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Nicolas Sarkozy est désormais en campagne électorale. Voilà qu’il nous invite à redécouvrir en sa personne le champion de la lutte contre les inégalités. Il est pour le partage des richesses ! Selon François Baroin, ministre du Budget,« Nicolas Sarkozy a manifesté dès 2007 sa volonté d’avoir une répartition plus juste de la richesse… ». C’est peut-être pour cela que Sarkozy n’a cessé de s’en prendre à tous les acquis des travailleurs, qu’il s’est attaqué aux retraites, aux 35 heures, à la sécurité sociale, à l’hôpital public et à l’éducation nationale ? La « prime Sarkozy », censée incarner ce désir présidentiel de « justice sociale », ne concernera qu’une petite minorité des salariés, et son montant, « sans minimum », sera dérisoire.

Tout ceci n’est qu’un misérable leurre électoral. En 2007, Sarkozy prétendait défendre les « sans grade » et les opprimés. Mais depuis quatre ans, il a montré la réalité de sa politique. Le chômage a massivement augmenté. La pauvreté touche plus de huit millions de personnes. Sarkozy est au service exclusif de ceux qui veulent sauvegarder et augmenter leurs profits au détriment de la masse de la population. Le capitalisme ne nous ouvre pas d’autre perspective que l’austérité permanente.

Quelle est donc la solution ? Lutter ? Mais comment ? Les Echos du 30 avril dernier citent des propos de Nadine Prigent, membre de la direction nationale de la CGT : « Les tensions sont là, mais le passage en force du gouvernement sur les retraites a donné à beaucoup le sentiment qu’il est vain de mobiliser au niveau national ». Est-ce que cela veut dire qu’il faut se limiter à des mobilisations locales ? Ce ne serait pas sérieux. Ce n’est évidemment pas le caractère « national » de la lutte sur les retraites qui explique son échec, mais plutôt la stratégie des directions syndicales, qui voulaient limiter la lutte à l’organisation de journées d’action. Cette stratégie ne pouvait pas forcer Sarkozy à abandonner sa contre-réforme. En outre, les revendications de la CGT – et à plus forte raison des autres confédérations – n’allaient jamais au-delà d’une demande de négociations avec Sarkozy. Il ne fallait surtout pas « politiser » le mouvement – nous expliquait-on – en exigeant la démission du gouvernement. C’est la poursuite de cette stratégie et de cette politique trop limitée qui est complètement vaine.

On nous répondra : mais alors, que faut-il faire ? Une grève générale ? Bloquer toute l’économie ? Croyez-vous que les travailleurs sont prêts à cela ? Peut-être pas dans l’immédiat. Mais objectivement, c’est la seule façon d’avoir ne serait-ce que la possibilité d’arracher des concessions significatives. Beaucoup de syndicalistes en sont fermement convaincus. Mais ce n’est pas le cas de tous les travailleurs. Et c’est précisément là que les syndicats pourraient jouer un rôle décisif. Il faut faire de la pédagogie, aider les travailleurs à parvenir à la même conclusion. Ceci dit, même une grève générale a ses limites. On ne peut pas indéfiniment paralyser le capitalisme. S’il veut vraiment proposer une solution aux problèmes engendrés par ce système, le syndicalisme doit poser la question : qui devrait posséder les ressources économiques, les entreprises et les banques ? Et il doit se prononcer clairement pour l’expropriation des capitalistes, comme ce fut le cas par le passé, à la CGT. Ceci permettrait la mise en place d’une planification économique rationnelle et démocratique dans l’intérêt des travailleurs. L’abandon des clauses socialistes, dans les statuts de la CGT, était une grosse erreur. A une époque où le capitalisme signifie la régression sociale permanente, ne pas poser la question du socialisme revient à réduire le syndicalisme à l’impuissance. En fin de compte, un syndicalisme « apolitique » est un syndicalisme fondé sur l’acceptation du capitalisme.

Beaucoup de travailleurs se tourneront vers le plan électoral dans l’espoir d’améliorer les choses. Mais cette voie est semée d’embûches, elle aussi. Supposons que le Parti Socialiste remporte les élections de 2012. Certes, on se sera débarrassés de Sarkozy. Mais les puissances capitalistes dont il n’est qu’un représentant seront encore en place. Ce sont eux, à vrai dire, qui gouvernent la France. Et la direction nationale du Parti Socialiste est entièrement entre les mains d’éléments pro-capitalistes qui n’ont de socialistes que le nom. Soyons clairs : sur la base de la politique actuelle des dirigeants du PS, un gouvernement « socialiste » appliquerait une politique assez semblable à celle de Sarkozy, à l’instar des gouvernements « socialistes » au pouvoir en Grèce et en Espagne. Ce qui nous ramène à notre idée centrale : la lutte contre le capitalisme, sur le plan syndical et politique, passe par un mouvement massif et extra-parlementaire, autour d’un programme d’expropriation des capitalistes, autour d’un programme communiste.

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