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Le discours de Macron, dimanche soir, comprenait son lot habituel de mensonges et de formules creuses. Exemple : « Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées par nos choix, par nos actions. » En fait, les « choix » et les « actions » (ou l’inaction) de ce gouvernement – et des précédents – ont pesé lourd dans le bilan de l’épidémie en France : près de 30 000 morts, officiellement (combien en réalité ?). Tout le monde le sait, mais le chef de l’Etat ne peut pas le reconnaître, car il devrait alors tirer sa révérence, ce qui n’entre pas dans ses projets.

Après s’être accordé un écœurant satisfecit, Macron est passé aux affaires courantes et urgentes. Premièrement : il va falloir « travailler et (…) produire davantage », et ce « alors même que notre pays va connaître des faillites et des plans sociaux multiples ».

Comment lutter contre les faillites et les plans sociaux ? Eh bien, précisément, en « travaillant davantage », nous dit Macron. Le chantage commence et va monter en puissance : les salariés qui veulent avoir une chance de conserver leur emploi devront travailler plus – ou accepter une baisse de salaire (ou les deux en même temps).

Les directions syndicales des travailleurs sont convoquées pour contribuer à faire passer la pilule. Macron l’a résumé en deux phrases : « Il nous faut d’abord tout faire pour éviter au maximum les licenciements. C’est pour cela qu’avec les syndicats et le patronat, nous avons lancé une négociation pour que, dans toutes les entreprises, nous arrivions à préserver le plus d’emplois possible malgré les baisses d’activité. » Laurent Berger, de la CFDT, trépigne d’impatience ; il est prêt à tout pour sauver le capitalisme français.

Macron n’a rien dit sur la réforme des retraites et la réforme de l’assurance chômage, ce qui signifie qu’elles ne seront pas abrogées. Il n’ose pas encore le dire ouvertement, car il redoute un embrasement social. Chaque chose en son temps. Dans l’immédiat, le chef de l’Etat voulait parer au plus urgent : apporter un soutien sans faille aux policiers – ou, plus exactement, aux éléments les plus réactionnaires de la police, qui exigeaient de Macron une claire condamnation des manifestations contre le racisme et les violences policières. C’est chose faite : aux centaines de milliers de jeunes et de travailleurs qui se sont mobilisés à travers le pays, ces 15 derniers jours, Macron a répondu en fustigeant le « communautarisme » et le « séparatisme », tout en bafouillant des choses sur les statues, l’Afrique, la méditerranée et la « réécriture haineuse ou fausse du passé ». Rien sur les violences policières. Rien sur le racisme dans la police et la gendarmerie. Rien sur Adama Traoré et toutes les autres victimes des violences d’Etat. La police, c’est « l’ordre républicain ».

Ce faisant, Macron a délivré une précieuse leçon à ceux qui pouvaient avoir de sincères illusions sur la « neutralité » de l’Etat bourgeois. En effet, la police est bien un pilier de « l’ordre », de l’ordre capitaliste (couvert d’un voile « républicain »). Les policiers, ce sont « des hommes en arme qui protègent la propriété bourgeoise » (Marx). Et le racisme – dans la police, dans les médias, dans la bouche des politiciens réactionnaires – est aussi l’un des principaux piliers de l’ordre établi. Sous couvert de laïcité, de sécurité ou de lutte contre le terrorisme, la bourgeoisie française alimente sans cesse le racisme. C’est son arme de diversion massive : elle livre les immigrés à la vindicte populaire dans le but de protéger les véritables responsables de la misère et du chômage (c’est-à-dire : elle-même).

Cette arme du racisme, la bourgeoisie française y aura d’autant plus recours, dans la période à venir, que la misère et le chômage vont exploser. La gauche et le mouvement ouvrier doivent en tirer des conclusions radicales, révolutionnaires. Comme l’écrivait Malcolm X : « vous ne pouvez pas avoir le capitalisme sans le racisme ». Pour en finir avec l’un, il faudra en finir avec l’autre.

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