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Dans un contexte d’augmentation continue du chômage, avec près de six millions de chômeurs toutes catégories confondues, patronat et syndicats se sont réunis fin mars pour renégocier les termes du régime de l’assurance chômage, l’UNEDIC. L’UNEDIC est déficitaire et le patronat ne veut bien évidemment pas cotiser plus, sous prétexte que cela nuirait à la compétitivité. La négociation précédente, alors que le régime connaissait déjà un fort déficit, avait débouché sur une baisse massive des cotisations salariales et patronales (2 milliards d’euros par an).

Comme on pouvait s’y attendre, le déficit s’est encore creusé, et le Medef demande qu’on rogne toujours plus sur les allocations. Un accord qui va dans ce sens a donc été signé entre le Medef et les syndicats CFDT, FO et CFTC. Cette logique, poursuivie sur le long terme par le patronat (baisse des cotisations + baisse des allocations) ne peut que mener à la disparition progressive de l’assurance chômage. Cette fois-ci, le régime est amputé de 800 millions d’euros.

La CGT explique : « les 2 millions de salariés intérimaires seront lourdement touchés, avec plus de 300 millions d’euros d’économies réalisées sur leur dos. Les nouvelles règles qui leur seront appliquées les rendent perdants à tous les coups, entre 10 et 300 euros par mois selon les situations. Par exemple, un intérimaire qui avait des droits calculés sur un salaire brut de 2 000 euros par mois et qui reprend 100 heures de travail au même taux horaire (1 333,33 euros bruts) perdra 141,83 euros de revenu net par mois par rapport au système de calcul précédent. En revanche, l’intérimaire qui reprendrait une activité de 114 heures (soit 1 503,36 euros bruts) dans le mois, perdrait lui, 167,58 euros de revenu net pour ce mois-là ! Flexibles, mobiles et volés ! Voilà le résultat pour eux de cet accord ».

En échange, le patronat a accepté d’intégrer les droits rechargeables dans cet accord (ce dont la CFDT se sert pour justifier sa signature) qui devraient permettre de prolonger les périodes indemnisées de quelques centaines de milliers de chômeurs – ceux qui pendant leur durée d’indemnisation initiale, auront travaillé au moins 150 heures –, mais ce sont les demandeurs d’emploi eux-mêmes qui vont les financer.

D’autres mesures rétrogrades sont au menu de cet accord. Tout d’abord, l’allocation journalière qui ne pouvait être inférieure à 57,4 % du salaire de référence sera désormais fixée à 57 %, soit un recul de 0,4 %. C’est un petit pourcentage, mais en conséquence, un salarié qui touchait 1500 euros bruts perdra 6 euros d’allocation par mois.

Une autre brèche ouverte concerne l’allongement de la période de carence dont le plafond est augmenté de 105 jours. Lorsque les salariés perçoivent une indemnité « supralégale », dans le cadre d’une rupture de contrat de travail, le délai de carence qui était de 75 jours pourra aller jusqu’à 180 jours avant de percevoir ses indemnités chômage, selon le montant de cette indemnité supralégale, sauf pour les licenciés économiques. Un salarié qui avait des droits calculés sur un salaire brut de 2 000 euros par mois, avec 20 ans d’ancienneté, qui perçoit du fait d’une convention collective plus intéressante que le Code du travail 16 340 euros au lieu de 10 000 euros légalement, devra attendre 105 jours de plus que précédemment pour toucher ses allocations.

À aucun moment les véritables questions ne sont posées : pourquoi demander aux salariés de payer pour un chômage structurel qui relève entièrement de la responsabilité des capitalistes ? Qui décide de délocaliser ou de fermer des usines dont la plupart sont rentables ? Qui, enfin, possède et décide du destin de tout notre système économique, système où les travailleurs sont pourtant les uniques créateurs de richesses, mais qu’ils choisissent de détruire purement et simplement afin de sauvegarder leurs profits ?

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