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Les attaques menées par des groupes fascistes contre des organisations et des militants de gauche se multiplient en Europe. Le mouvement ouvrier doit répondre à cette menace par une politique de classe.

A Lyon, plusieurs militants, rassemblements et locaux de gauche, mais aussi de simples passants ont été attaqués, ces derniers mois, par des militants fascistes. 5000 personnes ont défilé, le samedi 23 octobre, contre ces agressions et ces provocations.

En Grèce, l’interdiction du parti fasciste Aube Dorée, l’an dernier, n’a pas empêché les fascistes de multiplier les agressions, ces derniers mois. A Thessalonique et à Athènes, ils ont violemment agressé des étudiants, mais aussi des meetings de gauche et des militants du Parti communiste grec (KKE). Des manifestations de protestation ont été organisées dans tout le pays, le 7 octobre, et ont mobilisé des milliers de personnes.

En Italie, c’est le siège national de la CGIL (l’équivalent de notre CGT) qui a été attaqué et vandalisé, le 9 octobre, par des militants du parti fasciste Fuorza Nuova. La réaction du mouvement ouvrier a été immédiate : dès le lendemain, des rassemblements spontanés se tenaient dans les locaux de la CGIL à travers tout le pays. Le week-end suivant, une manifestation de protestation rassemblait près de 200 000 personnes dans les rues de Rome.

Dictature fasciste ?

Malgré ce que pourrait laisser craindre la multiplication de telles attaques, l’instauration d’une dictature fasciste dans un ou plusieurs pays d’Europe est exclue à court terme. Plusieurs facteurs s’y opposent, à commencer par l’écrasante supériorité numérique de la classe ouvrière. En Italie, par exemple, les attaques menées par quelques dizaines de fascistes ont suscité, en réaction, la mobilisation de centaines de milliers de personnes à l’appel des organisations de gauche. Cette disproportion reflète la fonte qu’a subie la petite-bourgeoisie, base sociale du fascisme dans les années 1930, au profit du salariat.

En outre, la situation politique n’est pas du tout favorable à l’instauration de dictatures fascistes. En Allemagne, en Italie et en Espagne, dans les années 1920 et 1930, les travailleurs ont eu plusieurs fois la possibilité de prendre le pouvoir, mais se sont heurtés à la politique erronée de leurs propres organisations (réformistes et staliniennes). Les fascistes se sont abattus sur un prolétariat démoralisé et désorienté. Nulle part en Europe, aujourd’hui, la situation n’est comparable à cela. Au contraire, la classe ouvrière dispose encore de toutes ses forces – et pourrait même être poussée à l’action révolutionnaire si la bourgeoisie commettait l’erreur d’avancer sérieusement vers un régime de type dictatorial.

Enfin, le capital n’a pas besoin d’une dictature fasciste, car il peut compter, pour l’instant, sur l’appui des directions réformistes du mouvement ouvrier, et en particulier du mouvement syndical, qui font ce qu’elles peuvent pour freiner les mobilisations des travailleurs. Cet appui apparaît beaucoup plus sûr à la classe dirigeante que celui d’organisations relativement incontrôlables.

Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faut rester les bras croisés face à ces attaques, qui vont certainement se multiplier dans la période à venir. En effet, la crise du capitalisme, la propagande raciste à laquelle recourent tous les gouvernements bourgeois et la passivité des dirigeants réformistes du mouvement ouvrier constituent un environnement favorable à l’activisme des groupuscules fascistes.

Les fascistes et l’Etat bourgeois

Cette situation est donc sérieuse, et le mouvement ouvrier doit s’en préoccuper. Les fascistes attaquent des militants isolés, mais aussi des locaux, des meetings. Si rien n’est fait, une menace permanente planera sur les activités du mouvement ouvrier. Il faut combattre les fascistes, mais en utilisant nos propres armes et nos propres forces.

En Italie, en Grèce ou en France, il est vain d’en appeler à l’Etat bourgeois contre les fascistes. En Grèce, le parti fasciste Aube dorée a été officiellement interdit, l’an dernier, mais ses militants continuent de frapper en toute impunité – et ils disposent même encore de locaux officiels dans plusieurs villes du pays. Par ailleurs, plusieurs des attaques dont nous avons parlé se sont déroulées sous les yeux de policiers impassibles. Les fascistes bénéficient de nombreux sympathisants dans la police et dans l’appareil d’Etat bourgeois en général. Par ailleurs, même si la bourgeoisie n’envisage pas de confier le pouvoir à des organisations fascistes, elle les garde en réserve et s’en sert comme d’une force supplétive pour frapper le mouvement ouvrier et semer le racisme.

Aucune confiance ne peut être accordée à l’Etat bourgeois dans la lutte contre les fascistes. Le mouvement ouvrier doit organiser lui-même sa propre protection contre ces attaques et mobiliser la classe ouvrière dans une lutte politique contre les organisations fascistes. C’est ce qui a été fait en Italie, et, dans une moindre mesure, en Grèce et à Lyon. Cependant, il faudra aller plus loin. La lutte contre le fascisme ne peut être menée à bien que si elle est dirigée contre le capitalisme, qui nourrit et protège les agresseurs fascistes. 

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