Près de deux mois après le coup d’Etat de l’armée birmane, le 1er février, le mouvement d’opposition n’a pas dit son dernier mot. Malgré les arrestations massives et les centaines de morts, les masses birmanes continuent de résister à la junte militaire, qui a le plus grand mal à restaurer un semblant de stabilité.
La grève générale du 8 mars a souligné la disponibilité des travailleurs au combat. Cependant, des grèves de 24 heures ne suffiront pas pour faire reculer les généraux. Ces derniers savent qu’ils ont beaucoup à perdre, désormais, s’ils cèdent le pouvoir – sous la pression du peuple – à un gouvernement civil. Après deux mois de lutte héroïque, les masses ne se satisferaient pas d’un simple « retour à la caserne » de l’armée. Elles demanderont justice pour les meurtres perpétrés par la police et l’armée.
La puissance du mouvement d’opposition a directement posé la question du pouvoir. Mais les travailleurs ne peuvent pas prendre le pouvoir sans une direction déterminée à aller jusqu’au bout. Or une telle direction fait défaut. Par exemple, le 4 mars, la Fédération Birmane des Syndicats demandait officiellement de l’aide à l’ONU et aux Etats-Unis. Il est vrai que les impérialistes européens et américains soutenaient le gouvernement libéral d’Aung San Suu Kyi, que les généraux ont renversé. Mais ils n’interviendront pas militairement pour écarter la junte militaire, car ce serait entrer en conflit direct, frontal, avec la Chine, qui a d’importants intérêts économiques en Birmanie.
Les forces armées
Au lieu de lancer des appels désespérés aux puissances impérialistes, les dirigeants syndicaux ne devraient compter que sur la mobilisation du peuple. Dans le même temps, ils devraient s’efforcer de diviser les forces armées suivant une ligne de classe.
La majeure partie de la police continue d’exécuter les ordres, mais les troubles croissent dans ses rangs. Des policiers ont refusé de tirer sur des manifestants et ont fui vers l’Inde voisine. Le nombre de policiers qui démissionnent ne cesse d’augmenter. Plus de 600 policiers ont rejoint un Mouvement de Désobéissance Civile (MDC). Si un appel révolutionnaire était lancé aux forces de police et aux soldats, une partie d’entre elles rallieraient le mouvement de contestation.
Enfin, le mouvement doit se doter de comités d’action élus dans les entreprises, les quartiers, les villages, et reliés entre eux aux niveaux régional et national. Une telle structure démocratique du mouvement pourrait se présenter comme la voix des masses, organiser l’auto-défense des travailleurs et constituer une alternative claire au pouvoir des généraux.