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Airbus

Les chiffres du plan d’économie d’Airbus, « Power 8 », sont finalement tombés, mercredi 28 février. Trois sites vont être cédés à des repreneurs sous-traitants : Filton en Angleterre, Nordenham en Allemagne et Méaulte en France, qui compte plus de 1000 salariés. Trois autres sites vont être fermés : Laupheim et Varel, en Allemagne, ainsi que l’usine de Saint-Nazaire ville, en France, qui compte environ 900 salariés. En plus de ces sites vendus ou cédés, le PDG Louis Gallois a confirmé les 10 000 suppressions d’emplois en Europe, sur 4 ans. Elles concernent pour 50% des salariés d’Airbus et pour 50% des sous-traitants et intérimaires travaillant sur les sites d’Airbus.

La répartition entre les quatre pays se fera de la façon suivante : 3700 emplois seront supprimés chez Airbus Allemagne, 3200 chez Airbus France, 1 600 chez Airbus Royaume-Uni, 450 chez Airbus Espagne et 1100 chez Airbus Central Entity (la maison mère du groupe Airbus, située à Toulouse). Ces suppressions d’emplois se feront sous forme de mesures de préretraite, de départs volontaires et de temps partiel. En outre, des rumeurs circulent déjà, alimentées par des « aparté » de Louis Gallois, sur de possibles licenciements secs.

Les dirigeants ne parlent que des chiffres concernant Airbus, mais la saignée risque d’être beaucoup plus profonde chez les sous-traitants, dont Airbus souhaite réduire le nombre de moitié, et dont il exigera encore une importante réduction des coûts. L’avenir de milliers d’emplois est remis en question par la vaste réorganisation industrielle qui s’annonce.

Rapacité des actionnaires

Le plan de restructuration d’Airbus est présenté aux salariés comme une nécessité incontournable, sans laquelle Airbus se ferait « décrocher » par son concurrent américain, Boeing. Les dirigeants argumentent systématiquement sur la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. D’autre part, il faudrait trouver de quoi financer les nouveaux projets. C’est pourquoi Gallois nous explique qu’il faut économiser 2 milliards d’euros par an.

Pourtant, Airbus réalise de gros bénéfices. D’une année sur l’autre, la quantité d’avions à livrer est de plus en plus importante. Les carnets de commandes sont remplis pour les 6 années à venir. Depuis la privatisation, en 1999, les actions auraient rapporté chaque année, en moyenne, plus de 18% de bénéfices aux gros actionnaires. Et n’oublions pas l’énorme plus-value réalisée par le groupe Lagardère et le groupe allemand Daimler Chrysler, qui ont engrangé chacun plus de 2 milliards d’euros, avant que le cours de l’action ne dégringole suite à l’annonce du retard de livraison de l’A380.

Quand le PDG Louis Gallois parle de la « nécessité » d’un plan d’économie, il se place uniquement du point de vue des actionnaires, qui ne veulent pas attendre 5, 10 ou 15 ans avant que leur « investissement » soit amorti. Non, ils veulent l’argent tout de suite, quitte à menacer la pérennité de l’industrie aéronautique. Quitte, aussi, à faire payer l’addition à l’ensemble des salariés.

La direction nous explique qu’Airbus doit se concentrer sur son « cœur de métier », en externalisant toujours plus son activité. Mais au final, on voit bien que le « cœur » de toute l’affaire se réduit à la rentabilité maximale pour les actionnaires. Après « Power 8 », ils se pencheront sur un plan « Power 10 », puis un « Power 12 », etc.

La riposte syndicale

Les dirigeants du groupe tablent sur une division de la mobilisation syndicale contre le plan d’économie – division entre salariés allemands et français ; division entre salariés des différents sites d’un même pays ; division, enfin, entre syndicats. Montrons-leur que nous pouvons réaliser l’unité dans l’action. Elle est absolument nécessaire. Mais elle doit reposer sur la mobilisation la plus déterminée. On ne peut pas se permette d’attendre trop longtemps pour déclencher une mobilisation de grande ampleur. La stratégie des petits débrayages, à raison de quelques heures de grèves par semaine, risquent de démoraliser les salariés. Les salariés de Méaulte ont montré la voie en se mettant en grève totale dès le premier jour de l’annonce du plan.

Néanmoins, la grève ne sera pas suffisante, en elle-même. Il nous faut défendre des objectifs et de mots d’ordre corrects, qui présentent une alternative crédible au plan de restructuration.

Dans son communiqué du 27 février, la direction du PS demande – comme de nombreux dirigeants politiques et syndicaux – que l’Etat renforce sa présence dans le capital d’EADS. Le président socialiste de la région Midi-Pyrénées propose que les différentes régions concernées, en France, s’engagent à hauteur de 150 millions d’euros dans le capital du groupe. Cette proposition passe complètement à côté du problème. D’une part, elle ne remet nullement en cause le plan « Power 8 ». D’autre part, elle revient finalement à renflouer les caisses d’une entreprise privée à partir du budget de l’Etat – c’est-à-dire à « consolider »… la rapacité des actionnaires. On nationalise les pertes, et on privatise les profits !

De plus en plus de voix s’élèvent, parmi les salariés, pour que l’industrie aéronautique soit renationalisée. C’est en effet la seule voie acceptable. Ajoutons que cette nationalisation doit placer l’outil industriel sous le contrôle démocratique des salariés. C’est uniquement de cette manière que les investissements pourront se faire à long terme, que la production pourra être rationalisée, et que la pérennité des emplois sera assurée.

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