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Début juin, à Toulouse, 61 personnes sans-logis ont décidé de camper dans des lieux symboliques afin de défendre leur droit au logement : devant le Conseil Départemental, devant la préfecture et sur l’esplanade Jean Jaurès, en plein centre-ville. Organisées par le DAL (Droit Au Logement), elles ont aussi occupé l’Office de l’Immigration et réquisitionné un bâtiment du CHU de Purpan. Fin juillet, ce « campement des 61 » gagnait son bras de fer contre la préfecture, contrainte de reloger toutes ces personnes.

Dans cette lutte, c’est la solidarité entre les sans-logis eux-mêmes qui a payé, puisqu’au départ la préfecture proposait des solutions d’hébergement aux femmes avec enfants, soit un tiers des personnes. Ces dernières ont catégoriquement refusé, estimant que la lutte devait se poursuivre jusqu’à ce que tous soient relogés.

La crise du logement

A Toulouse, la situation de l’hébergement d’urgence est catastrophique. Selon le DAL 31, plus de 90 % des appels au 115 essuient un refus. Pourtant, d’après un recensement de l’INSEE datant de 2008, plus de 15 000 logements sont vides, à Toulouse, et plus de 30 000 dans le département de la Haute-Garonne. Dans le même temps, les loyers continuent d’augmenter à une vitesse vertigineuse : depuis 2000, le prix du logement locatif a augmenté, en moyenne, de 80 % de plus que les revenus. En conséquence, parmi les gens qui dorment dans la rues, il y a non seulement des titulaires du RSA, mais aussi, de plus en plus, des familles de travailleurs pauvres n’ayant pas les moyens de payer une caution et un loyer.

Dans son rapport publié en janvier 2016, la Fondation Abbé Pierre dénombrait 3,8 millions de personnes mal-logées, dans notre pays. Parmi elles, 2,09 millions sont « privées de confort », 934 000 vivent dans une situation de « surpeuplement accentué », 141 500 sont sans domicile et 85 000 vivent dans des habitations de fortune. Fin 2015, 17 929 personnes vivaient dans un des 582 bidonvilles recensés. Le même rapport ajoutait que 12,1 millions de personnes sont « fragilisées par rapport au logement » : incapacité à payer le chauffage, retard dans le payement des loyers, surpeuplement « modéré »…

Le droit et le fait

Malgré un droit au logement opposable permettant d’attaquer l’Etat (si l’on remplit les critères d’accession aux HLM mais qu’on n’a pas eu de place), malgré les lois sur la limitation des loyers, malgré tout un arsenal juridique censé garantir le droit au logement, la crise du logement est toujours là. Toutes ces mesures juridiques ne sont qu’un paravent derrière lequel se cache l’Etat.

La crise du logement n’est pas une particularité de notre époque. En fait, elle n’est même pas le lot de la seule classe ouvrière moderne. Toutes les classes opprimées de tous les temps ont souffert du mal-logement. Même si, objectivement, la situation s’est améliorée aujourd’hui dans les pays capitalistes avancés (ce qui n’est pas le cas ailleurs), la crise du logement demeure chronique, persistante. Les droits acquis – comme le droit opposable – n’existent que pour décorer d’un semblant de « justice sociale » la violence de la réalité. Dans son livre La Question du Logement, écrit en 1872, Friedrich Engels démontrait que la crise du logement n’est, au final, qu’une conséquence du mode de production capitaliste. Pour y mettre un terme définitif, il est donc nécessaire de changer le fonctionnement de la société tout entière – ses rapports de production –, afin qu’une bonne fois pour toutes l’intérêt du plus grand nombre prime sur la course aux profits.

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