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Les événements du 6 janvier, à Washington, ont souligné la gravité de la crise de régime qui frappe le capitalisme américain. En surface, ses institutions semblent solides. En réalité, elles sont rongées par une pourriture qui se développe rapidement.

La dialectique explique comment les choses se changent en leur contraire. Pendant des décennies, les Etats-Unis étaient l’un des pays les plus stables au monde, et tout au moins le plus stable parmi les grandes puissances. Aujourd’hui, le monde entier regarde, médusé, des militants d’extrême droite envahir et occuper l’une des principales institutions de la démocratie américaine.

Surprise ?

Les risques de tensions à Washington, ce 6 janvier, étaient connus de longue date. Donald Trump avait fait de cette journée un point culminant de sa campagne pour discréditer le résultat des élections de novembre dernier, qu’il qualifie de « frauduleuses ». Il avait fait coïncider sa « Marche pour Sauver l’Amérique » avec la certification du Collège Electoral par le Congrès (une simple routine, normalement).

La Marche en question a réuni des milliers de partisans de Trump, dont un bon nombre sont venus de régions rurales du pays. Il y avait des centaines de miliciens en arme, de « Proud boys » et autres éléments d’extrême droite. S’adressant à cette foule, Trump l’a encouragée à marcher vers le Capitole. Un peu plus tôt, l’avocat de Trump, Rudy Giuliani, avait appelé cette même foule à un « procès par combat » contre les parlementaires démocrates.

Ces dernières semaines, des actions violentes avaient été annoncées et planifiées sur des sites d’extrême droite. Et pourtant, le moment venu, les forces de police étaient peu nombreuses, mal équipées – et ont été rapidement débordées, quand elles ne sympathisaient pas ouvertement avec les partisans de Trump. Le contraste est flagrant entre cette situation et la militarisation d’une partie de la ville par la Garde Nationale et la police anti-émeute, l’été dernier, lors des manifestations massives de « Black Lives Matter ».

Il est probable que Trump et ses proches ne souhaitaient pas que le Capitole soit envahi. Mais ils ont joué avec le feu. Pendant l’un des débats présidentiels, en septembre, Trump avait demandé aux « Proud boys » de « se tenir à l’écart », mais aussi de « se tenir prêts ». Mercredi, ces derniers – et leurs acolytes de diverses organisations plus ou moins fascistes – ont décidé de passer à l’action.

La faiblesse de l’extrême droite

Ces événements sont impressionnants, bien sûr. Mais il faut garder le sens des proportions. Ce qui s’est passé, mercredi, n’était pas une tentative de coup d’Etat. Pour mener un coup d’Etat, il faut au moins la complicité active d’une fraction de l’armée. Trump n’a rien de tel à sa disposition. Trois jours avant l’invasion du Capitole, dix anciens ministres de la Défense ont publié une tribune commune pour menacer Trump de mobiliser l’armée contre lui – et non en sa faveur !

Les Proud boys, les adeptes de QAnon et autres militants d’extrême droite ne sont pas assez forts pour imposer une dictature. Ils ne font pas partie de l’appareil d’Etat – même s’il est clair qu’ils comptent des policiers et des militaires dans leurs rangs. Numériquement faibles et mal organisés, ces militants seraient balayés comme de la poussière par une mobilisation de masse des travailleurs.

La force de la classe ouvrière

Il est vrai que les militants d’extrême droite peuvent faire des dégâts, à leur échelle, et doivent être fermement combattus. S’il n’est pas traité à temps, un début de cancer peut se généraliser. Mais avant que cela n’arrive, la classe ouvrière américaine aura plusieurs fois l’occasion de prendre le pouvoir. Aux Etats-Unis, une dictature bonapartiste ne pourrait s’imposer qu’à la suite d’une série de graves défaites de la classe ouvrière. Or ce combat ne fait que commencer. Dans les mois et les années qui viennent, les immenses forces sociales qui se sont mobilisées dans la foulée de l’assassinat de George Floyd, cet été, reprendront le chemin de la lutte. Collectivement, elles seront mille fois plus puissantes que les énergumènes qui ont envahi le Capitole, mercredi.

La classe ouvrière constitue la grande majorité des Etats-Unis. Sans elle, rien n’est produit et rien n’est transporté. Non seulement elle est capable de paralyser le pays, mais elle est aussi la seule force sociale capable de vaincre le « trumpisme » et de transformer radicalement la société.

Cependant, comme nous l’avons expliqué à de nombreuses reprises, il manque aux travailleurs américains un parti indépendant pour mener ce combat de façon efficace. Au lieu de s’atteler à la création d’un tel parti, les dirigeants de la gauche réformiste – Sanders, Ocasio-Cortez, etc. – ont soutenu le soi-disant « moindre mal », Joe Biden, qui était le favori de Wall Street. Cette collaboration des dirigeants de la gauche américaine avec les Démocrates – un parti bourgeois – est une impasse. Il faut sortir de cette impasse – et les travailleurs en sortiront, tôt ou tard. Ils formeront leur propre parti indépendant. Socialist Revolution, la section américaine de la TMI, travaille dans ce sens avec un succès croissant. C’est la seule voie pour en finir avec le « trumpisme » et le capitalisme !

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