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Quinze ans avant le début de la Révolution française, Jean-Paul Marat a rédigé un ouvrage intitulé Les Chaînes de l’Esclavage dans lequel il a entrepris d’ouvrir les yeux du peuple sur la perfidie et les manipulations des puissants. « Si, dans un moment de crise, écrit-il, le prince fait quelque concession au peuple, ce n’est jamais qu’une concession illusoire : trop jaloux de sa puissance pour ne pas retirer d’une main ce qu’il accorde de l’autre… Pour apaiser le peuple irrité, il arrive bien quelquefois que le prince lui sacrifie ses ministres, et plus souvent il les fait entrer dans quelque port pendant la tourmente ; mais le même plan d’opérations subsiste toujours. »

Changer des ministres pour continuer le même « plan d’opérations » – ou pire – est en effet une très vieille astuce gouvernementale. En nommant Valls à la place d’Ayrault, le prince Hollande veut moins rassurer le « peuple » que les capitalistes. Valls annonce 50 milliards d’économies sur les dépenses publiques. Il versera 30 milliards dans les coffres des capitalistes, pour qu’ils « créent des emplois ». Ces derniers accepteront ce geste avec joie… et continueront à en détruire à une échelle massive.

Le terme « austérité » ne décrit pas la réalité de ce qui se passe. Celui de « rigueur » non plus. C’est une politique qui impose une souffrance insupportable à une fraction sans cesse grandissante de la population pour augmenter la richesse, le pouvoir et les privilèges d’une petite classe de parasites capitalistes. Le nombre de chômeurs augmente et la durée du chômage se prolonge. Un chômeur s’appauvrit davantage avec chaque mois qui passe. Par millions, ils sombrent progressivement dans une misère noire. Le coût social et humain de ce système exécrable est incalculable.

La direction du PS est dominée depuis des décennies par des éléments droitiers. Valls se situe sur la droite de cette droite. Il prône depuis longtemps une réforme des retraites bien plus draconienne que celle imposée par Sarkozy. Il veut en finir avec les 35 heures. Il était de ceux qui voulaient changer le nom du PS. Puisque nous acceptons le capitalisme, disait-il, à quoi bon s’appeler « socialiste » ? Dans le passé, les gouvernements de gauche, en France et ailleurs, croyaient pouvoir atténuer les effets néfastes de ce système au moyen de réformes. Ils ont tenté de modifier le fonctionnement du capitalisme. En vain ! Mais aujourd’hui, nous avons des dirigeants « socialistes » qui ne tentent plus rien, qui sont les esclaves volontaires des capitalistes. On dirait que leur programme est rédigé au siège du MEDEF. Ils mesurent le succès de leur politique à l’évolution des valeurs boursières. Ils s’accrochent à un système incapable de résoudre les problèmes sociaux et économiques qui se posent, puisqu’il en est la cause.

Sous la droite comme sous cette fausse gauche, ce sera une régression sociale et économique sans fin. Dans les années 1770, on voyait Marat guetter les moindres signes de la révolte qui couve. Il avait confiance dans la capacité révolutionnaire des opprimés, mais se disait « surpris de la patience du genre humain ». Cette patience peut étonner, en effet. Mais nous pensons que la désagrégation de l’économie entraînera une désagrégation de l’ordre capitaliste, qui repose, en définitive, sur la passivité de ses victimes. Cette passivité atteindra forcément ses limites. Une explosion nous paraît inévitable.

Il n’y a pas d’autre solution possible, pour les travailleurs, que d’en finir avec l’ordre capitaliste. Or, nous savons que les travailleurs n’accepteront pas cette vérité facilement. Elle ne pénétrera les consciences qu’au prix de luttes, de déceptions, voire de défaites. Jamais une révolution n’a commencé d’emblée sur la base d’idées clairement révolutionnaires. Les travailleurs se heurtent aux limites de leurs propres idées et méthodes, de leurs propres organisations, aussi.

Karl Marx a expliqué que des idées révolutionnaires, dès lors que les masses s’en emparent, deviennent une force matérielle. C’est de cette force que nous avons besoin pour vaincre le capitalisme. Avant que le mouvement ouvrier puisse triompher du système capitaliste, les idées révolutionnaires du marxisme doivent triompher dans le mouvement ouvrier. C’est pourquoi les communistes que nous sommes s’efforcent de relier toutes les aspirations et toutes les luttes à la nécessité d’en finir avec la domination capitaliste. Les travailleurs ne sortiront jamais des difficultés qui les accablent tant que cette domination existera. Ils ne seront jamais libres tant qu’ils ne prendront pas entre leurs propres mains la conduite de la société et de tous les rouages de l’économie.

Sommaire :
La CGT Cléon dénonce l’exploitation maximale
Austérité sans fin - Edito du n°72
Accord Medef/CFDT-FO-CFTC : l’assurance chômage encore attaquée
Comment La Poste exploite les facteurs
Coupes drastiques dans les dépenses publiques
Les MOOC et la privatisation de l’enseignement supérieur
La crise du capitalisme européen et les élections du 25 mai
Overdose de couleuvres à la « gauche du PS »
Succès de la manifestation du Front de gauche/NPA du 12 avril
La jeunesse au bord de la révolte
Les pays « émergents » dans la tourmente de la crise
Manifestations historiques en Espagne : « du pain, un toit et un travail ! »
Pablo Hasel, rappeur militant espagnol, condamné à deux ans de prison
Le gouvernement Renzi, en Italie : un « modèle » pour la gauche française – ou pour le patronat ?
Contre tous les oligarques ukrainiens ! Pour l’unité de la classe ouvrière !
Matérialisme et idéalisme
La grève de mineurs britanniques (1984-85)
Enthousiasme et détermination révolutionnaires au 33e congrès des marxistes pakistanais
Chronique d’une galère trop ordinaire

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