats ont été d’une très bonne qualité. Surtout, le congrès a révélé une soif d’idées révolutionnaires qui constitue la meilleure garantie des futurs succès de la JC. Si, comme le demandait une partie des intervenants, nous plaçons fermement la JC sur le terrain des idées et du programme marxistes, nous parviendrons à en faire l’organisation dont la jeunesse se saisira pour accomplir la transformation socialiste de la société.

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