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Depuis quelques jours, une critique du texte alternatif que nous soutenons, Combattre l’austérité, en finir avec le capitalisme, circule par e-mail. Une camarade nous demande de répondre à cette critique rédigée par Jean-Louis Cailloux (Voir la pièce jointe ci-dessous).


Chère camarade,

Merci pour ton courrier au sujet des remarques de Jean-Louis Cailloux. Je suis obligé de répondre de façon assez courte, tout en essayant d’être aussi clair et concret que possible. Déjà, le camarade Cailloux souligne plusieurs défauts importants du texte de la direction. Nous avons soumis ce texte à une critique plus longue et argumentée sur notre site. Quant aux remarques qu’il formule à propos de notre texte, elles tendent à déformer notre propos. Je ne peux pas répondre à la charge de « dogmatisme » concernant nos références à Marx, parce qu’il ne précise pas de quoi il parle et en quoi ce serait « dogmatique ». Et l’exemple qu’il prétend donner n’en est pas un parce qu’il déforme ce que nous avons écrit.

Il dit que notre texte « précise que la crise actuelle est qualitativement différente de toutes celles que nous avons connues et cible la responsabilité du développement exponentiel du crédit ». Ceci n’est pas tout à fait exact. Notre texte explique que la crise actuelle est en premier lieu une crise de surproduction capitaliste. La « crise du crédit » n’en est pas la cause, mais une conséquence. Mais l’endettement massif des Etats constitue tout de même un facteur qui aggrave la situation. C’est que pendant longtemps, comme le texte l’explique, les Etats se sont endettés pour essayer de prévenir une crise de surproduction. Cette politique d’endettement massif avait un certain effet pendant un certain temps, mais ne pouvait pas empêcher la crise de surproduction indéfiniment.

Il dit que notre texte n’a « aucune vision de ce que pourrait être la portée d’un renversement révolutionnaire de son usage [l’usage du crédit] comme notre section économique le propose. » Ceci est vrai. Un endettement supplémentaire de l’Etat n’aurait rien de « révolutionnaire ». La dette publique française augmente déjà de l’ordre de 100 à 150 milliards par an. Augmenter l’endettement de l’Etat pour subventionner les capitalistes, comme le propose la « section économique » du PCF, loin de résoudre quoi que ce soit, ne servirait qu’à précipiter la catastrophe. La « création monétaire » qu’il prône comme solution – c’est-à-dire l’injection artificielle de valeurs monétaires fictives dans les circuits économiques – minerait la valeur de l’argent (et donc de nos salaires et des revenus de l’Etat) et aurait comme effet de démultiplier la dette publique. C’est un leurre réformiste, prôné par les dirigeants du parti parce qu’ils n’osent pas poser le fond du problème, qui est la propriété capitaliste.

Il est vrai que notre texte ne parle pas de la « révolution informationnelle ». L’internet permet de partager des connaissances, oui. Il permet de communiquer des idées communistes, mais aussi et surtout des idées fausses et réactionnaires. Je ne dis pas qu’internet « ne change rien », mais il ne modifie pas, contrairement à ce que prétendent les dirigeants du parti, les caractéristiques fondamentales de la lutte des classes et n’enlève rien à la nécessité d’une révolution, pas plus que l’invention de la radio et du téléphone dans le passé.

De même, si notre texte ne parle pas de la « transformation de la BCE », c’est que nous ne prétendons pas, nous, qu’une banque capitaliste comme la BCE puisse être « réformée » et transformée en un instrument de lutte contre le capitalisme. Quel capitaliste, quel Etat capitaliste, va travailler avec une banque qui milite contre ses intérêts fondamentaux ? C’est une idée absurde, comme celle, avancée par la même « section économique », qui veut réformer le FMI et l’OMC. Et pourquoi pas le Pentagone, tant qu’à faire ?

Enfin, notre texte ne dit rien qui ressemble à « décréter la fin du capitalisme ». Seulement, il dit que la fin du capitalisme doit être le but clairement énoncé du PCF, en expliquant que cela signifie concrètement « la suppression de la propriété capitaliste des banques, des organismes de crédit et des assurances, ainsi que des grandes entreprises de la production et de la distribution, et la réorganisation de la société sur des bases socialistes, où la maîtrise de l’économie et de l’administration publique sera entre les mains des travailleurs ».

Le camarade Cailloux nous demande : « pour faire quoi ? » Pas mal pour un membre dirigeant du Parti communiste ! Je ne sais pas quoi dire. Faut-il le convaincre que l’abolition du capitalisme et l’instauration d’une société socialiste seraient quelque chose de positif ?

Quant aux « solutions » qu’il nous présente à la fin, nous les avons analysées dans nos articles à maintes reprises. Les camarades qui veulent les lire les trouveront sur notre site (voir les liens ci-dessous). Je n’en mentionnerai qu’une seule : ce fameux projet de « sécurité de l’emploi et de la formation », qui prétend pouvoir abolir le chômage sous le capitalisme. Pourquoi dépenser des centaines de milliards d’euros – sommes dont l’Etat ne dispose pas – pour former de 3 à 5 millions de chômeurs ??? Là, la question est appropriée : pour quoi faire ? Les capitalistes vont-ils les embaucher, après ? Ne ferait-on pas mieux, si jamais des sommes aussi colossales étaient disponibles, de les dépenser en créant directement des emplois ? Exemple : les hôpitaux manquent de personnel. Il y a des infirmières etc. au chômage. L’Etat va donc former l’infirmière pour qu’elle fasse autre chose, plutôt que de l’embaucher ? Il en va de même pour tous les secteurs de l’économie.

Pour le congrès, c’est aux camarades de choisir entre les textes alternatifs et celui de la direction. Qu’ils essaient de les lire, de les comparer, et de voir lequel ils trouvent le plus convaincant.

Fraternellement,
GO


Sur le programme économique du PCF. Réponse à Gisèle Cailloux
Yves Dimicoli : pour combattre le capitalisme, il faut subventionner les capitalistes !
Les limites du réformisme « anti-libéral »

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