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Fin octobre, la presse régionale révélait que plus de 300 enfants vivaient dans la rue en Haute-Garonne. Le 20 novembre, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, le collectif de parents et d’enseignants « Jamais sans toit dans mon école », soutenu par les syndicats d’enseignants et les associations pour le droit au logement (DAL 31), a occupé deux établissements pour y abriter des enfants, leurs parents, et réclamer des solutions d’hébergement.

Ces occupations s’inscrivent dans une mobilisation appelée à l’échelle nationale par le collectif « Jamais Sans Toit ». Près d’une trentaine d’écoles ont été occupées : 9 à Lyon, 7 à Paris, 7 à Rennes, 2 à Grenoble, 2 à Neuville-sur-Saône, 1 à Vénissieux, 1 à Villeurbanne, 1 à Blois, 2 à Toulouse. En Ile-de-France, la mobilisation a permis la réquisition de 5 lycées vides et leur transformation en hébergements d’urgence.

Un problème national

D’après l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), 2822 enfants se sont retrouvés dans la rue en 2023, en France. Cela représentait une augmentation de plus de 20 % par rapport à 2022. Cette hausse est la conséquence directe d’une politique adoptée en mai 2023 qui consiste à expulser les occupants des centres d’hébergement d’urgence. En Haute-Garonne, 658 personnes ont ainsi été expulsées par la Préfecture depuis le mois de mai. Sans surprise, ce chiffre est très proche de celui des appels reçus par le 115 au retour de l’hiver : fin octobre, 168 familles totalisant 644 individus, dont 396 enfants, ont demandé un hébergement d’urgence. Des chiffres du même ordre sont enregistrés dans la plupart des grandes villes du pays.

Dans le même temps, 3 millions de logements restent vacants en France. Certains ont besoin de travaux, mais une bonne partie sont gardés en réserve à des fins spéculatives. Des centaines de milliers de logements sont immédiatement réquisitionnables. Le Centre d’Observation de la Société estime qu’en s’appuyant sur les logements immédiatement disponibles dans les grandes villes, on pourrait loger près de 600 000 personnes, soit le double des 300 000 sans-logis que compte notre pays.

La duplicité des autorités locales

Après l’occupation des deux écoles de Toulouse, la Préfecture de Haute-Garonne et la mairie de Toulouse ont passé des semaines à se renvoyer la balle, sans rien faire de concret. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (ex-LR), a même exigé que ces occupations soient réprimées. Le 21 novembre, il déclarait : « J’ai demandé que l’on fasse des constats d’huissier, de manière à enclencher des procédures d’expulsions car ces occupations sont totalement illégales. […] J’ai aussi demandé au recteur de l’académie d’enclencher des procédures disciplinaires à l’encontre des enseignants ayant une responsabilité dans les occupations. » Au passage, Moudenc imputait la responsabilité de ces occupations à des « collectifs qui sont très politisés, totalement instrumentalisés par la France insoumise ».

Bon prince, le maire de Toulouse expliquait aussi avoir demandé au Préfet la réquisition d’un immeuble appartenant à la collectivité et capable d’accueillir 100 personnes. Mais l’avantage des belles paroles, c’est qu’elles ne coûtent rien : à ce jour, aucune date n’a été communiquée pour la mise en place de cet accueil, qui serait d’ailleurs très insuffisant.

Il a fallu plusieurs semaines de mobilisation et l’occupation d’une troisième école pour que, le 12 décembre, la Préfecture propose enfin des solutions d’hébergement d’urgence. Comme le souligne le collectif toulousain, cette réaction vise avant tout à « éteindre les feux qui prennent ici où là et éviter que le mouvement s’étende ».

Par ailleurs, alors même qu’elle annonçait des hébergements pour les familles des écoles, la Préfecture autorisait l’expulsion d’une centaine de mineurs isolés qui occupaient un bâtiment désaffecté de l’Université Paul Sabatier. Sur un autre campus toulousain, celui de l’Université Jean Jaurès, c’est plusieurs dizaines de familles qui étaient chassées par la police d’un autre bâtiment désaffecté. La Préfecture reprend donc d’une main ce qu’elle donne de l’autre.

Pour une mobilisation de grande ampleur !

La duplicité des autorités démontre qu’on ne peut pas se contenter de faire appel aux pouvoirs publics. Si la Préfecture a fini par débloquer des solutions d’hébergement, ce n’est pas par bonté d’âme, mais uniquement grâce à la mobilisation continue du collectif, des associations et des syndicats.

Celle-ci ne va d’ailleurs pas s’arrêter là. Lors de la dernière semaine d’école avant les fêtes de fin d’année, trois autres établissements toulousains ont été occupés par le collectif, pour maintenir la pression sur la préfecture. Le collectif toulousain a d’ores et déjà annoncé que ces occupations allaient reprendre et se multiplier dès le 8 janvier.

C’est la voie à suivre : plutôt que de rappeler leurs « devoirs » aux services de l’Etat bourgeois, c’est au mouvement ouvrier, à commencer par les syndicats, de prendre cette question en main et d’organiser un vaste mouvement d’occupation des bâtiments et des logements vacants.

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