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Après le passage d’Irma, Macron a débarqué aux Antilles françaises tel un people en mission humanitaire, photographié ici buvant à un jerrycan d’eau potable, là serrant la main aux sinistrés. Ce coup de communication est révélateur de l’intervention du gouvernement dans cette crise : superficielle et à contretemps.

Impossible d’anticiper ?

« Nous ne pouvons pas anticiper ce qui n’est pas anticipable, » a dit Macron. Soyons sérieux : les progrès de l’imagerie satellite permettent aujourd’hui de prévoir assez précisément la force et la trajectoire des ouragans. Irma et José avaient été repérés dès le 30 août, soit une semaine avant qu’ils n’atteignent le nord de l’arc antillais. On est loin des dix plaies d’Egypte ! Ce délai permettait la mise en place de mesures immédiates et de préparer la gestion de l’après-tempête. Des groupes électrogènes, du matériel d’urgence et du ravitaillement alimentaire auraient pu être pré-positionnés d’avance dans les zones concernées afin de répondre aux besoins immédiats.

De même, des hélicoptères acheminés jusqu’en Guadeloupe auraient permis d’effectuer un repérage des dégâts et d’assurer les transports d’urgence dès les premières heures suivant le passage de l’ouragan. De telles mesures n’ont rien d’irréaliste, puisqu’elles ont été mises en place... dans la partie néerlandaise de Saint-Martin.

La catastrophe a révélé la déliquescence des services publics dans les DOM-TOM et le manque d’investissement dans les infrastructures. Il n’y en a que pour les installations touristiques. Elie Domota, dirigeant de l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (majoritaire), souligne qu’en Guadeloupe, zone de forte sismicité, « 70 à 80 % des bâtiments publics ne sont pas aux normes parasismiques, à commencer par le CHU de Pointe-à-Pitre ».

Aide à deux vitesses

Une fois Irma passée, l’intervention de l’Etat n’a pas été la même selon les zones, révélant les inégalités sociales structurant le territoire antillais, où une communauté blanche plutôt aisée côtoie une population noire vivant dans la pauvreté. A Saint-Martin, après les handicapés et les malades, ce sont les touristes qui ont été évacués en premier. Les premières « aides » ont été envoyées dans les quartiers blancs, sous la forme de militaires patrouillant pour éviter les pillages. Les médias ont renforcé cette image colonialiste en se focalisant sur les actes de vandalisme. Or, les populations pauvres ont été abandonnées dans une zone dévastée. Ils manquaient de nourriture et d’eau potable. Il a fallu attendre quatre jours avant de voir les secours arriver à Sandy Ground, le quartier le plus pauvre de l’île, que l’ouragan a dévasté.

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