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Les annonces de Macron, hier soir, soulignent une nouvelle fois la faillite de la politique sanitaire de son gouvernement – si on peut qualifier de « sanitaire » une politique entièrement subordonnée à la défense des profits des grands capitalistes.

Au nom de ces profits, rien de sérieux n’a été fait, depuis mars dernier, pour préparer le pays à une puissante deuxième vague de l’épidémie – dont la possibilité était parfaitement connue, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, qui se noie dans ses propres mensonges.

Si le gouvernement n’a rien fait depuis mars, si le nombre de lits et de soignants est toujours aussi insuffisant, si la politique de test et de traçage est un fiasco absolu, c’est uniquement parce que le gouvernement a refusé de débloquer les moyens humains et financiers nécessaires, lesquels étaient pourtant connus, quantifiables et mobilisables. Au lieu de cela, il a passé l’été à préparer les « jours heureux » du grand patronat, c’est-à-dire à lui concocter un « plan de relance » de 100 milliards d’euros, tout en orchestrant une vaste opération de diversion sur le thème : « le problème, en France, ce sont les immigrés et les musulmans ».

Le grand patronat était ravi. Le Medef approuvait chaudement l’idée de consacrer autant d’argent public (en fait, de dette publique) à subventionner les grandes entreprises – et aussi peu de moyens à la préparation du pays à une deuxième vague de l’épidémie. Désormais que cette deuxième vague submerge le système hospitalier et contraint le gouvernement à de nouvelles mesures de confinement, le Medef proteste et exige que, malgré tout, un maximum de travailleurs continue de travailler, afin que les profiteurs continuent d’accumuler un maximum de profits.

Ces gens sont habitués au beurre et à l’argent du beurre : ils n’ont pas l’intention d’y renoncer. Et le gouvernement Macron, leur gouvernement, fera tout pour les satisfaire. Par exemple, le télétravail – là où il est possible – n’est pas obligatoire. Macron en laisse la décision aux patrons, qui bien souvent auront d’autres critères, en tête, que la santé de leurs salariés. Par ailleurs, si le gouvernement ne ferme pas les crèches et les établissements scolaires, c’est uniquement pour permettre aux parents de travailler. Il a annoncé des « protocoles sanitaires renforcés » dans les écoles, les collèges et lycées, mais les enseignants savent bien qu’il s’agit de mots creux, car les protocoles sanitaires en vigueur, depuis la rentrée de septembre, étaient déjà inapplicables, faute de moyens. Qui peut croire un instant que ces moyens vont être mobilisés par le gouvernement à partir de lundi ? Récemment élevés au rang de « piliers de la République » (pour cibler, en retour, les musulmans), les enseignants retombent au rang de chair à canon du grand Capital, ce qui est beaucoup plus conforme à l’estime réelle que leur voue la classe dirigeante.

De manière générale, des millions de travailleurs ne seront pas confinés. Faute de conditions de travail adaptées, ils continueront d’être exposés à un virus dont la circulation accélère rapidement.

Enfin, les mesures annoncées hier vont aggraver les conséquences sociales, déjà gravissimes, de la crise actuelle. Des milliers de petites entreprises vont faire faillite. Le chômage et la grande misère vont encore augmenter – alors que, depuis le mois de mars, plus d’un million de personnes, en France, ont basculé sous le seuil de pauvreté. Les cas de violences intra-familiales et de grande souffrance psychique vont exploser, comme lors du premier confinement.

Organiser le contrôle ouvrier !

La réaction des organisations du mouvement ouvrier doit être à la hauteur de la situation. L’heure n’est pas à « l’unité nationale » – toujours factice – avec un gouvernement qui sacrifie la santé publique sur l’autel du profit. L’heure est à une offensive générale contre la politique criminelle du gouvernement et du grand patronat.

Il ne sert à rien de « réclamer » au gouvernement ce qu’il n’a pas la moindre intention de donner. Les travailleurs n’obtiendront que ce qu’ils auront arraché par leur lutte, à l’échelle des entreprises comme à l’échelle nationale. C’est donc une lutte massive que les organisations du mouvement ouvrier – syndicats et partis de gauche – doivent mettre à l’ordre du jour.

Le « contrôle ouvrier » doit être au cœur de cette offensive de notre classe. Les salariés doivent s’organiser, dans les entreprises et les services publics, pour prendre le contrôle des opérations, c’est-à-dire fixer eux-mêmes les conditions de travail, le temps de travail, les rotations, les effectifs, les mesures de télétravail, de sécurité, etc. Ils doivent pouvoir décider de fermer provisoirement l’entreprise ou le service s’ils le jugent nécessaire, sans perdre un centime de rémunération. Bref, la classe ouvrière doit prendre le contrôle de la production pour imposer ses règles sanitaires.

Cette idée avait été formulée par Jean-Luc Mélenchon en avril dernier, à la veille du déconfinement : « Aux travailleurs qui vont reprendre le travail, je dis : réunissez-vous sur les lieux de travail pour assurer les conditions sanitaires de la production. » Malheureusement, cela n’a pas été repris par les directions syndicales, qui passent leur temps dans de vaines « concertations » avec le gouvernement. Elles doivent mettre fin à la mascarade des « concertations » et se tourner vers les travailleurs ; elles doivent lancer une vaste campagne, dans tout le pays, pour encourager, développer, organiser le contrôle ouvrier de la production et des services publics.

Le développement du contrôle ouvrier n’aurait pas seulement un intérêt sanitaire. Il permettrait aussi de s’opposer efficacement aux licenciements et aux plans sociaux, qui se multiplient. Les travailleurs doivent avoir accès aux comptes de l’entreprise ; ils doivent exercer leur pouvoir collectif pour imposer aux patrons des décisions permettant de sauvegarder l’emploi et les rémunérations. Par ailleurs, dans les grandes entreprises menacées de fermeture, le contrôle ouvrier doit s’accompagner d’une lutte pour leur nationalisation.

Rompre avec le capitalisme !

Le mouvement ouvrier doit mettre en avant toute une série d’autres mesures visant à défendre les conditions de vie des masses – et notamment des chômeurs, des mal-logés, des précaires, des jeunes et des retraités. En mars dernier, au début du premier confinement, nous avons publié un programme d’urgence qui, sept mois plus tard, reste entièrement d’actualité. Il appelle notamment à lutter pour la nationalisation de l’ensemble des cliniques privées, qui doivent être pleinement mobilisées pour soulager l’hôpital public, ce qui n’est pas le cas.

Ce programme d’urgence se conclue par un appel à prendre acte de la profonde crise du système capitaliste – et donc à renouer avec le programme du socialisme révolutionnaire. Crises économiques, sociales, sanitaires, climatiques, militaires : le capitalisme n’a plus rien d’autre à nous offrir. Il est grand temps, pour le mouvement ouvrier, d’abandonner l’utopie réformiste d’un capitalisme « social ». Pour sauver l’humanité de la catastrophe, il faudra renverser ce système et reconstruire la société sur la base d’une planification démocratique et socialiste de l’économie – à l’échelle nationale, puis internationale. En France comme ailleurs, le mouvement ouvrier doit replacer cette perspective au cœur de ses luttes et de son programme.

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